LE CHÔMAGE NUIT A LA SANTÉ
Des chercheurs d’emploi renoncent aux soins les plus important plus fréquemment que les actifs en emploi[1].
« Une période de chômage peut provoquer une dégradation de la santé physique et psychique et installer, en l’absence de soins, la personne dans un chômage de longue durée. Il est aussi établi qu’une situation de santé dégradée augmente le risque de chômage et d’éloignement du marché du travail. »
Solidarités nouvelles face au chômage (SNC)[2] a eu l’occasion de détailler ce sujet dans son rapport intitulé « La santé des chercheurs d’emploi, un enjeu de santé publique » (2018)[3].
Le sujet fait débat, comme l’illustre, par exemple, cet extrait d’un article récent[4] :
« Les chiffres ne laissent aucun doute : les chômeurs sont en plus mauvaise santé que les actifs en emploi. Le fait d’être au chômage est associé à un risque plus élevé d’avoir des problèmes de santé physique (plus de cancers et d’accidents cardiovasculaires), mentale (stress, anxiété, dépression, jusqu’au suicide) et de développer des comportements à risques (consommation abusive de tabac, alcool et autres drogues). Mais si la corrélation est avérée, la causalité fait débat. Est-ce le chômage qui rend malade, ou la maladie qui fait perdre son emploi ? »
LA CNAM ET POLE EMPLOI VIENNENT DE SIGNER UNE CONVENTION
Cette convention[5] confirme les collaborations locales déjà existantes[6] et se fixe désormais de coconstruire une stratégie au niveau national[7].
Elle implique un travail conjoint :
- Pour les demandeurs d’emploi, en levant les freins au retour à l’emploi dus à une santé dégradée (en améliorant l’accès aux droits, aux soins et à la santé),
- Pour les bénéficiaires de l’assurance maladie en risque de désinsertion professionnelle en raison de problèmes de santé, en les orientant précocement vers Pôle emploi ;
Concrètement, un agent de Pôle emploi[8] devrait pouvoir renseigner, accompagner et/ou orienter un demandeur d’emploi faisant état de problèmes de santé sur ses droits[9] et des freins à sa recherche et sa reprise d’un emploi. Un collaborateur de l’Assurance Maladie devrait pouvoir renseigner, accompagner et/ou orienter un assuré faisant face à une problématique relevant de Pôle emploi[10].
Les compétences pour y parvenir restent à confirmer. La signature de cette convention entre Pôle emploi et la CNAM (Caisse nationale de l’assurance maladie) apparait comme une bonne chose[11]. Reste à mesurer la concrétisation effective de ces engagements sur le terrain. Les problèmes de santé des chômeurs, à prendre en compte, sont le plus souvent complexes. La prudence demeure donc de mise quant à cet enjeu particulier.
« SNC reste vigilante quant à la mise en œuvre de cette collaboration renforcée et continue son travail de sensibilisation des pouvoirs publics sur les liens entre santé et chômage. » – SNC
LE CONTEXTE EXCEPTIONNEL DE LA CRISE SANITAIRE RENFORCE ENCORE L’IMPORTANCE DE LA PRISE EN COMPTE DES PROBLÈMES DE SANTÉ DES CHÔMEURS.
« Dans le contexte de crises sanitaire et sociale de 2020, il est primordial de poursuivre les efforts pour mieux prendre en compte les conséquences du chômage sur la santé.[12] » – SNC
Aux problèmes de santé courants, les mesures prises pour faire face à la crise sanitaire (confinements successifs, limitation des relations sociales et de loisirs, freins aux déplacements, etc.) ont conduit à l’isolement des chômeurs. En découle des situations exceptionnelles de tension pour de nombreuses personnes en recherche d’emploi qui débouchent sur divers problèmes d’ordre psychologique, bien identifiés par les professionnels (et traités dans de nombreux articles parus ces derniers mois).
[1] « Un lien entre emploi et santé a pu être observé dans une étude auprès des assurés de l’Assurance Maladie révélant que l’absence d’activité professionnelle accroit la probabilité de renoncer aux soins. » – Communiqué de Pôle emploi.
[2] Solidarités nouvelles face au chômage (SNC) : 4 000 chercheurs d’emploi accompagnés par an – 62% de reprise d’activité – 2 500 bénévoles.
[3] L’association SNC appelait à « la mise en place d’un « écosystème » soutenant et durable afin d’améliorer la prise en charge de la santé des personnes au chômage ».
[4] « Chômage et santé, des liens à démêler » – Alternatives économiques – Gaétane Poissonnier – 02/10/2020
[5] Signature d’une convention entre l’Assurance Maladie et Pôle emploi pour améliorer l’inclusion et la santé des plus fragiles – 07/12/2020 https://www.pole-emploi.org/accueil/communiques/signature-dune-convention-entre-lassurance-maladie-et-pole-emploi-pour-ameliorer-linclusion-et-la-sante-des-plus-fragiles.html?type=article
[6] « L’Assurance Maladie et Pôle emploi développent, depuis 2013, au niveau local et dans certaines caisses expérimentales, des collaborations qui se traduisent notamment par des actions d’accompagnement des demandeurs d’emploi pour l’accès aux droits et aux soins, et de la prévention de la désinsertion professionnelle. »
[7] « Elle a comme principal objectif l’amélioration du service rendu au public, grâce à une meilleure connaissance des modalités d’accompagnement offertes par chacun des deux acteurs aux assurés demandeurs d’emploi. »
[8] « Cette convention répond à de réels besoins opérationnels et permettra à nos conseillers d’orienter les demandeurs d’emploi qui en ont le plus besoin vers les services de l’Assurance Maladie et tout particulièrement les Missions d’accompagnement santé afin de lever les freins à l’emploi liés à la santé. » – Le Directeur Général de Pôle emploi
[9] Droits auxquels le demandeur d’emploi peut prétendre, absence de complémentaire santé, renoncement aux soins, etc.
[10] C’est-à-dire des questions sur les allocations chômage, les aides financières, l’appui à la reconversion professionnelle, etc.
[11] Santé et chômage : SNC salue la signature de la convention entre Pôle emploi et la Caisse nationale de l’assurance maladie. -Communiqué de presse – 9 décembre 2020
[12] « Notre action prend notamment la forme de partenariats avec le Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) et l’Institut de psychodynamique du travail concernant des projets de recherche-action actuellement en cours, ainsi que de coopérations actives entre le réseau des psychologues SNC et ceux du service public de l’emploi. » – SNC
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