UNE CONCURRENCE S’EST INSTAURÉE ENTRE LES DIVERS TYPES DE CFA
Depuis que la réforme de 2018, une forte concurrence s’est installée progressivement entre des CFA.
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D’une part, il y a eu une multiplication très rapide du nombre des acteurs de formation.
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D’autre part, parallèlement à l’augmentation globale du nombre de jeunes en apprentissage, il y a eu des transferts de publics de certains CFA vers d’autres CFA.
Cela a probablement dû être le cas entre des CFA traditionnels vers des CFA d’entreprise, sur des formations précises, comme ceux d’Adecco, BNP Paribas, Decathlon, ENGIE, Nexity, Groupe Nicollin, Orange, Saint-Gobain ou Schneider Electric[1].
Par exemple, le « CFA des Chefs[2] » réunit : Accor, AccorInvest, Adecco, Disneyland Paris, Korian et Sodexo. Il propose des formations dans les métiers de la restauration, à Paris, Lyon, Marseille, Nice, Toulouse et Bordeaux.
L’apparition de cet acteur pèse mécaniquement sur les CFA traditionnels de la restauration, puisqu’il prépare aux mêmes diplômes.
Ces chiffres par CFA et par type de CFA n’ont pas encore été publiés, pas plus que le taux des abandons de contrat et celui des échecs d’apprentis à décrocher le diplôme.
La communication du ministère du Travail porte uniquement sur les entrées en apprentissage et non sur les sorties.
Difficile de juger la réalité du déroulement des contrats !
LE DÉVELOPPEMENT DE L’APPRENTISSAGE DANS LES LYCÉES PROFESSIONNELS DEVRAIT COMPLIQUER LES CHOSES.
Dans ce contexte évoqué précédemment, le développement de l’apprentissage, annoncées par la ministre en charge du dossier dans les Lycées professionnels, devrait venir s’ajouter à l’offre de CFA existant, non sans provoquer d’autres transferts de jeunes !
Cette évolution instable s’accompagne de l’équilibrage des financements (« une impasse », selon la Cour des Comptes).
Des questions demeurent également en suspens sur le financement de la part formation des contrats d’apprentissage dans les lycées professionnels (a priori Éducation nationale ?).
CETTE CONCURRENCE ENTRE ACTEURS SE SUPERPOSE A L’ABSENCE DE FINANCEMENTS PÉRENNES DE L’APPRENTISSAGE.
Le gouvernement cherche à équilibrer le financement de l’apprentissage qui n’a pas été prévue ces dernières années.
La dette de France compétences[3] se situe autour de 5 milliards d’euros (apprentissage, CPF et PIC), en dépit des subventions exceptionnelles de l’État à FC (PLFR 2022).
Cet établissement public a adopté le principe d’une diminution des « niveaux de prise en charge » des crédits accordés aux CFA pour l’accompagnement des titulaires d’un contrat d’apprentissage.
Ce recalage était annoncé et prévu par les textes ; il devrait être en moyenne de l’ordre de -10%.
Le budget de cette réduction devrait se situer entre 750 et 800 millions d’euros au final.
Une première réduction moyenne de l’ordre de 5% s’appliquera au 1er septembre, et la seconde, du même ordre, au 1er avril 2023.
Le but est de rapprocher le montant des versements de celui des frais réels des CFA.
Ce rapprochement a été réalisé dans une partie des branches, mais pas dans toutes.
CETTE ÉVOLUTION VARIE DONC SELON LES SECTEURS ET MÉTIERS.
Certaines formations en apprentissage sont touchées par des diminutions supérieures à la moyenne, car un écart important aurait été constaté entre le niveau de prise en charge et les coûts moyens de formation.
Selon certains témoignages, la diminution pourrait être de 20% à 30% pour des diplômes dans la restauration ou de 34% pour des contrats menant au métier d’aide-soignant.
C’est-à-dire sur des métiers réputés recherchés par les employeurs du secteur.
La mesure débutant au 1er septembre pourrait impacter les entrées en contrat d’apprentissage pour l’année 2022-2023.
La mesure est critiquée par des représentants des fédérations de CFA quant à son calendrier et son mode de calcul (reposant sur des chiffres 2020).
Des ajustements pourraient avoir lieu.
LA SITUATION DES CONTRATS D’APPRENTISSAGE N’APPARAIT PAS DU TOUT STABILISÉE.
[1] Les CFA d’entreprises répondent à trois enjeux : renouveler des pratiques de recrutement ; trouver des candidats adaptés à leurs besoins ; recruter des talents au sein de métiers qui connaissent des pénuries importantes.
[2] Il propose des formations diplômantes et certifiantes : le Titre Professionnel de cuisinier en un an, le CAP cuisine, en un an, le CAP Pâtisserie en un an, le CAP Commercialisation & Service en restauration en un an, le Bac Pro cuisine en deux ans, le Brevet Professionnel Arts Culinaires en deux ans, le BTS Management en Hôtellerie Restauration en deux ans (avec l’option cuisine lors de la 2ème année). https://www.cfadeschefs.com/
[3] Instance de régulation et de financement du secteur, dont le conseil d’administration est multipartite (État, patronat, syndicats, régions, personnalités qualifiées)
Pas de commentaire sur “La concurrence existante entre les CFA, pour l’obtention des mêmes diplômes, devrait encore se développer.”