Les mesures de réductions budgétaires, les incertitudes sur les collectivités locales et la diminution du nombre d’emplois aidés vont impacter l’emploi dans les associations.
LA SITUATION DES EMPLOIS DANS LES ASSOCIATIONS EN 2013
Selon le rapport annuel, réalisé par l’association Recherches & Solidarités (R&S)[1] à partir des statistiques de l’ACOSS[2] (régime général) et des données du CCMSA[3] (secteur agricole), les chiffres clés pour l’année 2013 sont les suivants :
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164 590 associations employeurs,
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1 812 735 salariés,
- 36,9 milliards d’euros de masse salariale.
Ces chiffres confirment l’importance du secteur associatif qui salarie près de 10% des salariés du privé, 9,7% pour être précis. C’est dire qu’il est plus important que le secteur de la Construction ou celui des Transports
Le nombre moyen de salarié par association est de 11 et le salaire annuel moyen des salariés de 20 375 €.
Le secteur est très divers, d’une part, par la variété de ses secteurs d’activités et, d’autre part, par une implantation territoriale inégale.
LES ÉVOLUTIONS RÉCENTES DE L’EMPLOI DANS LES ASSOCIATIONS
Les effectifs salariés ont augmenté de 2000 à 2010 de 370 000 personnes ; c’est-à-dire proportionnellement plus que le secteur marchand sur la même période. Le secteur a ressenti à contretemps l’impact la crise du second semestre 2008 qui s’est concrétisée, depuis 2010, par une stabilisation autour d’une population salariée de 1 800 000 personnes. La mise en place des emplois aidés, destinés aux associations, a participé à cette stabilisation. Pour sa part, le nombre d’employeur a une légère tendance à diminuer (-420 en 2013 soit -0,3%).
LES PRÉVISIONS D’EVOLUTION DE L’EMPLOI DANS LES ASSOCIATIONS
La prospective sur le nombre des emplois dans les associations pour 2014 puis la période 2015-2017 inquiète nombre d’acteurs et de responsables associatifs.
La raison en est que globalement les associations sont financées pour près de 50% par des fonds publics et que les mesures de réductions budgétaires vont toucher les crédits d’intervention : de l’Etat à la commune en passant par les intercommunalités, les Conseil généraux et les Conseils régionaux.
De plus, conjugués à la baisse des financements, les incertitudes sur le redécoupage territorial, cumulé avec l’attente des décisions sur l’attribution des compétences propre à chaque collectivité, ne vont pas inciter des décideurs à des engagements.
Enfin, le nombre des emplois aidés non marchand est officiellement destiné à diminuer dans les années à venir.
La réduction des dépenses publiques (telle qu’annoncée dans le projet de loi de finances 2015) vont se traduire par des économies sur les emplois (mais dans les limites du possible), sur les investissements[4] et par des réductions des crédits d’intervention dont les subventions aux associations.
Cette tendance est incontestable même s’il semble difficile de chiffrer exactement les conséquences en matière d’emploi dans les associations.
Certains[5] annoncent une diminution de 265 000 postes entre 2014 et 2017 en partant sur la base des 50 milliards de réduction de la dépense publique annoncés entre 2015 et 2017.
Ce chiffre semble trop fort. Mais, la réalité est qu’à ce jour personne ne sait pas comment va se traduire cette réduction de moyens par site et par type d’activités associatives. Elle n’a pas été estimée lors de la décision de réduction des dépenses publiques, pas plus que la réduction des effectifs de la fonction publique territoriale.
Le constat partagé est que cette réduction de financement public devrait avoir pour première victimes de petites associations tandis que les plus importantes pourraient surnager quitte à faire des sacrifices. Il faut bien savoir que peu d’association disposent des fonds nécessaires pour mener des plans sociaux et qu’en l’absence de ces licenciements c’est l’association elle-même qui disparaitra.
L’appel à la diversification des financements[6] revient de manière récurrente avec, en particulier, un appel à trouver des financements privés pour compenser la perte de financement public. L’idée est bonne mais, même là où elle apparait pouvoir se concrétiser, ce qui n’est pas possible dans tous les secteurs, il faudrait avoir du temps pour permettre une montée en charge du financement privé aux associations. Ce temps va manquer même si des efforts ont été entrepris. C’est une piste à termes mais pas une réponse à la baisse des moyens.
La prévision, pour les années qui viennent, de l’impact des réductions de dépenses publiques sur l’emploi dans les associations doit être menée rapidement afin que des mesures soient prises pour anticiper et prévenir un net recul de l’emploi dans ce secteur.
[1]http://www.recherches-solidarites.org/
[2] Caisse nationale du réseau des Urssaf
[3] Caisse Centrale de la Mutualité Sociale Agricole.
[4]Ce sont, sur ce plan, les prestataires et fournisseurs des collectivités qui craignent le choc financier : des travaux publics à l’équipement informatique…
[5] Collectif des associations Citoyennes (CAC) : http://www.associations-citoyennes.net/
[6] Les financements aux associations proviennent globalement des adhésions, de subventions, de dons et de legs, de ventes de prestations ou de produits, etc.
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