LES DÉCISIONS PRISES VONT ALIMENTER LA CRISE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE
La décision de fermer les établissements scolaires et les commerces « non essentiels » pour quatre semaines à partir du 4 avril et la limitation des déplacements, dans toute la France, va alimenter la crise économique et l’impact sur le marché du travail.
Il ne s’agit pas de discuter, dans ce billet, du bien-fondé de ces choix sur le plan de la politique de santé, ni de leur enchainement, ni de la pénurie des moyens, mais de tenter de mesurer l’impact économique et social de ceux-ci.
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Le nombre de commerces fermés devrait passer de 90 000 à 150 000. Les employeurs mettront leurs salariés en chômage partiel à 100%, dans la majeure partie des cas.
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La fermeture des crèches, des écoles et des collèges, pour une durée de trois semaines au minimum, va imposer le chômage partiel à un grand nombre de salariés pour la garde de leurs enfants. C’est-à-dire retirer du marché des salariés. Sans compter, le frein au télétravail en présence des enfants et au besoin des enseignements en ligne.
Le coût total du soutien aux entreprises (fonds de solidarité, chômage partiel, exonérations de cotisations sociales et prêts garantis) est estimé, par le ministère de l’Économie, à 11 milliards d’euros par mois.
Cette estimation comprend le soutien aux entreprises qui restent ouvertes, mais dont les activités sont fortement réduites par les mesures prises.
UN DISPOSITIF DE « PRISE EN CHARGE DES COUTS FIXES » DEVIENT OPÉRATIONNEL
Les dispositifs de soutien aux entreprises se multiplient.
« Le dispositif vise à prendre en charge les coûts fixes des entreprises qui ne sont pas couverts par leurs recettes, leurs assurances ou les aides publiques.[1] »
Le dispositif est ouvert aux entreprises faisant l’objet d’une interdiction d’accueil du public ou appartenant aux secteurs du « plan tourisme » ; qui réalisent plus de 12 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. Et justifient une perte d’au moins 50 % de chiffre d’affaires et ont été éligibles au fonds de solidarité en janvier ou février 2021.
Il cible aussi certaines petites entreprises ont des coûts fixes plus élevés et que la moyenne et insuffisamment couverts par le fonds de solidarité (voir liste[2]).
D’autres pistes sont envisagées comme de donner aux commerçants l’autorisation de liquider leurs stocks, hors période de soldes, et d’apporter des compensations financières pour les stocks invendus.
L’IMPACT SUR LA CROISSANCE DE LA FRANCE A ÉTÉ CLAIREMENT RECONNU PAR LE GOUVERNEMENT.
« Ces nouvelles mesures auront inévitablement des conséquences sociales et économiques. Je sais la difficulté dans laquelle sont nos entreprises, fermées ou contraintes de fonctionner au ralenti, et ce depuis de longs mois » – Le Premier ministre, intervention au Sénat du 1er avril 2021[3]
Cette situation de restriction d’activité risque de se prolonger et sa durée demeure tout à fait indéterminée.
L’impact devrait probablement se situer entre en deçà du premier confinement[4] et au-dessus de celui du second.
La croissance du PIB (par rapport à 2020) avait été prévue par le gouvernement à +6%, elle ne parait plus pouvoir être tenue aujourd’hui.
LA SAUVEGARDE DES EMPLOIS EXISTANTS EST ASSURÉE, DANS L’IMMÉDIAT.
Compte tenu de la réduction progressive des emplois, le chômage a augmenté de 9,5% entre février 2020 et février 2021.
Le nombre des PSE depuis mars 2020 est de 928 au 21 mars[5] (plus de 100 000 salariés) et celui des plans de licenciement économiques hors PSE de 7 375 dont 681 pour plus de 10 salariés.
En sortie de crise, la fin des mesures de soutien inquiète tous les acteurs et les observateurs qui craignent la multiplication des licenciements économiques et des défaillances d’entreprises.
L’augmentation progressive du cout des dispositifs tendra à imposer une sortie sans trop de nuance par la force des choses.
[1] « Le dispositif est calibré pour couvrir 70% des pertes d’exploitation pour les entreprises de plus de 50 salariés et 90% des pertes d’exploitation pour les entreprises de moins de 50 salariés, dans la limite de 10 M€ sur le premier semestre de l’année 2021. » – Communiqué du 11/03/21
[2] « Le dispositif sera ouvert aux entreprises des secteurs suivants sans critère de chiffre d’affaires (mais répondant aux deux autres conditions) : les loisirs indoor (salle d’escalade, bowling, etc.), les salles de sport, les jardins et parcs zoologiques, les établissements thermaux et les entreprises du secteur HCR et les résidences de tourisme situées en montagne. » – Communiqué du 11/03/21
[3] « Nous maintiendrons tous nos dispositifs en place aussi longtemps que durera la crise. Si nous ne le faisions pas, nous réduirions à néant des mois de soutien massif et efficace. Au-delà, nous complétons ces mesures pour mieux tenir compte de certaines situations. Je pense notamment à celles des commerces, particulièrement ceux fermés depuis février dans les grands centres commerciaux ou ceux qui ont accumulé des stocks importants du fait des périodes de fermeture. Je pense également aux entreprises de plus grande taille affectées par de longs mois de crise. C’est le sens de l’aide exceptionnelle pour la prise en charge des coûts fixes qui a été mise en place depuis hier 31 mars ». Le Premier ministre, intervention au Sénat du 1er avril 2021
[4] Mesures du confinement du 16 mars 2020 : limitations de circulation à un périmètre d’un kilomètre, fermeture des frontières, mise à l’arrêt complète de nombreux secteurs dont des chantiers et des sites industriels.
[5] Cumul du 1er mars 2020 au 21 mars 2021
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