LA POURSUITE DE LA POLITIQUE EXISTANTE EST AFFICHÉE.
Le Premier ministre vient de présenter la nature du projet.
« Le Contrat d’Engagement Jeune n’est pas un dispositif de plus. Il ne vient pas s’ajouter aux nombreux dispositifs existants. Il les remplace, il les intègre, les harmonise, les décloisonne, au sein d’un nouveau cadre commun à tous les opérateurs, fondés sur les mêmes règles, les mêmes exigences, et dotés de moyens renforcés.[1] » – Le Premier ministre.
« Qu’il s’agisse de la Garantie jeune mise en œuvre par les missions locales, des accompagnements proposés par Pôle Emploi ou des formations ciblées mises en place dans le cadre du Plan d’investissement dans les compétences à destination des demandeurs d’emploi, ces dispositifs ont tous une réelle part d’efficacité. Mais tous ont aussi leurs limites. » « Le Contrat d’Engagement Jeune va venir se substituer à tous ces dispositifs. » – Le Premier ministre.
C’est « La garantie jeunes améliorée », selon Le Monde (03 11 2021).
MAIS UNE VIVE CRITIQUE DES LIMITES DES DISPOSITIFS EXISTANTS A ÉTÉ ÉMISE.
Le premier Ministre a ainsi cité :
- Des niveaux d’accompagnement souvent insuffisants ou qui se relâchent au bout de quelques semaines, « sans nécessairement avoir atteint leur cible »[2];
- Pas assez de mise en activité des jeunes ;
- Des dispositifs trop cloisonnés, sans articulation et continuité dans le suivi des parcours des jeunes[3].
La critique du PM est assez vive :
« La Garantie jeune actuelle, par exemple, propose un parcours long mais dont l’intensité d’accompagnement décroît rapidement au bout du premier mois, et s’articule souvent mal avec les autres dispositifs. »
UNE MULTIPLICITÉ D’OPÉRATEURS EST PRÉVUE
Le Contrat d’Engagement Jeune est une solution commune, proposée par l’ensemble du service public de l’emploi : Les prestations seront identiques : mêmes conditions, règles communes et des moyens supplémentaires pour :
- Les 1 400 sites et antennes des Missions locales ;
- Les 900 agences de Pôle Emploi ;
- Les autres opérateurs censés connaitre ce public jeune NETT[4] (dans le cadre de marchés publics ou d’appels à projets).
La répartition des rôles entre Pôle emploi et le réseau des Missions locales restent encore à bien préciser.
- Les Missions locales perdent leur exclusivité sur le sujet et proposeront le CEJ[5].
- Pôle emploi proposera le Contrat d’Engagement Jeune à des jeunes demandeurs d’emplois inscrits qui rencontrent des difficultés d’accès à l’emploi durable.
Pour cela, Pôle emploi va recruter, pour la première fois, des conseillers spécifiquement formés à l’accompagnement de ces jeunes décrocheurs.
Une collaboration devrait « multiplier les passerelles, les collaborations et les synergies entre l’ensemble de ces opérateurs dans les territoires »[6] cela reste à concrétiser sur le terrain, partout où cela fonctionne peu ou mal.
LE THÈME DE LA RECHERCHE DES JEUNES « INVISIBLES » RÉAPPARAIT.
« Nous allons donc mettre un place un partenariat, ou le développer là où il existe, avec ces acteurs, dans les bassins d’emploi, au plus près du terrain, afin de nous donner les moyens de repérer, d’aller vers et de prendre en charge tous ceux qui sont complètement sortis des radars de Pôle Emploi et des missions locales, et que la Garantie Jeunes n’était pas parvenue à ramener.[7] » – Le Premier ministre.
Cette recherche des « invisibles » s’appuie sur les associations locales, comme c’est déjà le cas.
Des objectifs quantitatifs et qualitatifs partagés seront fixés pour la mise en œuvre du CEJ. Ils restent à connaitre.
LES MOYENS ACTUELS SONT RECADRÉS ET AUGMENTÉS.
Le plan actuel se poursuivra en 2022 avec un budget de 5,4 milliards d’euros (PLF 2022 texte initial).
Il est destiné à financer : les primes à l’alternance (prolongées jusqu’au premier semestre 2022), des formations qualifiantes, des contrats aidés dans le secteur marchand (CUI CIE), etc.
Le Contrat d’Engagement Jeune (CEJ) devrait mobiliser sur ces crédits plus de 2 milliards d’euros représentant les actions et solutions déjà fléchées sur ce public.
Un amendement au projet de loi de finances pour 2022 (04/11/2021) a pour but d’inscrire un supplément de crédits de 550 millions d’euros destinés à « renforcer l’intensité des parcours, densifier l’accompagnement et mettre en place les actions spécifiques pour les jeunes en grande précarité »[8].
Ce montant représente une hausse de près de 27% du budget sur ce public en 2022[9].
Ce budget devrait prendre en charge :
- Des solutions de formation et d’activités supplémentaire (300 millions d’euros),
- Le coût de l’allocation (150 millions d’euros),
- Le renforcement de Pôle Emploi, des Missions locales et des associations spécialisées dans le suivi des jeunes en grande précarité (100 millions d’euros). Les missions locales devraient recevoir environ 34 millions d’euros supplémentaires.
Le budget supplémentaire dédié à l’allocation pour 10 mois en 2022 indique les limites du nombre des attributions en nombre de jeunes et/ou en montant accordé.
[1] Discours du Premier ministre Jean Castex – Mission locale pour l’emploi des jeunes – Discours du 02/11/2021.
[2] « Aujourd’hui, 35 % des jeunes suivis en mission locale restent sans solution au bout de six mois. Aujourd’hui, les conseillers du service public de l’emploi chargés de l’accompagnement dit renforcé suivent parfois jusqu’à 120 jeunes en même temps. »
[3] « C’est un maquis d’aides et de parcours aux fonctionnements différents, mêlant dispositifs d’accompagnement et solutions de formation et d’activité sans les articuler les uns aux autres. »
[4] Des organismes publics ou privés proposant des services d’insertion, et d’accompagnement des personnes en recherche d’emploi, comme des associations locales investies sur ces sujets.
[5] « Des audits et des missions d’appui-conseil seront proposées aux Missions Locales pour accompagner celles qui en ont besoin dans cette transformation des accompagnements proposés aux jeunes éloignés de l’emploi. »
[6] « Nous y serons aidés par le déploiement de l’appli commune à tous les opérateurs du service public de l’emploi qui sera mise à disposition des jeunes et qui leur permettra d’être plus autonomes. Ils y trouveront l’accès à un espace personnalisé, pourront dialoguer plus facilement avec leur conseiller référent, auront un accès direct à des offres d’alternance, de stages, de formations ou d’emplois, ce qui leur permettra de mieux construire leurs projets, et aux conseillers référents de mieux suivre leurs avancées. Il nous faut dépasser la logique de guichet. » –
[7] « Nous allons également renforcer la collaboration de ces services avec ceux des collectivités territoriales et des acteurs associatifs de proximité – je pense aux clubs de sport, aux associations de quartiers, aux associations de lutte contre la pauvreté – qui connaissent très bien ces publics et savent aussi ce qui leur sera immédiatement le plus utile. » –
[8] « Cet abondement s’inscrira dans la trajectoire de redressement des finances publiques que nous nous sommes fixés et restera donc dans la limite des 5 % de déficit budgétaire pour 2022 que nous avons annoncée. Cet investissement – car il s’agit bien d’un investissement – avait d’ailleurs été intégré dans la maquette budgétaire actualisée que nous avons soumise à l’avis du Haut Conseil des Finances publiques, il y a une semaine. »
[9] Budget 2022
Jeunes | Dont NEET ciblés | |
PLF 2012 | 5,4 | 2,05 |
Amendement | 0,55 | 0,55 |
Total | 5,95 | 2,6 |
0,55 | 0,55 | |
+10,2% | +26,8% |
Pas de commentaire sur “Comment travailleront ensemble les opérateurs du Contrat d’Engagement Jeune ?”