La baisse du nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi catégorie A en 2021 de 479 600 doit être considérée avec une grande prudence
Car il faut tenir compte, parallèlement, de la permanence d’un noyau de salariés en chômage partiel de plus de 422 600.
EN DÉCEMBRE 2021, LA DARES ESTIMAIT A 422 400 LE NOMBRE DES SALARIES BÉNÉFICIANT DE L’ACTIVITÉ PARTIELLE.
Ce chiffre est provisoire puisqu’il reste inférieur à la réalité des demandes qui seront faites pour le mois précédent. Il correspond déjà à 109 500 EQTP[1].
Il illustre une augmentation de + 46 750 personnes, par rapport à novembre (12,4%).
Un noyau dur s’est constitué depuis aout 2021 et se maintient[2].
UN QUART DES ENTREPRISES RESTE EN ACTIVITÉ RÉDUITE
L’étude de la Dares met en évidence qu’un quart des salariés travaillent dans des entreprises dont l’activité est réduite et les perspectives incertaines :
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13% dans une structure où elle a baissé de moins de 20 %,
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9% dans une entreprise dont l’activité a baissé entre 20 % et 50 % et
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2% des salariés travaillent dans une entreprise à l’arrêt complet ou en baisse d’activité de plus de 50%.
La proportion des entreprises dont l’activité est inchangée ou en hausse malgré la crise sanitaire diminue.
76% des salariés travaillent dans ces entreprises, cette proportion est en recul de 7 points par rapport au mois précédent, après plusieurs mois de stabilité.
LES PERSPECTIVES DE REPRISE DES ENTREPRISES RESTE INCERTAINE.
« Les perspectives de reprise des entreprises dont l’activité a diminué le mois précédent sont plus incertaines :
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38% des cas, elles n’ont pas de visibilité sur leur horizon de reprise (+ 3 points de plus par rapport à début décembre, après + 4).
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45 % des cas, elles estiment que leur activité mettra entre six mois et un an (17%) voire plus d’un an (28%, – 8 points) pour revenir à la normale.
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17% des cas elles jugent que leur activité reviendra à la normale (d’ici un à trois mois, 7%) ou dans les trois mois suivants (10%).[3]»
LES SECTEURS LES PLUS TOUCHES RESTENT LES MÊMES
Les secteurs les plus touchés restent les mêmes : l’hébergement-restauration, la fabrication de matériels de transport et le secteur des transports et de l’entreposage (62 000), les arts, spectacles et activités récréatives, etc.
Le paradoxe provient du fait que des secteurs qui font état de difficultés de recrutement ont un nombre significatif de salariés en chômage partiel.
IL EST PERMIS DE S’INTERROGER SUR UN POSSIBLE EFFET PERVERS DU CHÔMAGE PARTIEL SUR LE MARCHE DU TRAVAIL.
C’est le cas du secteur de l’hébergement restauration qui fait état d’un manque de travailleurs quand 51 000 salariés de ce secteur bénéficient du chômage partiel.
Il en est de même, des industries dont les responsables évoquent une pénurie de 75 000 salariés (estimation récente de l’UIMM), alors que, dans ces secteurs, 140 000 salariés sont, au même moment, en chômage partiel[4].
Il est donc permis de s’interroger sur des effets pervers du chômage partiel sur le marché du travail.
« 40% des salariés travaillent dans une structure qui déclare être confrontée à des difficultés de recrutement fin décembre dont le secteur privé de la santé humaine (74%), l’action sociale (67%), l’hébergement-restauration (56%) ou l’industrie agro-alimentaire (54%). »
Ces difficultés seraient causées par des difficultés à recruter en CDI (78 %) ou en CDD (un peu plus d’un tiers). Les causes sont un manque de candidats formés dans les métiers concernés ; des candidats devenus trop exigeants en termes de conditions de travail ou de salaires et un turn-over trop rapide des salariés.
Le sujet mérite d’entrer dans le détail.
LES DISPOSITIONS CONCERNANT LE CHÔMAGE PARTIELLE SONT PROLONGÉES…
La prise en charge intégrale de l’activité partielle dont bénéficient les entreprises, les plus touchées par les mesures de restriction d’activités, a été prolongé jusqu’au 28 février 2022 par deux décrets[5].
Ces mesures concernent aussi les entreprises s’inscrivant ans dans le cadre de l’APLD (Activité partielle de longue durée)…
C’est dans l’immédiat une prolongation d’un mois, qui pourrait encore se trouver rallonger.
En effet, la loi de « vigilance sanitaire » du 10 novembre 2021 permet de moduler les taux de prise en charge de l’activité partielle a été prolongée jusqu’au 31 juillet 2022.
[1] Activité et conditions d’emploi en décembre 2021 – Vue d’ensemble des résultats de l’enquête flash Acemo Covid – 28 janvier 2022
[2] Sources : demandes d’indemnisations SI APART, enquête Acemo-Covid-19 ; estimation Dares.
[3] « Dans près de la moitié des cas, les employeurs excluent totalement de licencier au cours des prochains mois pour motif économique. »
[4] Estimation des nombres de salariés effectivement en activité partielle entre mars 2020 et novembre 2021, par secteur d’activité
Secteurs industriels |
Effectifs |
Fabrications d’équipements électroniques, électriques, informatiques et machines |
15 059 |
Fabrication d’autres produits industriels |
57 666 |
Fabrication de matériels de transport |
66 991 |
Total |
139 716 |
[5] « À compter du 1er mars 2022, les taux de droit commun ont donc vocation à s’appliquer à toutes les entreprises (une indemnité à 60 % de la rémunération antérieure brute et une allocation à 36 %). Seule la mise en activité partielle des salariés se trouvant dans l’impossibilité de continuer à travailler (garde d’enfant et personnes vulnérables) continuera alors à ouvrir droit à une prise en charge intégrale. »
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