Le raisonnement du ministère du Travail est simpliste et peut se caricaturer de la sorte :
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Il y aurait une foule de postes vacants à pourvoir dans les entreprises.
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On va former des chômeurs quant aux métiers en pénurie.
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Ceux-ci vont pourvoir ces postes
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Le chômage disparaitra demain.
UN RETOUR A LA RÉDUCTION DES TENSIONS DE RECRUTEMENT
La ministre du Travail a réuni les services déconcentrés du ministère et les opérateurs du service public de l’emploi pour reprendre le « plan de réduction des tensions de recrutement »[1].
Ce plan a été annoncé par le Premier ministre en septembre 2021, vise à construire des solutions concrètes pour réduire les tensions de recrutement existantes[2].
Les sous-préfets ont pour mission de décliner ce plan à l’échelle de chaque bassin d’emploi.
Un livret, présentant des exemples d’actions régionales, a été transmis aux intervenants locaux[3].
CES ACTIONS VISENT PLUSIEURS FACETTES.
Pour les demandeurs d’emploi, en particulier de longue durée, des formations doivent être développées en réponse aux besoins des entreprises[4].
Il est question en particulier de proposer des formations en situation de travail, associées à une promesse d’embauche.
Force est de constater que ce genre de situations tout à fait idéales, reste assez rare, dans la pratique.
Il s’agit également de tenter de traiter les difficultés liées au logement[5], à la mobilité et à la garde d’enfants[6].
Des actions de promotion de métiers ciblés (industrie, services à la personne…) visent à renforcer l’attractivité de ces secteurs[7].
La coordination entre les acteurs est également encouragée (service public de l’emploi, collectivités territoriales, représentants des entreprises et organismes de formation dans le cadre des instances existantes ou d’initiatives territoriale).
LE MINISTÈRE DU TRAVAIL SE CANTONNE DANS DES CONSIDÉRATIONS MARGINALES
Le ministère du Travail reste sur l’idée que des entreprises ont des difficultés à recruter pour proposer une stratégie.
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D’un côté, des difficultés existent, mais pour des raisons diverses, tenant à la nature des offres d’emploi, au gel de 470 000 salariés dans le chômage partiel, à la concurrence entre recruteurs du même secteur…
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De l’autre, il apparait que le nombre de recrutements abandonnés reste très faible (6% selon Pôle emploi). Le problème porte davantage sur la durée de recrutement.
Les actions qui sont promues par le ministère du Travail ne sont pas mauvaises en elles-mêmes, mais elles demeurent à la marge du problème qui réside dans la création de nouveaux emplois dans le cadre d’investissements pour de nouvelles activités.
[1] Instruction N°DGEFP/2021/217 du 25 octobre 2021 relative à la mobilisation nationale en faveur de la réduction des tensions de recrutement.
Renforcer la montée en compétences et les reconversions des salariés
- PERMETTRE aux salariés de se former et aux entreprises de rester compétitives
- Préparer dès aujourd’hui les compétences de demain
- Favoriser les reconversions professionnelles grâce à « Transitions collectives »
Amplifier l’effort de formation des demandeurs d’emploi pour répondre aux besoins des entreprises
- Une augmentation des actions individuelles de formation associées à une promesse d’embauche
- Des actions de formation construites sur mesure pour répondre aux besoins des entreprises
- Des actions nouvelles pour réduire les tensions structurelles
Déployer un plan spécifique et massif pour les demandeurs d’emploi de longue durée
- Des actions de remobilisation dédiées aux demandeurs d’emploi de longue durée
- La réinsertion par des mises en situation
- Une aide à l’embauche d’un demandeur d’emploi de longue durée : le contrat de professionnalisation.
[2] Ce plan a été présenté comme disposant d’un budget de 1,4 milliards d’euros.
[3] Mise en œuvre des feuilles de route locales pour répondre aux besoins des entreprises – 17/02/22 – https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/plan-de-reduction-tensions-recrutement-fichesactionsterritoires.pdf
[4] « La formation des salariés et des demandeurs d’emploi est déterminante pour répondre non seulement aux besoins de court terme des entreprises. »
[5] Par exemple, la mise à disposition de solutions temporaires d’hébergement pour les jeunes en alternance
[6] Par exemple, avec des solutions pour les parents travaillant avec des horaires atypiques dans la restauration.
[7] Par exemple, via des visites d’entreprises par des demandeurs d’emploi, l’organisation d’événements en lien avec les représentants des entreprises concernées…
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