La ministre du Travail a présenté les grandes lignes du projet de loi de finances pour 2021[1], qui reprend les annonces déjà commues. Le ministère cherche naturellement à préserver les emplois, accompagner les citoyens dans la formation, et les chômeurs dans leur reprise d’activité.
LE BUDGET 2021 SE REPARTIT ENTRE LA MISSION « TRAVAIL ET EMPLOI » ET UNE PART DU PLAN DE RELANCE.
L’éclatement du budget en plusieurs missions, budget ordinaire plus Plan de relance séparées nuit un peu à sa lisibilité[2].
Le budget ordinaire du ministère du Travail et de l’Emploi va augmenter de 3%, par rapport à 2020, pour se situer à 13,2 milliards d’euros en 2021.
Sur les 400 millions supplémentaires, Pôle emploi devrait bénéficier d’une enveloppe exceptionnelle de 250 millions d’euros, pour renforcer ses effectifs, comme prévu. Les Missions locales pourraient piocher dans une enveloppe de 100 millions (+27%) en fonction de leurs résultats (dont un objectif de 50 000 places en Garantie jeunes). Le budget mobilisable pour financer les employeurs recrutant pour l’embauche de résidents dans les quartiers prioritaires de la ville en « emplois francs » est augmenté.
Vient s’y ajouter une enveloppe exceptionnelle sur la ligne budgétaire du sein du Plan de relance. C’est-à-dire des dispositifs temporaires 2021-2022.
- Le chômage partiel en 2021 dispose de 7,6 milliards d’euros (contre 34 milliards prévus pour 2020). Sur ces 7,6 milliards d’euros, 2,2 seront pris en charge par l’Unédic[3].
Ce chiffre reste une prévision selon les circonstances sanitaires et économiques, mais dès à présent la poursuite du chômage partiel massif au premier semestre 2021 est acquis (loi d’urgence sanitaire adoptée).
- Le plan « un jeune, une solution » disposerait de 3,6 milliards d’euros mobilisables sur 2021 (sur un total théorique de 5,7 Md€) avec les primes, des contrats aidés, des services civiques, etc. La réalisation effective de ce plan reste à assurer, quand on voit que même les objectifs 2020 ne devraient pas être atteints.
LES CHIFFRES 2020 NE TRADUISENT PAS ENCORE LA RÉALITÉ DE L’IMPACT DE LA RÉCESSION SUR L’EMPLOI.
Sur 2020, 100 000 demandes de primes à l’embauche de jeunes en emploi ou en alternance auraient été enregistrées.
Les chiffres cités par la ministre portant sur le troisième trimestre 2020 ne suffisent pas à juger la réalité de la situation en mouvement rapide. Celle-ci apparaitra en février ou mars 2021 comme le bilan des effets sur l’emploi des décisions politiques du gouvernement un an après le début de la crise.
LA PRÉSENTATION S’INSCRIT DANS UNE COMMUNICATION POLITIQUE GLOBALE
La ministre du Travail qualifie le budget 2021 de « réponse massive » et de « bouclier anti-licenciements », (…) « pour sauver et développer les emplois », « réarmer les entreprises pour qu’elles soient compétitives ». Elle a concentré sa présentation sur les actions à destination des jeunes : « On ne souhaite pas que ce soit une génération sacrifiée ».
La ministre a malgré tout précisé qu’elle n’était pas « en train de dire que la situation de l’emploi est formidable » !
[1] La ministre du Travail et de l’Emploi a présenté devant le Sénat les grandes lignes du projet de loi de finances pour 2021, en insistant sur l’accompagnement des jeunes, notamment via les primes à l’embauche. La ministre était auditionnée ce 18 novembre par la commission des affaires sociales, dans le cadre de ses travaux préparatoires sur le projet de loi de finances (PLF) pour 2021 qui arrive en discussion au Sénat.
[2] Les sénateurs sont nombreux à redouter que le plan de relance rate sa cible, à cause d’un manque de simplicité et l’empilement de nouveaux dispositifs.
[3] « À l’image de la dette de l’Assurance maladie transférée vers une caisse d’amortissement, la ministre n’a pas exclu d’isoler le produit de la dette causée par la Covid-19 pour l’Unédic, afin de ne pas la pénaliser pour des causes exogènes ou des décisions gouvernementales de gestion de crise. »
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