DES MÉTIERS INDISPENSABLES A LA VIE SOCIALE RENCONTRENT DES DIFFICULTÉS DE RECRUTEMENT EN RAISON DE MAUVAISES CONDITIONS DE TRAVAIL ET DE RÉMUNÉRATIONS INSUFFISANTES.
Deux approches se croisent actuellement.
D’une part, des métiers sont l’objet d’une dynamique de revalorisation suite à la période de confinement.
De l’autre, des pénuries de recrutement sont actuellement constatées dans la plupart de ces métiers.
La raison de cette convergence provient des conditions de travail et de rémunération propre à ces métiers.
Les efforts de revalorisation encouragés par le ministère du Travail auprès des branches et des entreprises (incitation à verser la « prime Macron ») sont-ils suffisants à ce jour pour apporter un réel progrès ?
LA REVALORISATION DES « MÉTIERS DE SECONDE LIGNE »
Lors du confinement de 2020, les professions médicales ont été mobilisées en « première ligne » pour assurer leurs fonctions.
Les autres métiers qui ont permis à notre pays de continuer à fonctionner, lors du premier confinement au printemps 2020 ont été qualifiés de métiers de « seconde ligne »[1].
La question de la revalorisation de la rémunération et des conditions d’emploi des salariés de ces métiers reste un sujet d’actualité[2]. Il est abordé par branche professionnelle « dans le cadre de l’agenda social défini avec les partenaires sociaux en juillet 2020 ».
Une étude a été menée, en lien avec les partenaires sociaux, pour définir un ensemble de critères pour qualifier un métier de « deuxième ligne » et « veiller à ce qu’aucun ne soit oublié dans le travail de revalorisation demandé aux branches professionnelle ».
Cinq thèmes de négociation sont envisagés :
- Rémunération et classification de cette catégorie de salariés (notamment au regard de l’objectif d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes),
- Nature du contrat de travail,
- Santé et sécurité au travail,
- Durée du travail et articulation entre la vie professionnelle et personnelle,
- Formation professionnelle.
Par exemple, le secteur de la propreté[3] a annoncé des engagements concrets sur les rémunérations, les conditions de travail et le temps de travail.[4] Cette démarche est suivie dans le secteur de la sécurité, celui du transport routier de marchandise ou celui des déchets.
HUIT GRANDS GROUPES DE MÉTIERS SONT CONCERNÉS
La Dares estime à 4,6 millions de salariés du secteur privé qui ont continué à apporter à la population les services indispensables à la vie quotidienne (dont 34,5% sont des femmes).
C’est significatif puisque cet effectif correspond à environ 23% des effectifs salariés du secteur privé.
Les métiers concernés, regroupés en grands groupes[5], sont les suivants[6] :
- Vendeurs et caissiers du commerce (20%),
- Ouvriers du bâtiment (18%),
- Conducteurs de véhicules (16%),
- Agents d’entretien (14%),
- Ouvriers dans la manutention (13%),
- Agriculture et agroalimentaire (7%),
- Aides à domicile et aides ménagères (5%),
- Agents de gardiennage et de sécurité (5%).
Les conditions d’emploi et de travail sont hétérogènes, mais globalement nettement moins favorables que celles de la moyenne des salariés du privé :
- « deux fois plus souvent en CDD ou intérim,
- Avec de faibles durées de travail hebdomadaires,
- Perçoivent des salaires 30% inférieurs,
- Connaissent plus souvent le chômage et
- Ont peu d’opportunités de carrière[7]» (Dares).
UNE PRIME EXONÈRE DE CHARGES PEUT ÊTRE VERSÉE A CES SALARIES PAR LEURS EMPLOYEURS EN 2021.
Les employeurs, engagés dans une démarche en faveur de leurs employés « travailleurs de la deuxième ligne » peuvent leur verser, cette année, une prime, exonérée de charges[8], qui peut aller jusqu’à 2 000 euros.
Il s’agit d’une reconduction de la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat[9] de 2020.
Mais cette prime demeure évidemment facultative. Il est difficile de dire combien de salariés vont en bénéficier cette année.
[1] « Depuis le début de la crise, le caractère essentiel des métiers a été unanimement reconnu, de même que le besoin de mieux les valoriser et d’améliorer la qualité des emplois concernés. »
[2] « À l’issue du premier confinement, le Président de la République avait souligné l’importance d’une revalorisation de ces professions. »
[3] La Conférence de Progrès du 8 septembre 2021, organisée par la Fédération des Entreprises de Propreté (FEP) a été dédiée au sujet de la revalorisation de la rémunération et des conditions d’emploi des salariés du secteur.
[4] Revalorisation des métiers la « deuxième ligne » : de nouvelles avancées importantes – communiqué du 13/09/2021
[5] Effectifs des métiers de « seconde ligne ».
Métiers | Effectif |
Vendeurs et caissiers du commerce | 934 341 |
Ouvriers du bâtiment | 831 503 |
Conducteurs de véhicules | 738 481 |
Agents d’entretien | 648 722 |
Ouvriers dans la manutention | 614 141 |
Agriculture agroalimentaire | 341 504 |
Aides à domicile et aides ménagères | 243 798 |
Agents de gardiennage et de sécurité | 240 908 |
Ensemble | 4 593 398 |
Effectif au 31 décembre 2017 – Dares.
[6] Dares Analyses – mai 2021 – N° 23
[7] « Ils travaillent dans des conditions difficiles, encourent plus de risques professionnels et subissent plus d’accidents. Ils ne sont toutefois pas plus insatisfaits que les autres salariés du privé et ont par ailleurs un fort sentiment d’utilité de leur travail. »
[8] L’exonération est applicable aux primes versées dès le 1er juin 2021 et jusqu’au 31 mars 2022.
[9] Cette nouvelle mouture de la « prime Macron » a été inscrite dans le Projet de Loi de Finances rectificatif 2021, présenté en conseil des ministres le 2 juin 2021.
Les employeurs, engagés dans une démarche de revalorisation, sont exonérés de cotisations sociales sur le montant de la prime, à hauteur de 2 000 euros pour tous les salariés dont la rémunération n’excède pas trois Smic sur les 12 mois précédant son versement.
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