Des difficultés de recrutement, dans certains secteurs professionnels et métiers, paraissent augmenter, malgré un taux de chômage incontestablement élevé (à 8,0%)[1].
ON ENREGISTRE DONC DES TENSIONS PONCTUELLES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL.
La période de mars 2020 à septembre 2021 a été l’occasion d’un arrêt temporaire des recrutements, de la poursuite de départs (démissions, retraites, suppressions de postes, etc.), d’un stockage des jeunes, de réorientations d’activités, etc.
La période du 4ème trimestre 2021 et de 2022 devrait être une période de stabilisation vers un nouvel équilibre des emplois[2].
Il semble difficile de tirer des conclusions globales et définitives dès aujourd’hui.
Des secteurs ou métiers ont perdu des emplois (industries), d’autres tentent de revenir à leur situation antérieure d’ici la fin 2021 (tertiaire) et les derniers connaissent un réel développement (bâtiment).
« Il convient ainsi d’analyser finement les tensions, a minima secteur par secteur ou métier par métier. » – Dares
Néanmoins, globalement, les difficultés de recrutement relèvent de deux grands types de situations coexistent[3], même s’il en existe d’autres.
Les employeurs concernés identifient bien les problèmes.
DES INDISPONIBILITÉS DE MAIN-D’ŒUVRE COMPÉTENTE
D’un côté, des entreprises peinent à recruter à des postes qui demandent des qualifications élevées (ingénieurs de l’informatique, techniciens de l’électricité, etc.) en raison du peu de candidats et de la concurrence entre recruteurs.
« Le nombre de demandeurs d’emploi relativement au nombre de salariés y est très inférieur à la moyenne. Ce sont les métiers qui correspondent à la définition standard des métiers en tension, qui consiste à rapporter le nombre d’offres d’emploi au nombre de demandeurs d’emploi. » – Dares.
La formation initiale ou professionnelle (apprentissage, professionnalisation) apparait comme la solution pour disposer du personnel en mesure de répondre aux offres d’emploi.
En particulier, les formations suivies par les demandeurs d’emploi ne semblent pas répondre aux besoins des employeurs.
Par exemple, les formations qualifiantes en informatique restent, a priori, rares[4]. De même, le développement des CPF autonomes n’a pas fonctionné dans le sens d’une adaptation aux emplois disponibles…
Promouvoir la formation de chômeurs en privilégiant certains créneaux nécessite d’assumer des choix pertinents et efficaces et de les « imposer ». Le discours ne suffit pas, la pratique doit progresser.
Les organisations patronales du numérique (dont Numeum – fédération Syntec) ont défini des besoins en formation sur des métiers précis auquel il importe de répondre.
Pour ces métiers du numérique, la part d’embauche en CDI est très forte, de même que l’accès au statut cadre, mais cela n’empêche pas une mobilité également très fréquente, dans un secteur évoluant rapidement…
DES EMPLOIS PEU ATTRACTIFS
De l’autre, se trouvent des postes qui ne sont pas suffisamment attractifs[5] en raison de faibles rémunérations, de leur pénibilité, de conditions de travail difficiles, des problèmes de mobilité, etc.
Le secteur de la Construction est directement concerné en 2021 avec une reprise des embauches succédant à un effondrement des effectifs qui a conduit à une désorganisation liée en grande partie à des choix individuels (mise à son compte, départ de la profession, etc.).
L’amélioration des conditions de travail et des rémunérations apparaissent en mesure de réduire ces difficultés de recrutements.
Ces éléments sont parfois pris en compte dans une certaine mesure, mais pas toujours… En effet, l’embauche de nouveaux salariés, sous des conditions plus attractives, pose un problème social par rapport aux salariés en poste dans l’entreprise.
Autre élément, une part importante de CDD et un taux de rotation élevé contribue aux tensions.
Par exemple, c’est le cas dans le cas dans le secteur de l’hébergement restauration (avec des contrats courts et des temps partiels).
« Le simple accroissement du nombre de recrutements, qu’il soit lié à de fortes créations d’emploi ou dans certains secteurs, à un fort turnover sur des contrats courts, peut également créer des tensions ou frictions et contribuer à augmenter les difficultés de recrutement. » DARES.
[1] Dares – Comment mesurer les tensions sur le marché du travail ? – Document d’études N°252 – 21 septembre 2021 – Etude des « tensions sur le marché du travail permet d’analyser l’origine des inadéquations entre offre et demande de travail afin d’appréhender certaines des causes potentielles du chômage. »
[2] « Une partie des problèmes d’ajustement entre l’offre et la demande de travail provient donc de frictions conjoncturelles qui peuvent potentiellement se résoudre au cours du temps. » – Dares.
[3] Dares Focus – Les tensions sur le marché du travail – 11 décembre 2018
[4] Chiffres récents de l’Unédic.
[5] « On trouve des métiers où les besoins de recrutement de la part des entreprises sont importants et coexistent avec un nombre important de chômeurs, souvent peu qualifiés et avec une forte rotation de la main d’œuvre (cuisiniers, ouvriers du bâtiment…). » Dares
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