UN APPEL POUR LE RECRUTEMENT EXCEPTIONNEL DE TRAVAILLEURS SAISONNIERS A ÉTÉ LANCE
Un appel a été lancé, fin mars[1], par la profession et le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation[2], pour un recrutement exceptionnel de travailleurs saisonniers, pour compenser l’absence de travailleurs étrangers, détachés ou non[3].
Le besoin en saisonniers a été estimé par la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA) à 45 000 saisonniers en mars, 75 000 en avril et 75 000 en mai, soit près de 200 000 postes à pourvoir dans ce premier temps.
La FNSEA a lancé un appel à candidature en collaborant avec une plateforme dédiée intitulé « des bras pour une assiette » : desbraspourtonassiette.wizi.farm (réalisé en partenariat par la FNSEA, l’ANEFA et WiziFarm).
L’appel a également ciblé les personnes disponibles depuis l’arrêt de leur activité : restauration, commerce, etc. Un salarié peut :
« cumuler son indemnité d’activité partielle avec le salaire de son contrat de travail dans la filière agroalimentaire, sous réserve que son employeur initial lui donne son accord pour respecter un délai de prévenance de 7 jours avant la reprise du travail »[4]. « L’employeur de la filière agroalimentaire qui embauche le salarié en activité partielle devra libérer le salarié de ses obligations sous réserve du même délai de 7 jours ».
L’enjeu politique est également de répondre à la crainte d’une pénurie alimentaire[5] qui circule durant la période de confinement.
LES OFFRES CONCERNENT DES CDD SAISONNIERS
Les travaux proposés consistent principalement dans des missions de récolte ou de cueillette. Les offres se trouvant sur la plateforme concernent des missions respectant le droit du travail, et donc toutes rémunérées.
L’employeur propose un contrat saisonnier. C’est-à-dire un CDD, dont la fin du contrat ne peut être fixée avec précision.
Les règles de sécurité par rapport au COVID-19 sont bien précisées dans un Guide dédié : « Accueil des saisonniers : kit de lutte contre le Covid-19 ! » https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/covid-19conseils_saisonnier.pdf
DES CANDIDATURES ONT ÉTÉ RECUEILLIES.
210 000 candidatures auraient été recueillies pour compenser le manque de travailleurs saisonniers dans l’agriculture ou de salariés dans l’agroalimentaire et la logistique, selon le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation.
Près de 5 000 agriculteurs recruteurs seraient en train d’organiser le placement des candidats sur leurs offres, principalement sur un critère de proximité. Le nombre d’employeurs participants semble assez faible.
Par ailleurs, la plate-forme mobilisationemploi.gouv.fr du gouvernement, animée par Pôle emploi, fonctionne entre autres sur les secteurs « agriculture » et « agroalimentaire »[6].
L’activité de l’agriculture et de l’agroalimentaire suppose également le bon fonctionnement d’autres secteurs comme l’approvisionnement en alimentation du bétail, en engrais, en produits sanitaires, l’eau, l’énergie, les transports et la logistique, la gestion des déchets, etc. Il existe une très forte imbrication de tous ces secteurs d’activité.
LA QUESTION DE L’INDÉPENDANCE ALIMENTAIRE DE LA FRANCE EST POSÉE.
Le président de la République l’a reconnu en affirmant a dit qu’il y :
« avait des biens et des services qui ne doivent pas être placés hors de notre contrôle. Déléguer notre alimentation et notre santé est une folie. Nous devons reprendre le contrôle de la sécurité alimentaire. La France et l’Europe doivent être souveraines et tenir leur destin en main. Cela nécessitera des décisions de rupture. Je les assumerai ». (12/03/2020)
La production agricole et les industries de transformation doivent donc être relancés.
Des questions politiques vont devoir trouver des réponses en rapport, au niveau de l’Union européenne, comme le niveau du budget de la PAC (Politique Agricole Commune) à partir de 2021, la nature de la production (part du bio[7], etc.), l’importance des surfaces cultivées[8], etc.
L’évolution des emplois : indépendants, salariés et saisonniers dans ce secteur dépend des décisions qui seront prises.
Lire le billet : QUELLE EST LA SITUATION DE L’EMPLOI AGRICOLE ? – 26/02/20 –https://bit.ly/3c6g6Cu
[1] « Dans les premiers jours, nous avons eu l’impression que la grande distribution était la solution à tout. Et que la production agricole et les industries de transformation passaient au second plan. » – La Présidente de la FNSEA
[2] « Je lance un grand appel aux femmes et aux hommes qui ne travaillent pas, qui sont confinés chez eux, qui sont serveur dans un restaurant, hôtesse d’accueil dans un hôtel, coiffeur de mon quartier, qui n’ont plus d’activité… Et je leur dis de rejoindre la grande armée de l’agriculture française, ceux qui vont nous permettre de nous nourrir de façon propre, saine ». Le ministre de l’Agriculture.
[3] « Traditionnellement, La main-d’œuvre vient d’Afrique du nord, d’Europe centrale et orientale, mais aussi de Turquie. » – La Présidente de la FNSEA
[4] « Les demandeurs d’emploi ou les indépendants dont l’activité a été stoppée sont évidemment les premiers concernés par ces opportunités d’emploi dans la filière. Mais, en cette période de ralentissement pour l’économie, des salariés employés par des entreprises en baisse d’activité sont également susceptibles de répondre aux besoins intenses en recrutement de la filière. C’est pourquoi les dispositions législatives et réglementaires, prises en application de la loi du 23 mars 2020 d’urgence pour faire face à l’épidémie de covid-19, prévoiront un dispositif simple et exceptionnel, permettant aux salariés qui subissent une mesure d’activité partielle de conclure un contrat de travail avec une entreprise du secteur. » Communiqué du 24/03/20
[5] Le ministre a ainsi appelé les Français à manger des produits de saison, et en circuits courts : « Je dis aux Français : il n’y aura pas de pénurie. Achetez des produits frais, des légumes, des produits lactés pour encourager celles et ceux qui travaillent. »
[6] Exemple d’offre : Ouvrier agricole polyvalent / Ouvrière agricole polyvalente (H/F) – Gaec : exploitation Bovin viande de race – Contrat à durée déterminée de 3 mois – Mensuel de 1 540 € – 35h horaires normaux
[7] « La FNSEA est en faveur de l’amélioration des pratiques et de la certification des exploitations. Mais ceux qui pensent que l’on peut nourrir la France ou la planète avec le bio se trompent. » – La Présidente de la FNSEA
[8] Dans le « green deal » de la Commission européenne, il était question de retirer 10 % des terres de la production.
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