Suite à la crise sanitaire, la Dares a fait un point sur les effectifs (hors intérimaires), à la date du 31 mai 2020[1].
LES EFFECTIFS SERAIENT RESTÉS GLOBALEMENT STABLE DANS LA MAJORITÉ DES ENTREPRISES
Pour 14,2% des salariés, leur entreprise a diminué ses effectifs. Ces diminutions ont eu lieu :
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Par, un non renouvellements de CDD ou une annulation ou un report d’embauches prévues (d’où des inscriptions à Pôle emploi en mars),
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De manière très marginale, par des licenciements de CDI ou des ruptures conventionnelles.
La réduction porte principalement sur des mesures prudentielles de la part des employeurs.
Pour 81,5% des salariés, leur entreprise a conservé ses effectifs.
Ces chiffres confirment la faible proportion de ruptures de contrats intervenus à fin mai grâce au recours au chômage partiel.
Ce chiffre explique également le calme social au mois de juin, même si les inquiétudes sont largement partagées par les salariés pour la période ultérieure (d’après les enquêtes menées en juin) et la rentrée de septembre.
Dans le cas d’une augmentation d’activité, 4,3% des salariés travaillent dans une entreprise dont les effectifs ont augmenté. Les solutions choisies ont été principalement un recours aux heures supplémentaires (58%[2] des entreprises), des recrutements en CDD (40%) ou en intérim (30%). Seuls 9% des recrutements ont porté sur des CDI.
MAIS 73% DES SALARIES ONT TRAVAILLÉ DANS UNE ENTREPRISE QUI A PRATIQUÉ LE CHÔMAGE PARTIEL
« En mai, 5% seulement des salariés étaient dans une entreprise dont l’activité s’était arrêtée, contre 12% en avril et 19% en mars. »
Au cours du mois de mai, 73% des salariés ont travaillé dans une entreprise, qui a mis des salariés en chômage partiel[3].
Dans plusieurs secteurs, ce taux a été dépassé, dont : hébergement et restauration : 96%, fabrication de matériels de transport : 95%, construction : 87%, transports et entreposage : 83%, autres activités de services : 83%, fabrication d’équipements électriques, électroniques, informatiques ; fabrication de machines : 83%…
Les principales raisons de recours au chômage partiel ont été :
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La fermeture obligatoire dans le cadre des restrictions de certaines activités (22%)[4],
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La réduction des débouchés et des commandes (38%) et
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L’impossibilité à maintenir l’activité en assurant la sécurité des salariés (7,1%).
71% DES SALARIES TRAVAILLAIENT A FIN MAI.
En moyenne au cours de la semaine du 25 mai, la majorité des salariés étaient en activité : travail sur site (48,4%) ou travail à domicile (22,5%)[5], soit 70,9%.
Une part de ces travailleurs étaient en activité à temps partiel ou en chômage partiel à temps partiel. Mais ce chiffre n’a pas été communiqué.
La ministre du Travail a affirmé que le chômage partiel avait concerné au mois de mai « moitié moins d’heures » qu’au mois d’avril. Même s’il aurait concerné 7,8 millions de salariés du secteur privé.
Ces chiffres sont provisoires, puisque les demandes d’indemnisation (DI), pour le mois de mai n’ont pas été encore toutes déposées[6]. Difficile dans ces conditions de mesurer le volume horaire du chômage en mai, sans parler de celui de juin.
29% DES SALARIÉS N’ÉTAIENT TOUJOURS PAS EN ACTIVITÉ A FIN MAI
13,4% étaient encore en chômage partiel à temps complet, 7,1% en arrêt maladie et 8,4% en congés. Le recours au droit de retrait est resté marginal à 0,2%, soit au total 29,1%.
La ministre du Travail a ainsi pu déclarer, en arrondissant les chiffres de la DARES :
« En mai, dans le secteur privé, un salarié sur deux est allé travailler sur son lieu de travail, un sur quatre (était) en télétravail, un quart en chômage partiel, en garde d’enfant ou en arrêt maladie. »
Elle a formulé son inquiétude de manière tout à fait explicite concernant les conséquences.
« Un quart de la force de production en moins, c’est beaucoup dans un pays, cela a contribué à la récession » (…) « ça devient vraiment dangereux pour l’emploi si ça ne reprend pas plus massivement ».
LE CHÔMAGE PARTIEL AURAIT CONCERNÉ 3 MILLIONS D’ÉQUIVALENT TEMPS PLEIN (ETP) EN MAI.
Le chômage partiel aurait réellement concerné 7,2 millions de salariés en mars, 8,7 millions en avril, et 7,8 millions en mai.
Pour le mois de mai, la Dares cite le chiffre (encore provisoire) de 449 millions d’heures de chômage partiel (soit 1,7 semaine par salarié en moyenne)[7].
Ce chiffre correspondrait à une dépense de l’ordre de 6,3 milliards d’euros pour mai[8].
La ministre du Travail a évoqué une dépense depuis mars de 17 milliards d’euros pour financer cette « activité partielle » depuis mars, sachant que 31 milliards d’euros ont été inscrits dans le dernier budget rectificatif en cours d’examen.
Ce montant reste à confirmer !
[1] Activité et conditions d’emploi pendant la crise sanitaire Covid en juin 2020 – Synthèse des résultats de l’enquête flash – 17.06.20 – https://dares.travail-emploi.gouv.fr/dares-etudes-et-statistiques/enquetes/article/activite-et-conditions-d-emploi-de-la-main-d-oeuvre-pendant-la-crise-sanitaire
[2] Au 31 mai 2020, 58% des salariés travaillent dans une entreprise qui a eu recours à des heures supplémentaires ou complémentaires.
[3] Source : Dares, enquête Acemo Covid, juin 2020 – Champ : salariés du privé hors agriculture, particuliers employeurs et activités extraterritoriales ; France (hors Mayotte).
[4] Proportion de fermeture obligatoire dans le cadre des restrictions de certaines activités
Fermeture obligatoire |
|
Hébergement et restauration |
74% |
Autres activités de services |
56% |
Commerce ; réparation d’automobiles et de motocycles |
24,5% |
Activités scientifiques et techniques ; services administratifs et de soutien |
25% |
Enseignement, santé humaine et action sociale |
25% |
[5] Répartition des salariés, selon différentes situations
Situation |
Ensemble |
Travail sur site ou sur chantiers |
48% |
Télétravail ou travail à distance |
22,5% |
Chômage partiel complet |
13% |
Arrêt maladie |
7% |
Congés |
8% |
Exercice du droit de retrait |
0,2% |
[6] Les chiffres restent difficilement prévisibles, dans la mesure ou les entreprises, qui ont fait une demande d’autorisation préalable (DAP) de chômage partiel (avec un volume d’heures) ont un an pour faire leur demande d’indemnisation.
[7] Cela équivaudrait à 3 millions de salariés travaillant à plein temps sur le mois, après 5,5 millions en avril et 2,2 millions en mars.
[8] L’estimation de l’Unédic est basée sur 14€ par l’heure.
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