Si 2018 doit être l’année des contrôles en matière d’emploi et de chômage, comme annoncé par l’exécutif, nous ne pouvons qu’imaginer combien ces contrôles pourraient être plus divers…
L’appel de l’exécutif au renforcement du contrôle des chômeurs et à l’augmentation des sanctions appliquées[1] à ceux-ci appelle, en effet, à la mise en place d’autres contrôles.
De nombreuses pistes pourraient être proposées concernant les pratiques des employeurs publics et privés ou même des acteurs de l’emploi.
QUELS CONTRÔLES IMAGINER POUR LES EMPLOYEURS ?
Qui embauche vraiment ? Combien d’entreprises affichent des offres d’emploi fictives pour attester de leur bonne santé ?
Combien d’entreprises suppriment, ne remplacent pas ou ne renouvellent pas, des emplois pour des motifs discutables ?
Combien d’entreprises délocalisent les emplois ?
Combien d’entreprises hésitent trop longtemps à embaucher en CDI ?
Etc.
Ces contrôles La tentation de penser, comme certains conseillers ministériels, que le retour au plein emploi est impossible, transparaît dans la communication menée à ce jourpar des associations de chômeurs ou des organisations syndicales…
À QUELS CONTRÔLES SOUMETTRE L’ÉTAT ?
Quelle est la durée moyenne des postes de contractuels dans les fonctions publiques par rapport celle des CDD dans le secteur privé (18 mois) ?
Pourquoi l’obligation de passage des contractuels en CDI au bout de 6 années dans la fonction publique a-t-elle été levée ?
Qui supprime des centaines de milliers d’emplois aidés pour renvoyer ces salariés en situation de difficulté vers l’assistanat pour un cout final presque identique (en indemnisation ou en aide de solidarité) ?
Quels sont les taux de chômage dans les quartiers populaires, qui ont été sortis indûment de liste officielle des quartiers prioritaires de la politique de la ville ? Combien d’entre eux mériteraient de bénéficier à nouveau dans la politique de la ville ?
Combien de jeunes sont orientés vers des diplômes « à faibles débouchés » sans avoir eu une quelconque information pertinente, en amont, de la part de l’État ?
Etc.
La liste concernant l’Etat employeur comme les politiques menées est vraiment trop longue pour figurer dans ce billet...
COMMENT JUGER L’ACTION DES ACTEURS DE L’EMPLOI ?
Combien d’offres d’emploi propose une mission locale à un jeune ? Et au bout de combien de temps ? Avec quel taux de placement ?
Quelle part des demandeurs d’emploi s’est vu proposer des offres correspondant à leur profil ? Quelle proportion de chômeurs s’est vue proposer des formations avec un emploi effectif au bout ? Combien Pôle Emploi place-t-il de candidats sur les offres d’emploi qu’il recueille ?
Dans quelle mesure le ciblage des moyens du Service Public de l’Emploi sur les catégories les plus éloignés de l’emploi a-t-il prouvé sa pertinence ?
Combien de créations d’entreprises générées par les opérateurs de la création d’entreprises sont pérennes ?
Ces contrôles pourraient être conduits par des associations de chômeurs ; ou même par les chômeurs sur un site indépendant mesurant leur satisfaction.
PLUTÔT QUE DE PRIORISER LE CONTRÔLE, IL VAUDRAIT MIEUX APPORTER DES SOLUTIONS EMPLOIS
Au regard de ces pistes imaginaires de généralisation des contrôles sur le marché du travail, on peut s’interroger sur le fait de savoir pourquoi le discours politique devrait se limiter à concentrer les contrôles sur les seuls demandeurs d’emploi parfois démotivés.
La réalité est qu’il n’y a pas un nombre suffisant d’offres d’emploi par rapport à la demande de millions de personnes qui veulent travailler.
Les prévisions de création de nouveaux emplois restent basses, selon l’Insee
La priorité politique devrait être de contribuer à créer davantage d’emplois pour faire baisser le nombre de chômeurs indemnisés et non de tenter de radier plus de 10% des demandeurs d’emploi pour rétablir l’équilibre du chômage[2].
La tentation de penser, comme certains experts, chercheurs de « très haut niveau » et conseillers ministériels, que le challenge du retour au plein emploi est perdu d’avance transparaît dans la politique menée à ce jour.
Ce qui explique le recours à des « ajustements » au premier rang desquels apparait la radiation de chômeurs, le changement du comptage de leur nombre, etc.
[1] Le contrôle des demandeurs d’emploi est nécessaire, mais ce n’est pas une fin en soi. Il peut évidemment être renforcé intelligemment. Sa première priorité doit être de combattre les fraudes qui existent (par exemple un emploi au noir parallèle à l’indemnisation, le retour de demandeurs d’emploi à l’étranger, etc.).
La seconde porte sur la perte éventuelle de contact avec le demandeur d’emploi (absence au rdv à Pôle Emploi, pas de réponse par Mél ou téléphone, défaut d’actualisation, etc.).
Sinon, le plus important semble être, via l’accompagnement, la dynamisation de la recherche d’emploi ou de la création d’activités.
[2] L’Unedic a un déficit autour de 10%.
Pas de commentaire sur “Imaginons quels contrôles sur le marché du travail pourraient voir le jour en 2018 ?”