Le gouvernement vient de repousser à une date ultérieure la présentation, prévue mardi 25 août, de son plan de relance économique d’un montant symbolique de 100 milliards d’euros (22/08/20).
La raison avancée est la priorité donnée aux mesures sanitaires.
L’OBLIGATION DU PORT DU MASQUE EN ENTREPRISE ET POUR LES ÉLÈVES DES COLLÈGES ET LYCÉES EST MIS EN AVANT.
Le porte-parole du gouvernement[1] a ainsi indiqué ce qui suit.
« Alors qu’entrera en vigueur dans dix jours l’obligation du port du masque en entreprise et pour les élèves des collèges et lycées, le gouvernement est pleinement mobilisé pour préparer cette échéance sanitaire.[2] »
La simple mise en œuvre de l’obligation du port du masque ressemble à un prétexte, puisque sans rapport avec l’annonce de mesures économiques, fiscales et sociales de moyen terme, qui se concrétiseront en 2021 et 2022.
Certes, il existe des incertitudes sur le développement de la propagation du virus en France et à l’international, où des mesures se multiplient, dont celles portant sur le contrôle de nombreuses frontières.
Le ministre de la Santé affirme qu’il faut « accorder la priorité au Covid avant la rentrée scolaire et la reprise du travail est nécessaire »[3].
Les chiffres démontrent une accélération de la transmission du virus en France à fin aout avec l’augmentation du nombre de patients en réanimation, etc. Ils peuvent conduire à un attentisme de l’exécutif en cette rentrée de septembre.
Un nouveau gel de l’activité économique, comme de mars à mai, ne semble pas envisagé par le gouvernement, d’où la recherche d’autres mesures dont le but est double : prévenir et rassurer.
ON PEUT SE DEMANDER SI LE PLAN DE RELANCE EST RÉELLEMENT BOUCLÉ.
Le porte-parole du gouvernement affirme que « le plan de relance est prêt, le calendrier prévu pour sa mise en œuvre est évidemment maintenu ».
Était-il besoin de le dire si c’était le cas ?
Certains affirment que l’on n’est « pas à une semaine près », comme le président du Medef[4].
D’autres pestent contre le retard d’annonce et de mise en oeuvre des mesures du Plan de relance, plan réclamé depuis trois mois !
Enfin, des doutes sur les difficultés du bouclage de ce plan s’expriment, car on devine que différents intervenants, dont les différentes organisations patronales des secteurs les plus concernés par la crise, se disputent encore les financements et les prêts gouvernementaux à venir.
L’ATTENTE PAR LES EMPLOYEURS ET LES SALARIES DE LA CONNAISSANCE DES MESURES PRÉCISES FREINE LA DYNAMIQUE DE REDRESSEMENT ÉCONOMIQUE.
Différentes situations apparaissent en fonction de la durée de la crise. Elles impactent diversement l’emploi.
Certains secteurs économiques ont repris leur activité depuis juin, avec un ralentissement lié au marché national et international (forte baisse des exportations). Les conséquences vont dépendre de l’importance de la baisse d’activité, 10%, 20% ou davantage sur l’année 2020. La baisse du PIB a été au deuxième trimestre de -13,8%. C’est le cas du Bâtiment après une interruption d’activité partielle ou totale de deux à trois mois.
D’autres secteurs professionnels vont mettre une part de leurs activités en suspens (automobile, aéronautique, etc.), pour un ou deux ans, en ayant recours au dispositif d’Activité partielle de longue durée (APLD) dans la limite d’une diminution de 40% du temps de travail.
Enfin, des secteurs apparaissent durablement sinistrés. Leurs effectifs salariés ont déjà été réduits (CDD et intérim) et leur décrue va se poursuivre pour l’hébergement-restauration, les arts ou le spectacle. Rien n’assure en effet une reprise de leurs activités au niveau de 2019.
L’État ne devrait pas pouvoir les soutenir plus longtemps, faute d’amélioration de la situation sanitaire.
LA POLITIQUE DE RECONVERSION DES SALARIES CONCERNÉS PAR LA RÉDUCTION DURABLE DE LEUR SECTEUR PROFESSIONNELS NE VA PAS DE SOI.
La politique de reconversion des salariés concernés par la réduction durable de leur secteur professionnels ne va pas de soi d’autant que les « secteurs en tension » sont peu nombreux (mythe de la communication gouvernementale) et souvent très qualifiés.
Le recours à la formation professionnelle, avancé par le ministère du Travail, mérite un débat de fond au niveau :
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Des bénéficiaires : salariés en poste et pas seulement jeunes non qualifiés et chômeurs,
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Du ciblage des contenus (métiers et compétences demandées et/ou nouvelles) et
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Des financements ; les financements évoqués semblent insuffisants.
Des formations courtes et ponctuelles peuvent être utiles (ou non), mais elles ne suffiront pas.
[1] Dans un communiqué, le porte-parole du gouvernement justifie cette décision par le souhait du chef de l’État, Emmanuel Macron, et du Premier ministre, Jean Castex, que le gouvernement se concentre pleinement d’ici là sur les questions sanitaires liées notamment à la rentrée des classes et au port du masque obligatoire dans les entreprises.
[2] « Alors qu’entrera en vigueur dans dix jours l’obligation du port du masque en entreprise et pour les élèves des collèges et lycées, le gouvernement est pleinement mobilisé pour préparer cette échéance sanitaire » – communiqué du porte-parole du gouvernement.
[3] Les ministres concernés ont reçu pour consigne de « poursuivre les rencontres engagées avec leurs secteurs respectifs pour les accompagner et garantir avec eux la bonne application » des nouvelles mesures sanitaires.
[4] « Pour le plan de relance, on peut attendre une semaine, l’important c’est son contenu. » MEDEF
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