Les signes d’une lente dégradation de la situation de l’emploi se multiplient, après la période de reprise d’activité post Covid.
LES INTENTIONS D’EMBAUCHE DE CADRES DIMINUENT.
Seules 10% des entreprises envisagent d’embaucher au moins un cadre au 3ème trimestre 2022, contre 13% au trimestre précédent, selon l’Apec[1].
Dans le détail, les plus gros recruteurs de cadres, affichent un recul plus marqué :
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Les grandes entreprises sont à -4 points (54%) et
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Le secteur des services à forte valeur ajoutée est à -5 points (15%), dont activités informatiques, ingénierie R&D, conseil, banque assurance, communication média, activités juridiques et comptables.
Le contexte économique demeure très négatif pour une durée impossible à quantifier, suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a conduit à l’explosion du prix de l’énergie, à des difficultés d’approvisionnement, etc. débouchant sur un fort taux d’inflation.
Cet indicateur du marché du travail est en phase avec la baisse du recrutement des intérimaires et la légère augmentation du nombre des inscrits à Pôle emploi en catégories A, B et C.
« Ce léger fléchissement des intentions d’embauche n’empêche pas les tensions de recrutement d’atteindre ce trimestre un niveau record », mais « il existe un vivier de compétences disponibles qui aspirent à travailler, par exemple parmi les seniors mais aussi chez les jeunes diplômés », selon le Directeur général de l’Apec.
Les recrutements et perspectives de recrutement de cadres diffèrent selon la taille des entreprises[2].
MAIS LES OFFRES D’EMPLOI RESTENT ENCORE NOMBREUSES
Au 2ème trimestre 2022, les offres d’emploi sont restées dynamiques[3], mais, au final, la part des entreprises ayant finalisé des recrutements de cadres a fléchi par rapport au 1er trimestre 2022 (11% ; -2 pts).
En juillet 2022, le site de l’Apec aurait enregistré +20% d’offres d’emploi par rapport à juillet 2021[4].
Ce chiffre provient principalement de la mobilité des cadres (démissions, reconversions, etc.) et, en second lieu, de la création de nouveaux postes de cadres.
Comme 34% des cadres affichent leur intention d’entreprendre des démarches pour changer d’entreprise dans les 12 mois, la mobilité demeure à l’ordre du jour.
DES DIFFICULTÉS DEMEURENT POUR RECRUTER DES CADRES
Selon l’Apec, au 2e trimestre 2022, 82% des entreprises ont déclaré avoir rencontré des difficultés pour recruter des cadres, c’est-à-dire +13 points, par rapport au 1er trimestre.
Au 3e trimestre, le recul des intentions d’embauche n’est pas ressenti par les employeurs comme annonçant une baisse de cette tension.
84% des entreprises jugent qu’il serait « difficile de recruter » (+30 points VS septembre 2020) !
Reste à savoir quel est la nature des difficultés : délai de recrutement, nécessaire évolution des postes proposés, niveau des rémunérations à revoir, qualité des conditions de travail à préciser, etc. et quelle part des postes cadres n’a pas été pourvue finalement.
DES CADRES INQUIETS POUR LA SITUATION ÉCONOMIQUE
61% des cadres se déclaraient inquiets pour la situation économique de la France, en juin. Cette opinion a progressé + 10 pts par rapport à décembre 2021.
Les données économiques expliquent cela.
La hausse des taux d’intérêt, l’augmentation du coût de l’énergie, l’augmentation des prix des services, la baisse de la consommation due à l’inflation, etc. devrait ralentir une part au moins des activités.
L’inflation est à 6,1% sur les douze derniers mois en juillet 2022.
Le produit intérieur brut (PIB) a augmenté de +0,5% au second trimestre 2022, après un recul de -0,2% sur le premier. L’objectif de croissance demeure de 2,5% pour 2022, selon le ministre de l’Économie[5]. Le troisième trimestre devrait être positif, le quatrième reste incertain.
[1] Baromètre trimestriel de l’Association pour l’emploi des cadres (APEC), publié lundi 29 août.
[2] Part des entreprises ayant recruté au moins un cadre au dernier trimestre (Apec).
Ensemble | 11% |
TPE | 3% |
PME | 19% |
ETI –Grandes entreprises | 65% |
Perspectives de recrutement – Part des entreprises ayant l’intention de recruter au moins un cadre au prochain trimestre (Apec).
Ensemble | 10% |
TPE | 6% |
PME | 15% |
ETI –Grandes entreprises | 54% |
[3] « Le volume d’offres d’emploi cadre publiées sur apec.fr est resté très bien orienté au regard de son niveau d’avant crise sanitaire (+ 18 % par rapport au 2e trimestre 2019). »
[4] Au 3ème trimestre, en dépit de la saison estivale, ce volume reste élevé avec +20% d’offres en juillet 2022 par rapport à juillet 2021.
Les industries auraient enregistré la plus forte hausse avec +32%, soit plus de 5 000 offres à pourvoir.
[5] « L’objectif de croissance de 2,5% pour 2022 est toujours réalisable. La croissance ralentit, mais elle ne flanche pas. » – (OFCE)
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