En 2021, le déficit commercial de la France aura enregistré un record historique en atteignant le montant de près de 85 milliards d’euros[1], soit 3,4% du PIB[2].
Hormis la facture énergétique, la croissance du déséquilibre provient de la forte croissance de nos importations et de la faiblesse de nos exportations.
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La réalité du marché de l’emploi en France est forcément impactée par l’importance de ce déficit qui traduit une insuffisance du niveau des activités industrielles en France.
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De la même manière, la situation de l’emploi est touchée par la baisse du PIB de 1,66% sur 2020/2021[3].
LA SITUATION DE L’EMPLOI APPARAIT DÉCALÉE PAR RAPPORT A CELLE DE L’ÉVOLUTION DES ACTIVITÉS
Cet écart a été causé par le versement aux entreprises de 60 milliards d’aides de l’État (subventions et chômage partiel) et des prêts garantis par l’État dont le remboursement demeure pour une part en suspens.
Pour caricaturer, les salaires des emplois n’ont pas tous correspondu à une production ou un service.
En 2021, les importations ont augmenté de +18,8% (après −13% en 2020) et les exportations de +17%[4] (−15,8% en 2020).
Le ministre délégué au Commerce extérieur a tenté d’habiller ce très mauvais résultat économique[5] en faisant ressortir plusieurs éléments, dont la croissance du nombre des entreprises exportatrices (135 900[6]).
Nos exportations auraient retrouvé « 99% de leur niveau d’avant-crise, certains secteurs affichant même des performances supérieures à 2019 ».
Cette affirmation est inexacte puisque l’Insee indique une baisse de -31,3 milliards (-4%).
L’industrie a perdu un montant de 21,9 milliards en matière d’exportation (-4,2%) par rapport à 2019 ; Tandis que les services marchands ont augmenté de 11,4 milliards en 2021 par rapport à 2019 (+6,6%).
Des secteurs ont retrouvé leur niveau : secteurs de la chimie, des parfums et cosmétiques (111% du niveau de 2019), du luxe (105%), de l’agroalimentaire (109%) …
D’autres restent en retrait comme
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les exportations automobiles à environ 90% du niveau de 2019[7] et
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les exportations aéronautiques, à 57% seulement de leur niveau de 2019.
Le discours politique du gouvernement[8] sur la réindustrialisation de la France depuis 2017 se trouve démentie par les faits et les chiffres.
La baisse des effectifs salariés dans l’industrie, entre 2017 et 2021, en est une illustration.
Les discours du ministre de l’Industrie renvoient juste à ce qu’il conviendrait de faire durant le prochain quinquennat, dans le cadre du « plan d’investissement 2030 » et qui n’a pas été engagé sérieusement avant !
[1] La France a enregistré en 2021 un déficit commercial de 84,7 milliards d’euros, selon les Douanes (8 février 2022). Résultats du commerce extérieur français en 2021 – https://bit.ly/3HC6xut
[2] Le précédent record remontait à 2011, à hauteur de 75 milliards d’euros.
[3] 2020 à -8% suivi de +7% en 2021 indique une baisse de 1,66 au final.
[4] Exportations par produit en 2021, en milliards d’euros
Produits agricoles |
Industrie¹ |
Services marchands |
Services non marchands | Correction territoriale² | Ensemble |
16,8 |
499,8 |
184,2 |
0,9 |
37,8 | 739,5 |
2% |
68% |
25% |
0% |
5% | 100% |
- Y compris l’énergie
- La correction territoriale des exportations représente les dépenses des non-résidents en France.
[5] « Sans surprise, le solde des échanges de biens se dégrade, sous l’effet de la hausse du prix de l’énergie et de la forte reprise économique. Et pourtant, une dynamique positive est à l’œuvre. Dans la majorité des secteurs, hors automobile et aéronautique, nous sommes parvenus à effacer la crise en dépassant les performances à l’export de 2019. Et, grâce à un excédent historique de la balance des services et de la balance des revenus, notre balance courante, en nette amélioration (+20 milliards d’euros), est proche de l’équilibre ». Le ministre délégué au Commerce extérieur.
[6] Le nombre d’entreprises exportatrices dépassait son niveau d’avant-crise et atteignait un niveau record à 135 900, contre 123 000 en 2017 et 128 000 en 2019.
[7] « En raison, notamment, de tensions d’approvisionnement persistantes. »
[8] « La conquête de l’international est lancée. Pour redresser durablement notre commerce extérieur, notre stratégie est claire : poursuivre notre politique de compétitivité, accélérer la réindustrialisation, mettre en œuvre une politique commerciale plus durable et plus ferme, et continuer à accompagner nos PME et ETI à l’international, pour construire la balance commerciale de demain ». Le ministre délégué au Commerce extérieur.
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