L’ÉTAT VA APPORTER UN SOUTIEN A DES INVESTISSEMENTS INDUSTRIELS DANS DES SECTEURS STRATÉGIQUES
L’appel à projets (AAP), lancé par l’opérateur Bpifrance, concerne un soutien à « l’investissement dans des secteurs industriels stratégiques pour la résilience de notre économie »[1] ; il va se terminer le 17 novembre.
Il vise officiellement à « réduire notre dépendance industrielle et technologique extra-européenne[2] ».
Ce fonds de soutien à l’investissement industriel a été mis en place par le gouvernement pour cibler les PME/TPE dans les domaines de :
- La santé pour permettre la production de produits de santé jugés prioritaires[3].
- L’agroalimentaire pour assurer la souveraineté alimentaire et l’autonomie de la France et de l’UE[4].
- L’électronique pour diminuer la dépendance de la fabrication électronique française et européenne vis-à-vis des pays tiers, et aussi développer les « filières d’avenir ».
- Tous les secteurs fournissant des intrants[5] essentiels de l’industrie[6] pour favoriser les investissements visant la production des produits « amont » de l’industrie.
Les projets d’investissement peuvent concerner la création de nouvelles unités de production, dont des relocalisations d’activités industrielles pour assurer les approvisionnements. Il est également question :
- De modernisation industrielle des sites de production,
- De transformation numérique,
- D’amélioration de la performance environnementale des procédés de production,
- De consolidation de la filière.
UN MILLIARD D’EUROS SUR LES 100 MILLIARDS DU PLAN DE RELANCE DEVRAIT ÊTRE CONSACRE A CES PROJETS.
Le financement de l’État prendra la forme de subventions exceptionnelles[7] ; il portera sur la période de crise.
Le plan de relance contient d’autres mesures en faveur des entreprises industrielles comme la baisse des taxes sur la production ou la possibilité de bénéficier de plans d’activité partielle de longue durée (APLD). Mais il s’agit davantage de mesures de sauvegarde des activités industrielles.
LA PERSPECTIVE PRINCIPALE SEMBLE LIMITÉE AU MAINTIEN DES EMPLOIS.
La Fabrique de l’Industrie[8], un laboratoire d’idées para patronal, reste très prudente sur les perspectives de création d’emplois induites par ces investissements. En particulier, elle doute de l’effet d’éventuelles relocalisations industrielles sur la création de nouveaux emplois.
« La Direction générale des entreprises a recensé 98 cas seulement entre mai 2014 et septembre 2018. Ces relocalisations, souvent le fait d’activités automatisables, génèrent par conséquent peu d’emplois directs. »[9]
La Fabrique défend l’idée que « Travailler à la localisation plutôt qu’à la re-localisation offre une perspective plus prometteuse ».
L’objectif apparait principalement de « maintenir l’emploi » sur les territoires.
Le maintien de la localisation de la production en France tiendrait aux compétences de la main d’œuvre et à la qualité de la formation, ainsi qu’à l’efficacité de l’écosystème local. Il serait question pour les entreprises d’avoir « la possibilité d’accéder à une expertise spécifique, à des capacités de R&D ou à un savoir-faire »[10].
[1] https://www.entreprises.gouv.fr/fr/aap/aap-soutien-l-investissement-des-secteurs-strategiques
[2] Objectif : En ce sens, l’appel à projets de « soutien à l’investissement dans des secteurs stratégiques pour la résilience de notre économie » doit permettre de sélectionner les meilleurs projets d’investissements favorisant l’autonomie et la résilience des filières industrielles françaises.
[3] Production de produits de santé jugés prioritaires comme les médicaments, dispositifs médicaux (DM), diagnostic in vitro (DMDIV), composants stratégiques, y compris ceux liés à la Covid-19).
[4] Diversifier les approvisionnements, soutenir la création, le maintien ou le redéploiement de capacités de production permettant d’assurer la souveraineté alimentaire et l’autonomie de la France et de l’UE.
[5] Un intrant est un élément entrant dans un processus de production. Il s’agit dans l’industrie, de matières premières et de force de travail.
[6] Chimie, métaux et matières premières.
[7] L’aide pourra aller jusqu’à 80% pour les dépenses inférieures ou égales à un million d’euros. Au-delà de cette somme, l’aide dépendra de la nature des dépenses.
[8] https://www.la-fabrique.fr/fr/espace-presse/communiques-de-presse/
[9] « Relocaliser ne suffira pas à réindustrialiser » – La Fabrique – 08/09/2020
« Selon les définitions retenues et les périodes étudiées, les délocalisations ont pu représenter entre 9 000 et 27 000 emplois industriels perdus par an. Soit au plus un dixième des 260 000 emplois détruits dans l’industrie en 2019 (environ 8 % des emplois sont détruits et recréés chaque année, dans tous les pays). La désindustrialisation d’un pays comme la France a donc d’autres causes, bien plus importantes, que les délocalisations. »
« Relocaliser des activités dans des filières dites « stratégiques » ne sera donc qu’un moyen parmi d’autres de pallier notre perte d’indépendance économique. Ce mouvement doit s’inscrire dans une réflexion plus large sur la résilience des filières stratégiques, incluant la constitution de stocks, la diversification des chaînes d’approvisionnement et la régionalisation des chaînes de valeur. »
[10] « Si 8% des entreprises industrielles pensent relocaliser dans les trois ans, 60% envisagent créer des emplois en France » – La Fabrique – 22/10/2020 – Enquête menée auprès d’un échantillon représentatif de 500 dirigeants d’entreprises industrielles françaises, du 21 au 30 septembre 2020.
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