La présentation des chiffres du chômage donne souvent lieu à des sous-estimations volontaires. Les communicants empruntent plusieurs moyens très simples pour minorer les chiffres du chômage lors de leur annonce mensuelle.
La première formule consiste à présenter les seuls chiffres de la catégorie « A » comprenant des personnes « sans emploi et immédiatement disponible ».
Ce n’est pas faux à proprement parler mais cette donnée ne décrit pas la réalité du nombre total de demandeurs d’emploi. Pour donner des exemples, un chômeur, qui travaille en intérim trois jours dans le mois, bascule dans la catégorie B et s’il dépasse les 10 jours travaillés, par exemple en CDD, il est transféré en catégorie C.
Depuis le 1er octobre 2014, le nouveau régime de l’assurance chômage a enlevé les freins à la signature de contrats courts par les demandeurs d’emploi, ceux-ci peuvent les prendre sans perdre de bénéfice de leurs droits.
Cette disposition positive va structurellement conduire à faire passer des chômeurs de la catégorie « A » à la catégorie « B » ou « C » même s’ils restent des chercheurs d’emploi stable. De ce fait, le nombre de demandeurs de catégorie « A » fléchira probablement et les effectifs de la catégorie « B » augmenteront sans que la situation change réellement.
Il semble plus pertinent de cumuler les effectifs des « personnes tenues à des actes de recherche d’emploi », c’est-à-dire l’ensemble des catégories A, B et C.
La DARES procède d’ailleurs ainsi puisqu’elle présente chaque mois, successivement, les chiffres des catégories A, puis les catégories « A+B+C » et, enfin, l’ensemble de A à E. Mais, ces chiffres des inscrits à Pôle Emploi ne sont pas forcément tous repris. Il est vrai que le détail est complexe, comprend beaucoup de chiffres et de pourcentage. Il ne se prête pas à une communication grand public.
Notons, par ailleurs, que les demandeurs d’emploi bénéficiant d’un plan social se trouvent en Contrat de Sécurisation Professionnelle (CSP) ; et sont classés en catégorie E (dont les effectifs sont en forte croissance) et non en catégorie A, B ou C.
Le second moyen consiste à annoncer les seuls chiffres de la seule France métropolitaine, en « oubliant » les chiffres des départements d’outre-mer… pour alléger le total.
La note mensuelle de la DARES est assez biaisée puisqu’elle présente le détail des chiffres pour la France métropolitaine, mais pas le détail avec les chiffres des DOM. Ce procédé peut surprendre.
Le troisième moyen pratique consiste à radier des demandeurs d’emploi des listes des inscrits à Pôle Emploi.
C’est généralement le cas des chiffres du mois d’aout qui sont plus faible faute d’une actualisation suffisante de la part des chômeurs. C’est l’objectif des procédures de radiation automatique.
Enfin, sur un autre plan, la définition des catégories de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi a été changée.
Les catégories administratives (de 1 à 8) ont été remplacées par des catégories statistiques de A à E (voir les définitions dans la Fiche). Ces changements de mode de mesure ont permis, de fait, de rebattre les cartes.
La courbe du nombre des demandeurs d’emploi sur ces dix dernières années s’avère, pour le moins, difficile à établir…
D’autres chiffres, sont également à considérer avec précaution. Le « taux de chômage » de l’INSEE est issu d’une enquête. Il est calculé sur le nombre de personnes potentiellement actives à une date donnée qui relève d’une estimation. Ce n’est qu’un indicateur, même son évolution est intéressante. Il répond à une autre méthodologie de calcul que celui de la DARES et Pôle Emploi. L’écart entre les deux sources est constant.
2 commentaires to “Comment minorer des chiffres du chômage à leur présentation ?”
29 novembre 2014
Michel AbhervéVous avez tout raison et c’est pourquoi je m’efforce quand j commente les chiffres
De ne pas confondre inscrits à Pôle emploi et chômeurs
De prendre en compte l’ensemble A B et C
D’intégrer l’outre-mer
Voir par exemple 6 256 900
sur http://alternatives-economiques.fr/blogs/abherve/2014/11/28/7810/
Vous pourriez ajouter que la pratique actuelle est la poursuite de celle qui existait avant 2012
29 novembre 2014
Daniel LamarJe suis bien d’accord avec vous que cette pratique est ancienne et existait bien avant 2012.Les chiffres mensuels de la DARES pourraient être plus complets (des données manquent) et mettre en avant quelques chiffres clés pour que le traitement par les médias soit plus exact.