L’actualité récente a été marqué par une mise en cause de l’importance en nombre et en budget des interventions de cabinets de conseil au sein des ministères et des établissements publics.
Un rapport sénatorial du 17 mars a dénoncé le « phénomène tentaculaire » des recours de l’État aux cabinets de conseil.
Les critiques portent sur les motifs des commandes, sur leur montant, sur l’opacité des résultats, sur la concentration des acteurs, sur la fiscalité, etc.
POUR LE MINISTÈRE DU TRAVAIL, LES INTERVENTIONS DE CABINETS ONT ÉTÉ ASSEZ NOMBREUSES
Pour le ministère du Travail, les interventions de cabinets listées par le Sénat et complétée par le quotidien Le Monde, sont assez nombreuses et correspondent a priori à 86 millions d’euros pour une centaine d’intervention.
Le ministère du Travail ne semble pas avoir traité avec le cabinet international McKinsey, qui fait l’objet de critiques relationnelles, budgétaires et fiscales et désormais de poursuites à la demande du Sénat et d’autres acteurs.
Ces données ne sont pas exhaustives. Les résultats de chaque mission ne paraissent pas consultables. Une forte opacité demeure donc.
Donc les commentaires qui suivent ne sont que provisoires, mais ils apportent néanmoins une série d’indications.
Il semble normal de laisser de côté des prestations de La Poste pour l’envoi d’un questionnaire ou d’un autre pour la construction d’un site pour le ministère. Il s’agit là de commandes bien compréhensibles.
Les missions des prestataires peuvent être classées par nature d’objet.
J’ai réalisé une classification personnelle, il pourrait y en avoir d’autres.
ENVIRON LA MOITIE DES CONSULTATIONS ONT BÉNÉFICIE A POLE EMPLOI.
Les interventions chez Pôle emploi ont été à hauteur de 40 millions.
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Des commandes concernent un « Accompagnement stratégique d’appui aux projets pour la Direction Générale de Pole Emploi » ayant mobilisé 14 cabinets de Conseil, pour un budget total de près de 28 millions d’euros.
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Une autre réside dans un « Accompagnement de la stratégie de la DSI de Pôle emploi[1]» par le cabinet EY pour 12 millions d’euros.
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Pour l’anecdote, le cabinet Deloitte a pris en charge : « Optimisation de la gestion des déplacements chez Pôle emploi » pour 245 000 €.
S’y ajoute le poste « Assistance pour le service public de l’insertion et de l’emploi » confié à Eurogroup (1,3 million) et le poste « Évaluation de l’expérimentation « Service Public d’Insertion » », confié à BCG, pour 800 000 €.
Pôle emploi et SPIE cumulent la moitié du budget dédié aux interventions extérieures.
DES ÉTUDES, ÉVALUATIONS ET ENQUÊTES SUR LES POLITIQUES DU MINISTÈRE
Les études, évaluations et enquêtes menées sur les politiques du ministère[2] ont mobilisé de l’ordre de 12% du budget, soit plus de 10 millions.
Par exemple, le cabinet Kantar Tns-Mb a enquêté sur l’Insertion par l’Activité Économique (IAE) pour un budget proche d’un million d’euros.
Ces enquêtes n’auraient-elles pas pu être menée en interne au ministère ?
LE PLAN D’INVESTISSEMENT DANS LES COMPÉTENCES (PIC).
Les prestations concernant le PIC se sont élevées à près de 9 millions, soit 10,6% de l’ensemble.
Elles ont été réalisées par Amnyos, EY, Ipsos, Kantar Tns-Mb, Pluricité…
Elles portaient sur les points suivants : Démarches de concertation innovantes dans le cadre du PIC ; Bon de commande sur le marché PIC ; Capitalisation du PIC ; Accord cadre d’enquête PIC ; Enquête sur les sortants de formation passée sur le marché PIC ; Évaluation du Plan d’Investissement dans les Compétences
Ce PIC a visiblement été étroitement encadré par des prestataires extérieurs.
LES DÉMARCHES INCLUSIVES
« L’appui au développement de démarches inclusives » a bénéficié de 8,5 millions d’euros, soit 10% de l’ensemble.
Le détail de cet appui n’est pas connu…
D’AUTRES THÈMES ONT FAIT L’OBJET DE CONSULTATION
Côté formation, le cabinet Roland Berger a traité les thèmes :
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« Appui à la stratégie de transformation de l’Afpa » pour 2,5 millions et
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« Appui sur la réforme de la formation professionnelle » pour 2,2 millions ; Soit pour la formation 4,6 millions et 5,4%.
Les études sur les services du ministère du Travail ont mobilisé moins de 4% de l’ensemble soit près de 3,3 millions[3].
Parmi elles, plusieurs interventions ont ainsi concerné le Fonds social européen (FSE)[4].
Suivent des missions très diverses, plus ou moins explicites.
Par exemple, « l’organisation et suivi du dispositif de « job dating » », par les cabinets Altedia et Wizbii, pour un montant de plus d’1,8 millions d’euros !
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Sans avoir les rapports en main, il est difficile de savoir si ces prestations nécessitaient un recours extérieur à l’administration et si elles avaient une portée politique ou simplement technique.
[1] DSI : Direction des Services d’Information
[2] « Obligation de revitalisation des territoires ; « Parcours d’entrée en emploi pour les bénéficiaires de RSA » ; « Mise en place d’une plateforme d’identification des besoins en compétences des entreprises » ; « Mise en place d’Itinéraire-compétences » ; « Modulation des formations du BTP » ; « Prépa Avenir en parcours intégré » ; « Parcours croisés pour les personnes handicapées en formation » ; « Prépa-projet » ; « Passeport compétences / badges numériques » ;« Garantie jeune » ; Compte Personnel de Formation ; Projets déployés par les Cap Emploi ; Politique locale de réduction du chômage de longue durée ; « Parcours des apprentis » ; Conditions d’emploi de la main d’œuvre ; Contrats de professionnalisation ; Bénéficiaires d’un emploi d’avenir ; Gestion des risques professionnels ; Politique locale de réduction du chômage de longue durée…
[3] Étude de terrain des ordonnances du 22 septembre 2017 ; Analyse de la médiatisation des travaux de la DARES et de la DREES ; Développement d’un extranet et maintenance d’un site ; Accord cadre multi attributaire pour accompagnement des DIRECCTES / DIECCTES ; Acheminement des courriers de réponse à l’enquête ACEMO ; Maintenance de l’application ACEMO de la DARES ; Évaluation du système d’inspection du travail contre la fraude.
[4] Contrôle des subventions du fonds social européen ; Évaluation du programme opérationnel fonds social européen ; Évaluation d’impact portant sur le programme FSE.
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