La Fonction publique d’État recourt de manière croissante aux recrutements de contractuels. Cette pratique pose problème, car elle apparait suivre des règles très différentes, dans chaque ministère.
Le cas des recrutements dans l’Éducation nationale attire de nombreux commentaires :
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Dans la mesure où le nombre de salariés concernés est important et
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Parce que le rythme annuel des recrutements fait les titres des médias à l’occasion de chaque rentrée scolaire.
L’EXEMPLE DE L’ÉDUCATION NATIONALE
Suite aux résultats des concours enseignants de 2022, plus de 4 000 postes n’ont pas pu être pourvus, sur les 27 300 postes ouverts dans les établissements d’enseignements public et privé, soit près de 15%.
Les postes non pourvus se concentrent dans quelques disciplines du secondaire et dans deux académies pour le primaire, faute de candidats d’un niveau suffisant pour exercer leur métier.
Objectivement, la proportion des contractuels dans le primaire reste anecdotique et reste à moins de 10% dans le secondaire.
Officiellement, il manque :
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1 à 1,5% enseignants, dans l’enseignement primaire, sur 380 000 postes enseignants et
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8 à 9%, enseignants dans le secondaire, sur 489 600 professeurs du second degré[1].
En conséquence, le ministère de l’Éducation nationale a eu recours au recrutement d’enseignants contractuels pour pourvoir les postes vacants avec l’objectif : « un professeur devant chaque classe ».
LE RECRUTEMENT D’ENSEIGNANTS CONTRACTUELS
Plusieurs modes de recrutement ont été suivis :
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La recherche d’une fidélisation des enseignants contractuels de l’année passée, avec une prolongation de leur contrat jusqu’au 31 août et leur renouvellement à la rentrée[2] (sans interruption de leur contrat interrompu pendant l’été).
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Des recrutements effectués au mois de juin sur entretiens organisés dans des académies où les manques étaient importants (Créteil et Versailles). L’Éducation nationale aurait recours pour cette année scolaire à environ 3 000 nouveaux contractuels.
Le ministère a également dû avoir recours aux listes complémentaires des concours de professeurs[3] « à la suite des défections et des démissions des lauréats reçus [au printemps 2022] sur les listes principales ».
L’éducation nationale a besoin d’un volant d’enseignants contractuels pour fonctionner (remplacements ponctuels, etc.), mais la proportion de ceux-ci apparait aujourd’hui forte puisqu’elle a eu tendance à progresser.
UN CONCOURS EXCEPTIONNEL SERA ORGANISE POUR TITULARISER DES CONTRACTUELS
Le ministre a annoncé qu’un concours exceptionnel sera organisé pour titulariser des contractuels au printemps 2023[4].
Il reste à en connaitre le détail : effectifs concernés, ciblage disciplinaires ou académique, niveau initial et expérience d’enseignement, formation assurée, etc.
LES PERSPECTIVES DE LA POLITIQUE RH RESTENT A BIEN PRÉCISER
Dans les années à venir, les modes de formation des enseignants semblent devoir être remis à en cause, pour la nième fois depuis les dernières décennies.
Mais le plus important est sans doute le nécessaire réexamen complet du système éducatif permettant :
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De contrôler les acquis dans les disciplines fondamentales, avec des examens extérieurs au système éducatif en fin de primaire, de collège et de lycée, et
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De cibler de nouvelles priorités éducatives pour les années à venir, par exemple avec l’introduction généralisée de l’enseignement de l’informatique dans les établissements.
Dans cette perspective, la consolidation du recrutement d’enseignants à l’identique pourrait ne pas apparaitre comme une priorité !
La politique RH de l’Éducation nationale semble à revoir dans son ensemble pour tenir compte en particulier :
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De la réelle mobilité des enseignants (en gérant les sorties des enseignants qui le souhaitent),
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De la diversification des disciplines avec de nouveaux profils,
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De l’ouverture à des personnes confirmées voire à des séniors, etc.
[1] En 2008, il y avait 20 000 enseignants contractuels (2,8% des effectifs) ; en 2020, ils étaient 38 000 (5% des enseignants).
[2] « La vaste majorité de nos enseignants contractuels enseignaient déjà l’année passée, voire les années précédentes. On peut estimer que 80 % à 90 % des enseignants contractuels ont déjà une expérience d’enseignement » – M. Ndiaye.
[3] Comprenant des candidats qui ont passé le concours en 2022 et n’ont pas été reçus.
[4] « Nous allons ouvrir, au printemps 2023, un concours exceptionnel de titularisation d’un certain nombre de ces enseignants [contractuels], selon des modalités qui seront bientôt précisées. »
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