L’Apec vient de publier une synthèse prospective sur les enjeux de l’emploi cadre en 2021[1]. Ses travaux sont toujours d’une excellente qualité[2].
LE NOMBRE DES OFFRES D’EMPLOI CADRES A DIMINUE DE 29% EN 2020.
L’APEC publie des données permettant de constater l’évolution entre 2019 et 2020 du nombre d’offres d’emploi cadre, publiées sur le site apec.fr par trimestre[3].
L’APEC ne cite pas, dans ce document, le nombre des recrutements cadres effectivement réalisés en 2020, pour les comparer aux chiffres des années précédentes.
Cet indicateur est intéressant. Il permet de voir que le nombre d’offres publiées a baissé de de 29,4% en 2020, avec un passage à -50% au second trimestre (premier confinement) et un relatif rattrapage sur le second semestre.
L’effet du second confinement a été plus réduit que celui du premier.
« La situation a été plus différenciée selon les secteurs, avec des effets plus mesurés sur la construction, l’industrie mais aussi sur les principaux moteurs de l’emploi cadre que sont les services à forte valeur ajoutée (ingénierie, informatique, conseil, banque, assurance). » – Apec.
Mais le nombre des offres est resté néanmoins à -17% par rapport au quatrième trimestre 2019. Seules 10% des entreprises ont recruté des cadres au dernier trimestre 2020.
Les métiers de la santé et du social font figure d’exception avec une hausse du nombre d’offres d’emploi publiées sur l’année 2020 (+ 8 %). Tous les autres secteurs ont tous été touchés, dont les secteurs porteurs pour l’emploi cadres, comme les métiers des études-R&D (- 35%) ou de l’informatique (- 33%).
EN 2021, LES RECRUTEMENTS DE CADRES DEVRAIENT RESTER LIMITES, MAIS DIFFICILES SUR CERTAINS PROFILS.
« L’année 2021 débute sous le signe d’une crise sanitaire toujours aigüe, d’une économie « sous perfusion » pour amortir le choc, et de beaucoup d’incertitudes… » – Le directeur général de l’Apec.
Le diagnostic général de l’Apec rejoint celui portant sur l’ensemble des salariés :
« En 2021, les intentions de recrutement de cadres sont toujours limitées, traduisant la difficulté des entreprises à anticiper dans un contexte sanitaire chargé d’incertitudes » (Apec).
Les recrutements devraient être moins nombreux que les années passées. Mais des difficultés de recrutement devraient néanmoins perdurer sur certains secteurs et/ou fonctions[4].
Le baromètre Apec des intentions de recrutement et de mobilité des cadres[5] indique que les intentions de recrutement pour le 1er trimestre 2021 demeurent « mesurées ».
« 11% des entreprises prévoient de recruter des cadres au 1er trimestre 2021, soit nettement moins qu’un an plus tôt (chute de 60% à 41% pour les entreprises de 100 salariés et plus). »
Parmi les recrutements de cadres envisagés au 1er trimestre par les entreprises les tendances sont les suivantes :
- 61% concerneraient des créations de poste et 39% viseraient des remplacements.
- Deux tiers de ces recrutements concerneraient : l’informatique (20%), le commercial (17%), les études et R&D (16%) et la production industrielle, travaux et chantiers (14%).
LE PARADOXE RÉSIDE DANS LE FAIT QUE LES DEUX TIERS DES ENTREPRISES QUI PROJETTENT DE RECRUTER ANTICIPENT DES DIFFICULTÉS.
Selon les entreprises, les principales difficultés viennent
- du faible nombre de candidatures ou de profils disponibles,
- de l’identification des candidats possédant les compétences recherchées ou
- du décalage entre les candidatures reçues et les profils recherchés.
Ces difficultés tiennent en fait aux profils recherchés, souvent expérimentés[6] et souvent en poste, dans un contexte peu favorable à la mobilité des cadres.
L’ATTENTISME DOMINE PARMI LES CADRES.
La part des cadres, inquiet d’une perte d’emploi dans le contexte actuel, a progressé, en particulier chez les seniors.
Les projets de mobilité à court terme sont moins nombreux.
« Les cadres se sentent de plus en plus menacés par le risque de licenciement (24%, +5 pts en 3 mois). Ils considèrent majoritairement que changer d’entreprise actuellement est plus un risque qu’une opportunité (57 %). Seuls 12% des cadres en poste envisagent de changer d’entreprise au 1er trimestre 2021. » Apec.
L’Apec conclut son enquête en précisant :
« Au-delà du 1er trimestre 2021, aucune tendance nette ne se dégage à ce jour concernant les recrutements de cadres en 2021. » – Apec.
[1] APEC – 5 enjeux pour l’emploi cadre en 2021 – 03 février 2021 – https://corporate.apec.fr/home/nos-etudes/toutes-nos-etudes/5-enjeux-pour-lemploi-cadre-en-2.html
[2] Pour l’APEC, les cinq enjeux pour l’emploi cadre en 2021 sont : Le devenir des emplois et la baisse des embauches. La persistance des tensions dans le recrutement. Une accélération des transitions professionnelles ? L’aspiration à une meilleure qualité de vie. La transformation des pratiques managériales.
[3] Nombre d’offres d’emploi cadre, publiées sur le site apec.fr par trimestre en 2019 et 2020
T1 | T2 | T3 | T4 | Total | |
2019 | 152 000 | 139 200 | 118 000 | 117 300 | 526 500 |
2020 | 122 400 | 69 600 | 82 400 | 97 500 | 371 900 |
Evolution | -29 600 | -69 600 | -35 600 | -19 800 | -154 600 |
En % | -19,5% | -50,0% | -30,2% | -16,9% | -29,4% |
[4] « Les recrutements de cadres devraient rester moins nombreux qu’avant la crise, réduisant ainsi une partie de la tension spécifique à ce marché. Mais la tension est multidimensionnelle, ce qui explique que des difficultés de recrutement structurelles devraient se maintenir alors que d’autres pourraient émerger. » Apec.
Les perspectives restent très moyennes : « L’ampleur du ralentissement des embauches et même des réductions d’effectifs, comme leurs impacts sur les cadres de tous âges et sur les compétences disponibles dans les entreprises seront structurants pour 2021. » Apec.
[5] Cette publication de l’Apec repose sur deux enquêtes menées en décembre 2020 : une enquête en ligne auprès d’un échantillon de 2 000 cadres et une enquête téléphonique auprès d’un échantillon de 1 000 entreprises (uniques et sièges). En complément, la publication s’appuie sur une troisième source de données : l’exhaustivité des postes cadres publiés sur apec.fr au cours des périodes janvier-décembre 2020 et janvier-décembre 2019.
[6] Les profils sont ceux « disposant d’une expérience de 1 à 5 ans (58 %) ou de 6 à 10 ans (52 %) ». « 28% envisagent le recrutement d’un jeune diplômé, contre 25 % pour le 4e trimestre 2020 ». Apec.
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