Les mesures du chômage de la Dares/Pôle emploi et de l’Insee diffèrent, mais elles ne doivent pas être opposées.
Elles apportent deux regards sur la même réalité, avec des outils distincts :
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Une enquête mensuelle sur un échantillon assez partiel (Insee selon procédure BIT), d’un côté et
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Une liste nominative d’inscrits à Pôle emploi dans le mois en cours (Dares/Pôle emploi), de l’autre.
Les chiffres n’ont aucun rapport direct.
Certains responsables politiques ou économique, comme des journalistes, jouent souvent sur des résultats en mélangeant tout ou en mettant en avant des évolutions peu significatives à très court termes (sans même compter les évolutions de collecte des données).
DES POPULATIONS D’ACTIFS SANS EMPLOI NE SONT COMPTABILISES
Il faut ajouter un élément important est que des populations d’actifs sans emploi ne sont comptabilisés dans aucun système :
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A commencer par les jeunes terminant leurs études en 2022 (de l’ordre de 700 000) ; ils ne s’inscrivent pas à Pôle emploi, faute d’y avoir été invité,
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Des personnes souhaitant reprendre une activité sans être référencées,
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Des personnes ayant dérochées auxquelles il convient d’apporter des opportunités, etc.
La conclusion est qu’il faut prendre tous ces chiffres, avec un grand intérêt, tout en étant conscient de leur caractère relatif.
Ce qui doit demeurer : c’est le constat d’ordres de grandeur :
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La permanence d’un chômage de masse en France,
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Une pénurie de millions d’emplois, en particulier dans la production,
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Une situation économique insatisfaisante (dont une balance commerciale catastrophique) par rapport à celle de pays voisins.
Une part de l’opinion oublie ou minore cette réalité sociale de la trop grande absence d’emploi pour des motifs distincts : promotion du gouvernement en poste (avec évocation du « plein emploi »), organisations patronales défendant une image économique positive et enfin, très nombreux salariés du privé en CDI ou fonctionnaires considérant leur situation comme plutôt satisfaisante.
L’INSEE DÉNOMBRE 12% DES ACTIFS SANS EMPLOI.
La situation de l’emploi en France semble avoir atteint un plateau entre la fin 2021 et la moitié de l’année 2022.
L’enquête Insee sur le 2nd semestre 2022[1] indique que près de 12% des actifs seraient sans emploi[2] (4,15 millions), au sens du BIT.
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D’une part, 2,3 millions sont au chômage, soit un taux de chômage de 7,4%[3].
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D’autre part, 1,9 million sont dans le « halo du chômage », soit 4,5%.
Depuis le 1er trimestre, ces chiffres se sont stabilisés, avec une petite augmentation de +0,1 point.
Cette progression est due en grande part au public des jeunes (15-24 ans) qui a progressé sensiblement pour atteindre plus de 24% et 1,1 million de personne[4].
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Taux de chômage jeunes : 17,8% (+1,3%).
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Halo du chômage jeunes : 6,50% (+0,4%).
D’une manière plus large, la part des jeunes de 15 à 29 ans « ni en emploi ni en formation (NEET) » demeure de 12,1%.
1 883 000 PERSONNES INACTIVES DANS LE « HALO DU CHÔMAGE »[5].
On distingue :
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D’une part, 500 000 personnes en recherche active d’un emploi dans le mois précédent, et non disponibles pour travailler dans les deux semaines.
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D’autre part, 1 385 000 personnes sans recherche active d’emploi dans le mois précédent, souhaitant un emploi : 747 000 disponibles pour travailler dans les deux semaines, 638 000 non disponibles pour travailler dans les deux semaines.
LE TAUX D’EMPLOI RESTE STABLE A 68%.
En moyenne au deuxième trimestre 2022, le taux d’emploi des 15-64 ans est stable à 68,0%.
Il reste bien inférieur à celui de pays de l’Union européenne, comme l’Allemagne, l’Autriche, le Danemark, les Pays-Bas ou la Suède.
Ces 68% d’actifs en emploi se répartissent comme suit :
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49,6% sont des salariés en CDI (-0,2 point sur le trimestre),
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5,7% en CDD,
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2,3% des alternants,
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1,5% des intérimaires.
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8,5% sont des indépendants.
Plus de 80% des personnes en emploi se trouvent dans une position a priori stable.
Cette répartition des situations professionnelles contribue à expliquer les résultats de certaines études d’opinion quant au chômage et à la précarité d’une part de la population.
Au deuxième trimestre 2022, ce taux d’emploi de 68% se divise en :
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56,7% d’emploi à temps complet et
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11,4% à temps partiel[6].
[1] Insee – Informations rapides – No 210 – 12/08/2022 – Chômage au sens du BIT et indicateurs sur le marché du travail (résultats de l’enquête emploi) (BIT) – deuxième trimestre 2022.
[2] Nombre des actifs de 15-64 ans au second trimestre 2022.
Effectif | Taux | Évolution
trimestrielle |
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Chômage | 2 265 000 | 7,4% | +0,1 point |
Halo | 1 883 000 | 4,5% | +0,1 point |
Total | 4 148 000 | 11,9% | +0,1 point |
[3] « Le taux de chômage au sens du BIT est ainsi quasi stable (+0,1 point) à 7,4% de la population active en France (hors Mayotte), retrouvant le même niveau qu’au quatrième trimestre 2021. Il est inférieur de 0,5 point à son niveau du deuxième trimestre 2021 et de 0,8 point à celui d’avant la crise sanitaire (fin 2019). »
[4] Nombre des actifs de 15-24 ans au second trimestre 2022.
Effectif | 15-24 ans | Évolution trimestrielle | |
Chômage | 592 000 | 17,80% | +1,3 point |
Halo | 511 000 | 6,50% | +0,4 point |
Total | 1 103 000 | 24,3% |
Données CVS en moyenne trimestrielle
[5] Champ : France hors Mayotte, personnes vivant en logement ordinaire, de 15 ans ou plus – Source : Insee, enquête Emploi
[6] Elle se situe « au-dessous de son niveau d’avant-crise. Cela traduit un nombre de personnes à temps partiel souhaitant travailler plus d’heures et disponibles pour le faire, qui représentent l’essentiel du sous-emploi ».
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