
Les résultats de l’enquête « Activité et conditions d’emploi de la main d’œuvre – Covid » pour le mois d’avril, publiés le 20 mai par la Dares sont très intéressants. Cette enquête porte sur 38 000 établissements.
Il faut néanmoins noter que cette enquête ne concerne que des entreprises de 10 salariés ou plus[1]. Les TPE ne sont pas concernés, or elles ont eu un recours important au chômage partiel : commerce, artisanat, hôtellerie, restauration, etc.
LA POURSUITE DE L’ACTIVITÉ DES ENTREPRISES A ÉTÉ TRÈS VARIABLE.
La poursuite de l’activité des entreprises en avril 2020[2] a été variable :
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Activité arrêtée pour 12,2%.
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Activité diminuée pour 77,4%, dont fortement pour 35% (de moins de 50 %) ou très fortement (de 50 % ou plus) pour 32,4%.
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Activité inchangée ou en augmentation pour 20,4% ; inchangée pour 15,8% et en augmentation pour 4,8%.
LES EFFECTIFS DES ENTREPRISES AVAIENT PEU VARIES A FIN AVRIL
À fin avril, compte tenu de la crise sanitaire, les effectifs sont restés constants (hors intérimaires) dans 82,5% des entreprises. Ils ont même augmenté dans 4,4%. Ils ont diminué dans seulement 13,1% des entreprises.
Le mode de diminution des effectifs a été dans près de 60% des cas un non renouvellement de CDD. Dans 44%, l’annulation ou le report d’embauches prévues. Les licenciements de CDI ne représentent que 4,7% des cas et les ruptures transactionnelles 5,3%, soit 10% seulement de rupture de contrat de travail, dans le cadre de diminution des effectifs.
LE RECOURS AU CHÔMAGE PARTIEL A ÉTÉ MASSIF ET A BIEN JOUÉ SON RÔLE D’AMORTISSEUR.
63% des entreprises ont eu recours au chômage partiel dès avril. Par exemple, les trois quarts des entreprises de 10 à 19 salariés ont eu recours au chômage partiel (76,1%) tout comme les 20/49 salariés (74,8%).
Le recours au chômage partiel est justifié principalement : par la réduction des commandes (44%), des mesures de fermetures obligatoires (35,7%), une impossibilité à maintenir l’activité en assurant la sécurité des salariés (11,7%), etc.
Les impératifs de la sécurité sanitaire ont touché plus fortement la construction (40,1%), les activités immobilières (35,3%) et la fabrication de matériels de transports, c’est-à-dire l’industrie automobile, etc. (32,5%).
LE RECOURS A L’INTÉRIM A ÉTÉ TRÈS RÉDUIT.
Le recours à des prestataires ou à l’intérim a été conservé ou augmenté par 21,6% des entreprises. Il a été réduit pour 38,7%. 39,7% des entreprises n’y ont pas eu recours. L’effondrement des effectifs en intérim illustre ces chiffres.
UNE MOITIE DES SALARIES A POURSUIVI LE TRAVAIL, A TEMPS PLEIN OU PARTIEL.
En moyenne au cours de la semaine du 27 avril, la situation des salariés était globalement la suivante :
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Travail sur site ou sur chantiers : 31,6%,
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« Télétravail ou travail à distance[3]» : 24,9%,
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Chômage partiel complet : 21%,
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Arrêt maladie (y compris garde d’enfant(s) liée à la crise sanitaire) : 11,3%,
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Congés : 11%,
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Exercice du droit de retrait : 0,3%.
Cette répartition inclut les salariés au chômage partiel à temps partiel dans les salariés en emploi. Ce choix diminue la part relative des salariés à temps partiel (à temps complet ou non).
Le recours au droit de retrait apparait marginal dans les entreprises concernées à fin avril.
Cette répartition a évolué a priori à partir du 11 mai, mais il faudra attendre pour voir dans quelle mesure ?
Le nombre de salariés en chômage partiel a continué à augmenter (+300 000) après le 11 mai…
LES PERSPECTIVES DE REPRISE SE DESSINENT TRÈS PROGRESSIVEMENT
Selon l’enquête de la Dares, « Les perspectives des entreprises sont marquées par une forte incertitude et une grande hétérogénéité entre secteurs » :
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Des entreprises anticipent un retour à l’activité antérieure d’ici 3 mois, elles emploient 40% salariés,
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D’autres ne voient pas de retour à la « normale » dans ce délai, or elles emploient 33% des salariés et
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Enfin, des entreprises ne savent pas encore dater leur retour à l’activité antérieure : 27% des salariés.
Le déroulement de la crise de l’activité se dessine peu à peu. Mais au-delà du constat de la gravité de la crise, il semble difficile de prévoir l’ampleur précise des conséquences pour l’emploi, suite aux faillites ou aux réductions d’activités (PSE) pour les entreprises de 10 salariés et plus.
Le nombre des PSE déposé a atteint 402 demandes dans la semaine du 11 mai[4]. Cet indicateur de tendance progresse régulièrement !
LES ESTIMATIONS CONCERNANT LA MONTÉE DU CHÔMAGE SE SITUENT DANS UNE FOURCHETTE LARGE DE 600 000 A 3 MILLIONS DE PERSONNES.
[1] L’enquête couvre les établissements des entreprises de 10 salariés ou plus. Sont exclus du champ des effectifs salariés les intérimaires et les stagiaires. Tous les secteurs sont couverts, à l’exception des établissements d’activité principale et de catégories juridiques suivantes : l’agriculture (codes APE 01 à 03), les activités des ménages (codes APE 97 et 98), les activités extraterritoriales (code APE 99), et l‘administration publique et les organismes de sécurité sociale (code APE 84 ou catégorie juridique débutant par 7). L’enquête couvre au final 15 millions de salariés sur les 25 millions de l’ensemble de l’économie en France métropolitaine et les Dom (hors Mayotte), au 31/12/2016.
[2] Source : Dares, enquête Acemo Covid, mai 2020 – Champ : salariés du privé hors agriculture, particuliers employeurs et activités extraterritoriales ; France (hors Mayotte).
[3] Expression de la Dares.
[4] Dispositif de suivi des restructurations – Dares
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