LE NOMBRE D’OFFRES D’EMPLOI CHUTE POUR LES JEUNES, DIPLÔMÉS A BAC+5.
Dans le contexte de la crise économique actuelle, l’Apec constate une nette baisse du nombre d’offres d’emploi qu’elle propose actuellement aux jeunes diplômés à bac+5[1].
« Pour le mois d’avril 2020, l’Apec constate une chute des offres d’emploi destinées aux jeunes diplômés : -69% (contre -62% pour l’ensemble des offres de cadres par rapport à avril 2019) ».
En avril 2020, l’Apec a collecté seulement 3 866 offres « ouvertes aux jeunes diplômés[2] », soit -69% par rapport à avril 2019.
Les principaux secteurs d’accès au premier emploi des jeunes diplômés sont eux-mêmes directement impactés : activités informatiques, ingénierie R&D et conseil et gestion des entreprises[3].
Cette baisse des offres d’emploi JD est proche à celle observée sur l’ensemble du marché de l’emploi cadre, comme sur celle de l’emploi en général.
« Les prévisions de recrutements cadres de 297 000 embauches en 2020, dont 50 000 recrutements pour les jeunes, que nous avions dévoilées en début d’année, ne se réaliseront pas.[4] » – Apec.
Les offres d’emploi collectée par l’Apec concernent des postes d’encadrement et, généralement, demandent des niveaux de formation à bac+5.
L’INSERTION PROFESSIONNELLE DES JEUNES DIPLÔMÉS EN 2019, ET A LA RENTRÉE POUR LES JD 2020, DEVRAIT ÊTRE DIFFICILE DANS DE NOMBREUX CAS.
Les jeunes diplômés en 2018 ont bénéficié, en moyenne, d’une bonne insertion professionnelle, selon l’enquête de l’Apec de janvier 2020[5].
La situation va être différente pour les jeunes diplômés en 2019 et pour ceux qui doivent l’être en 2020 en raison de l’incertitude sur les opportunités d’emploi.
« Les jeunes diplômé.e.s 2019 et 2020 pourraient rencontrer davantage de difficultés à s’insérer, notamment pour ceux dont la discipline de formation est traditionnellement la plus éloignée de l’emploi et souvent moins recherchée, par exemple dans les sciences humaines et sociales, les lettres, langues et arts ou les sciences fondamentales. » – Apec.
Beaucoup de jeunes, diplômés à bac+5 en 2019, ne sont pas encore en emploi stable (CDI ou CDD de plus de 6 mois). Ils vont être frappés par la vague de la récession économique et sociale pour poursuivre leur parcours d’insertion.
Les jeunes qui seront diplômés en 2020, après avoir validés leur diplôme dont la réalisation de leur stage de fin d’études (souvent interrompu !), risquent d’arriver en fin d’année sur un marché du travail dégradé, sauf dans quelques secteurs précis.
Sans vouloir faire de pronostics sur les recrutements de cadres, l’Apec estime que « les besoins structurels vont probablement perdurer ».
L’association souhaite « inciter les entreprises, une fois les conditions de la reprise d’activité atteintes, à ajuster leurs critères de recrutement, afin de ne pas écarter du marché de l’emploi les plus fragilisés, notamment les plus jeunes. »
Le risque, qui existe, est celui d’un déclassement d’une part significative des diplômés à bac+5 amenés à accepter des emplois inférieurs à leurs qualifications, faute d’opportunité, comme cela a été le cas en 2008 et 2009.
La situation antérieure à la crise n’était déjà pas parfaite, puisque l’enquête sur l’insertion professionnelle des JD 2018 de l’APEC précise que : « 21 % des sondés déclarent que leur emploi n’est pas en adéquation avec leurs aspirations et 1 jeune sur 5 estime occuper un ‘job alimentaire’. »
[1] Communiqué APEC- « Covid 19 et insertion professionnelle des jeunes diplômé.e.s » – 27 mai 2020 – https://bit.ly/2X9DQAl
[2] Les offres « ouvertes aux jeunes diplômés » sont des offres qui ne précisent pas une exigence d’expérience professionnelle, mais elles sont également ouvertes à des cadres expérimentés.
[3] Ces trois secteurs réunissent, à eux seuls, 55% des offres d’emploi proposées aux jeunes Bac+5.
[4] L’Apec atténue le tableau en jugeant que : « Pour autant, la nécessité toujours croissante d’innovation des entreprises va continuer d’ouvrir des opportunités pour les jeunes diplômés, notamment ceux issus de disciplines à fort contenu technologique ».
[5] Pour la promotion 2018, 85% des Bac+5 occupent un emploi 12 mois après l’obtention de leur diplôme et sont mieux rémunérés que leurs prédécesseurs (+6,5 % pour le salaire médian de la promotion 2018 vs 2017). 31% des jeunes diplômés en 2018 actuellement en poste ont un contrat de travail non pérenne (CDD ou contrat d’intérim) et 43% n’ont pas le statut de cadre. Enfin, 1 diplômé sur 5 interrogé qualifie son emploi actuel de « job alimentaire ».
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