« Pas question de jouer la politique du chiffre (…) » déclare Muriel Pénicaud, ministre du Travail (Le Parisien – 16 janvier 2018) pour positionner la politique qu’elle conduit.
LA NOUVELLE POLITIQUE DE L’EMPLOI NE DONNE PAS LA PRIORITÉ À L’INSERTION PROFESSIONNELLE DES JEUNES POUR 2018
D’une part, la petite expérimentation des « emplois francs » est ouverte à tous publics sous seule condition la résidence dans les quelques quartiers ciblés ; c’est une mesure de discrimination positive tous publics.
D’autre part, la transformation des contrats aidés en « parcours emploi compétences (PEC) » organisée par la Circulaire du 11 janvier 2018[1] débouche sur un nouveau dispositif privilégiant « les personnes les plus éloignées du marché du travail », mais pas les jeunes.
La circulaire précise les choses de manière explicite : « Ainsi pour les jeunes, la priorité doit être donnée à leur orientation vers des solutions de formation longue, d’alternance ou vers les mesures qui leur sont spécifiquement dédiées ; »
Le discours de la circulaire et le vocabulaire utilisé (par exemple : « inclusion dans l’emploi » ou « mettre fin au traitement conjoncturel du chômage ») ne changent pas profondément la réalité des contrats aidés.
Les emplois aidés pour les jeunes « qui ne veulent pas se former » sont enterrés en niant la réalité d’une part de la population jeune.
CETTE CIRCULAIRE TRADUIT LES DÉCISIONS PRISES DANS LA LOI DE FINANCES 2018
On peut citer les éléments principaux suivants.
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Les CUI–CAE pour le secteur non marchand demeurent et s’inscrivent désormais dans le parcours PEC. Les CUI-CIE pour le secteur marchand ne sont plus prescrits et ceux en cours se poursuivent.
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Les transformations portent sur la forme (comme un entretien tripartite entre salarié, employeur et agent de l’emploi ou une modification des formulaires à remplir),
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Une enveloppe budgétaire prévue pour 200 000 nouveaux contrats uniques d’insertion, contre 310 000 à 320 000 en 2017 et 459 000 en 2016. Il s’agit d’une baisse de 56% du nombre des contrats devant être conclus sur les deux ans. Compte tenu des quotas de postes réservés, d’une part, à l’Éducation nationale[2] et, d’autre part, à l’outremer[3], seuls devraient être signés en métropole 136 000 contrats aidés.
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Une prise en charge en moyenne à 50 % du SMIC (au lieu de 72,5% en 2017, soit une baisse de 30% de l’aide aux employeurs).
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L’accompagnement d’environ 71 000 équivalents temps plein (ETP) dans les structures de l’insertion par l’activité économique (IAE), avec une globalisation des budgets emplois aidés IAE (« fonds d’inclusion dans l’emploi ») qui permettra éventuellement des transferts.
La circulaire précise également que ce dispositif ne devrait être ni l’objet de gel budgétaire ni d’une augmentation en cours d’année, contrairement à ce qui a pu être le cas par le passé…
Il reste maintenant à connaitre le détail et les montants des actions de formation professionnelle qui concerneront concrètement les jeunes (PIC).
LA RÉDUCTION POUR 2018 DES OUTILS OFFERTS AUX ACTEURS DE L’EMPLOI APPARAIT CLAIREMENT
Les professionnels de l’emploi jugeront cette politique en fonction de leur expérience des périodes antérieures et des formules d’emplois aidés qui se sont succédé durant les dernières décennies.
Les professionnels de l’emploi auront, sans aucun doute, la volonté de faire au mieux sur le terrain en fonction des situations rencontrées au niveau du choix des personnes éloignées de l’emploi et du sérieux des employeurs qui suivront les formes imposées par la réglementation, comme à l’accoutumée.
Une fois de plus le contenu d’une Circulaire sera adapté d’une manière pragmatique pour accompagner des chômeurs.
[1] Cette circulaire a été diffusée en amont de la remise du rapport Borello le 16 janvier 2018. Elle est relative « aux parcours emploi compétences et au fonds d’inclusion dans l’emploi en faveur des personnes les plus éloignées de l’emploi. »
[2] 30 500 CUI CAE sont dédiés à l’accompagnement des élèves handicapés.
[3] 22 000 CUI CAE sont réservés à l’outre-mer.
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