IL N’Y A PAS UN MILLION D’EMPLOIS NON POURVUS EN FRANCEUne candidate à l’élection présidentielle affirme : « Nous avons près d’un million d’emplois qui ne sont pas pourvus dans le secteur privé. » !On peut se demander si la candidate tente de manipuler l’opinion, ou bien, si elle est peu compétente dans le domaine de l’emploi, tout simplement.Le site de Pôle emploi[1] affiche effectivement un million d’offres d’emploi disponibles[2]. La très grande majorité de ces offres vont évidement déboucher sur des recrutements. Rien ne permet de dire qu’un emploi disponible à un instant donné ne sera pas pourvu.Les enquêtes ACEMO donnent des chiffres précis pour les emplois non pourvus.Le taux d’emplois vacants, estimé par la Dares, s’élève à 1,8%, sur les 14,4 millions d’emplois privés considérés au 2nd trimestre 2021, soit 264 500 postes (consulter le billet sur ce sujet[3]).Les emplois non pourvus comprennent des recrutements abandonnés faute de candidats (46%), des offres abandonnées par la disparition du besoin ou l’absence du budget nécessaire (33%) et des recrutements restants ouverts (22%). Beaucoup des abandons de recrutement concernent des contrats courts non pourvus à la date souhaitée.Pour analyser ces offres non pourvues, il faudrait prendre en compte la qualité de l’offre, ce qui est difficile, celle-ci peut parfois aller du mouton à cinq pattes à des offres sous payées.Pour l’anecdote, j’ai eu à traiter l’annonce d’un grand groupe industriel recherchant un candidat « ingénieur spécialisé, parlant russe et plongeur sous-marin » (authentique !).Par ailleurs, la durée de finalisation des recrutements est également un élément important (date d’émission de l’offre par rapport à la date de recrutement, dépassement de la date souhaitée pour occuper le poste, etc.).LA PRISE EN COMPTE DES ÉLÉMENTS SUR L’EMPLOI EN PÉRIODE ÉLECTORALE CONDUIT A DES FAUX SENSDans des discours politique apparaissent, pour des motifs variés, une opposition entre le nombre de chômeurs et le nombre d’emplois censé non pourvus, cette approche est destinée à faire apparaitre des demandeurs d’emploi qui ne voudraient pas travailler, pour conclure sur la baisse nécessaire de leur indemnisation chômage ou la réduction de l’aide sociale (RSA, etc.) dont ils disposent.Cette approche souhaite sans doute répondre aux préjugés infondés d’une part de l’opinion, elle n’est pas sérieuse. Ces préjugés sont liés principalement à une méconnaissance de la complexité des phénomènes à prendre en compte.En France, le nombre des actifs a régulièrement augmenté plus rapidement que le nombre des emplois, ce qui a provoqué un chômage de masse. Celui-ci est lié à l’absence d’une croissance suffisante et à l’absence de 2 à 3 millions d’emplois permettant d’accéder en France au plein emploi (taux de chômage à moins de 5%).L’affirmation gouvernementale et préélectorale selon laquelle « l’économie va bien » et que « la croissance est revenue » (en comparant au point bas de 2020) alimente implicitement le sentiment que « les chômeurs ne veulent pas travailler ».Ces déclarations sont destinées à donner le moral aux employeurs (ce qui n’est pas mauvais) et à tenter de convaincre que le gouvernement a bien travaillé, donc que le renouvellement du mandat du président est souhaitable.Mais dans la réalité, le nombre des emplois n’a pas explosé et les opportunités manquent encore pour faire baisser significativement le chômage en France.Ces propos ne prennent même pas en compte les incertitudes liées à la sortie des aides d’État aux entreprises et les conséquences possibles qui restent en suspens. |
[1] https://www.pole-emploi.fr/accueil/
[2] Pour être précis : 1 000 685 le 24 septembre à 11h05)
[3] Billet – « Combien d’emplois vacants ? » du 3 septembre 2021 – http://toutpourlemploi.fr/2021/09/combien-emplois-vacants/
Pas de commentaire sur “Quelle exploitation des informations sur l’emploi dans le débat présidentiel ?”