La renaissance du Haut-commissariat au plan répond à la nécessité d’apporter des réponses aux déficiences constatés lors du premier confinement, mais aussi, sur un second plan, de tenter de résoudre un problème d’équilibre politique au sein de la majorité présidentielles.
Le projet est de redéfinir à moyen ou long terme des priorités industrielles et d’encourager un développement nouveau.
Le lien entre ce développement du secteur industriel et celui des emplois (voire le plein emploi) est clairement exprimé.
Au-delà des doutes légitimes que l’on peut avoir sur la réalité et le sérieux de la démarche engagée (opportunisme ou calcul politique), il convient de profiter de l’affichage de constats bien connus de tous, mais volontairement occultés ou oubliés.
Ainsi, le haut-commissaire au Plan déclare que l’action politique doit se concentrer autour deux priorités : la sécurité sanitaire et la renaissance de l’économie et des emplois. Sur ce second point, le haut-commissaire au Plan ambitionne de « lancer la reconquête de l’appareil productif français ».
Difficile d’être contre cette idée, même si on attend encore un début de concrétisation.
LE PRINCIPE D’UNE RELANCE DE L’INDUSTRIE EST PROPOSÉE.
Les domaines concernés de manière prioritaires seraient la pharmacie, la chimie, l’agriculture et l’électronique. Le haut-commissaire a déclaré qu’« il nous faut un plan national de mobilisation pour garantir les produits vitaux ». Les éléments considérés comme vitaux sont :
« Les médicaments, un certain nombre de composants électroniques, des intrants pour l’agriculture, les matières premières concernant le nucléaire ou le secteur de la fibre optique, les hormones dans le domaine pharmaceutique. »
S’y ajoutent les produits et filières stratégiques qui méritent protection et soutien.
Par exemple, tout ce qui touche les secteurs de l’eau, de la cybersécurité des entreprises, des télécommunications, de l’agroalimentaire, des produits pharmaceutiques.
Cette stratégie nationale nécessite de répondre à plusieurs questions simples :
« Quel est l’essentiel en cas de crise ? Peut-on constituer un stock suffisant ? Peut-on s’organiser afin d’avoir plusieurs fournisseurs et ne pas dépendre d’un seul ? Peut-on relocaliser ces productions chez nous, ou en tout cas en Europe ? »
UN ÉTAT STRATÈGE MOBILISANT DES INDUSTRIELS APPARAIT NÉCESSAIRE. CAR IL FAUT AVOIR LE MEILLEUR APPAREIL DE PRODUCTION POUR APPROCHER DU PLEIN-EMPLOI.
On évoque un État stratège mobilisant des industriels, pour que ceux-ci soient les acteurs d’initiatives soutenues dans des domaines précis. Les conditions financières sembleraient favorables.
La crise économique, issue des mesures induites par la crise sanitaire, a mis au premier plan des pénuries graves.
La question des conséquences des délocalisations industrielles a été relancée. Des experts du secteur industriel doutent de la possibilité réelle des relocalisations d’activités perdues, en dehors de dossiers ponctuels.
Cela n’empêche pas de penser que cela reste un objectif, en quelque sorte forcé, comme l’explique le haut-commissaire avec une franchise :
« Des centaines de milliards ont été dépensés pour soutenir les entreprises et les foyers. Mais tout le monde a compris qu’on ne peut pas soutenir financièrement un modèle social si généreux si on n’a pas l’appareil de production qui permet de le financer par les impôts, taxes et cotisations. »
« Il faut avoir le meilleur appareil de production pour approcher du plein-emploi. Et c’est désormais à nous de le reconstruire. »
DES MESURES CONCRÈTES RESTENT ATTENDUES.
JDD – 19/12/20 – Entretien avec François Bayrou, président du MoDem et haut-commissaire au Plan.
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