UNE CRITIQUE DE L’ENQUÊTE BMO
Chaque année, l’enquête Besoins en Main-d’œuvre (BMO) est réalisée par Pôle emploi, avec l’ensemble de ses directions régionales et le concours du Crédoc.
En cela, cette enquête est l’un des indicateurs annuels sur l’évolution du marché du travail en France.
Elle est à prendre telle quelle, mais en émettant tout de même plusieurs commentaires critiques.
D’une part, elle ne compare pas les intentions d’embauches avec une estimation des fins de postes (fin de contrats, ruptures volontaires ou imposées, retraites, etc.). Elle ne permet pas d’estimer le niveau potentiel des créations ou suppressions d’emploi.
D’autre part, elle mélange des postes de nature très différents, ce qui réduit sérieusement l’analyse. On compte d’emplois durables aux emplois saisonniers, des emplois à faible qualification à des emplois très qualifiés, de métiers à forts recrutements à des métiers de niche, etc.
Ensuite, la notion avancée de « difficultés de recrutements » reste une notion floue. On ne sait s’il agit d’apprécier l’allongement de la durée du recrutement, la nécessité de faire évoluer l’offre pour trouver des candidats ou bien de préciser la proportion de postes finalement non pourvus.
Enfin, la nécessité de conduire des actions de formation professionnelle en vue de pouvoir pourvoir certains postes n’apparait pas.
STABILITÉ DANS LES INTENTIONS D’EMBAUCHES EN 2023, SELON PÔLE EMPLOI
L’enquête « Besoins en main-d’œuvre (BMO) » des entreprises de Pôle emploi indique une stabilité des intentions d’embauches en 2023 à hauteur de plus de 3 millions[1].
La prévision est de 3,04 millions d’embauches potentielles, soit un volume équivalent à celui de 2022 (-0,2%).
En 2023, 54,3% des projets de recrutement anticipés devraient donner lieu à des CDI, soit une proportion identique à celle de l’année 2022.
72% à des emplois durables. 28% des intentions concernent des emplois saisonniers.
EN 2023, 31% DES ÉTABLISSEMENTS ENVISAGERAIENT D’EMBAUCHER.
C’est-à-dire une baisse de -1,8 point par rapport à 2022 :
-
Moins de 10 salariés : 49% (-2 points)
-
10 à 49 : 22% (-1)
-
50 à 199 : 16%
-
200 salariés et plus : 13% (-1)
Cette affirmation ne correspond pas aux données récentes sur les recrutements des TPE début 2023.
La raison peut tenir au poids des saisonniers dans ces petites entreprises.
2,2 MILLIONS DE PROJETS DE RECRUTEMENT, NON SAISONNIERS, POUR 2023.
Les prévisions d’embauches par secteur, hors emplois saisonniers, portent de 2,2 millions de poste[2], dont :
-
Services aux particuliers : 790 000 ;
-
Services aux entreprises : 605 000 ;
-
Commerce : 279 000 ;
-
Industrie : 237 000 ;
-
Construction : 246 000 ;
-
Agriculture : 42 000.
L’enquête de Pôle emploi liste dix métiers qui comportent un nombre important de projets de recrutement non saisonniers pour 2023[3].
Ceux-ci totalisent de l’ordre du quart des intentions de recrutements.
Ce sont les suivants :
-
Des agents d’entretien de locaux: 80 580 ;
-
Des aides à domicile et aides ménagères: 75 630 ;
-
Des métiers de santé: infirmiers : 41 000 et aides-soignants : 69 690 ;
-
Des métiers de l’hôtellerie restauration: aides et apprentis de cuisine, employés polyvalents de la restauration : 71 190, serveurs de cafés restaurants : 51 080, cuisiniers : 37 490 ;
-
Des ouvriers non qualifiés de l’emballage et manutentionnaires: 47 640 ;
-
Des secrétaires bureautiques et assimilés: 41 130 ;
-
Des ingénieurs et cadres d’étude, R&D en informatique, chefs de projets informatiques: 40 660.
Seule cette dernière catégorie, nécessitant des diplômes à bac+5 et plus, apparait dans cette enquête.
DES RECRUTEMENT DIFFICILES EN 2023 SELON LES BRANCHES ET LES MÉTIERS[4]
En 2023, les employeurs anticipent des « difficultés » de recrutement pour 61% de leurs projets, soit une augmentation de 3,1 points par rapport à 2022.
Les chiffres varient par secteur, avec un point haut pour la Construction (74%)[5].
Plus précisément, par métier, les difficultés à recruter culminent pour :
-
Des professions de santé: Vétérinaires (89%), Pharmaciens (87%) et Sage-femmes (83%) ;
-
Dans des métiers de la construction: Couvreurs (87%), Charpentiers bois (87%), Professionnels du travail de la pierre (83%) et Géomètres (86%) ;
-
Pour les aides à domicile et aides ménagères (85%) ;
-
Pour des métiers du métal: Chaudronniers, tôliers, traceurs, serruriers, métalliers, forgerons (82%), Carrossiers automobiles (82%).
Selon les recruteurs, les motifs des difficultés seraient un nombre insuffisant de candidats (85%), le profil inadéquat des candidats (79%), les conditions de travail (37%), le déficit d’image (23%), les procédures internes (16%) ou l’accès au lieu de travail (16%).
[1] Pôle emploi – Enquête « Besoins en main-d’œuvre (BMO) » des entreprises : stabilité des intentions d’embauche en 2023 à plus de 3 millions – 07/04/2023
Enquête Besoins en Main-d’œuvre 2023 : Chaque année, Pôle emploi adresse un questionnaire aux établissements afin de connaître leurs besoins en recrutement par secteur d’activité et par bassin d’emploi. Sur les 2,4 millions établissements entrant dans le champ de l’enquête, près de 424 000 réponses ont été collectées et exploitées pour la France entière.
L’enquête Besoins en Main-d’œuvre (BMO) est une initiative de Pôle emploi, réalisée avec l’ensemble des directions régionales et le concours du Crédoc. Cette enquête mesure les intentions de recrutement des employeurs pour l’année à venir, qu’il s’agisse de créations de postes ou de remplacements. De plus, ces projets concernent tous les types de recrutement, y compris les postes à temps partiel et le personnel saisonnier. L’enquête BMO 2023 a été réalisée entre octobre et décembre 2022 dans les 13 régions métropolitaines et 5 départements d’outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion, Mayotte).
[2] Les projets de recrutement portent sur les secteurs suivants (part d’emplois saisonnier en %) : Services aux particuliers : 1 164 530 (32,1% d’emplois saisonnier) ; Services aux entreprises : 716 270 (15,5%) ; Commerce : 370 300 (24,6%) ; Industrie : 281 580 (15,9%) ; Construction : 261 000 (5,8%) ; Agriculture : 245 740 (82,9%).
[3] https://statistiques.pole-emploi.org/bmo/bmo?graph=4&in=2&le=0&tu=10&pp=2023&ss=1
[4] https://statistiques.pole-emploi.org/bmo/bmo?graph=4&in=4&le=0&tu=10&pp=2023&ss=1
[5] Difficultés à recruter en 2023.
Secteurs regroupés | Difficultés à recruter |
Construction | 74,00% |
Industrie | 63,10% |
Services aux particuliers | 60,40% |
Services aux entreprises | 59,80% |
Agriculture | 57,20% |
Commerce | 57,10% |
Total | 61,00% |
Pas de commentaire sur “BMO : Pôle emploi estime les intentions d’embauches pour 2023.”