PÔLE EMPLOI CONSTATE PEU D’ABANDONS DE RECRUTEMENT.
Selon l’étude menée par Pôle emploi, les offres d’emploi abandonnées se situent à un « niveau extrêmement modeste »[1].
Parmi les offres d’emploi déposées au 3ème trimestre 2021[2],
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86% ont été pourvues[3],
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5% faisaient encore l’objet d’un recrutement en cours (avec parfois une embauche suivie d’une rupture de la période d’essai),
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6% abandonnées faute du « bon » candidat[4] (manque d’expérience et/ou de motivation, problèmes géographiques, etc.),
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3% ont été annulées du fait de la disparition du besoin.
Les abandons ont eu un impact « marginal » sur le niveau de l’emploi est par rapport aux 28 millions de Français en emploi, selon le responsable des statistiques de Pôle emploi.
Pour 9 millions de recrutements de plus d’un mois effectué, les abandons, se situent dans une fourchette entre 255 000 et 390 000 renoncements ; C’est-à-dire 180 000 à 273 000 postes en équivalent temps plein EQPT.
Les raisons pour lesquelles les offres n’ont pas été pourvues sont diverses.
MAIS DES DIFFICULTÉS DE RECRUTEMENT SONT RESSENTIES.
La hausse du nombre des recrutements suite à une période d’arrêt a fait croitre la concurrence entre recruteurs dans la période de la reprise d’activité.
68% des employeurs disent constater des « difficultés de recrutement », de nature très variable (la proportion était de 57% en 2018).
Ce ressenti est fort dans la construction (75%) et pour des postes d’ouvriers qualifiés (79%).
« Une difficulté est un ressenti qui ne préjuge pas de l’issue du recrutement. Au final, l’embauche se fait et dans les bons délais, mais pas dans les conditions imaginées au départ » – Pôle emploi.
De nombreux employeurs déclarent avoir :
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Élargi leur recherche à des profils différents, en réduisant leurs exigences en termes d’expérience, de niveau ou de champ de formation.
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Amélioré les conditions matérielles de leur offre : tiers a augmenté la rémunération proposée, un tiers a proposé de meilleures conditions de travail.
LES DÉCLARATIONS EXCESSIVES SUR LES DIFFICULTÉS DE RECRUTEMENT SONT DE NATURE POLITIQUE
Les diverses déclarations sur ces difficultés, allant du Medef à la Banque de France en passant par le président de la République, sur les pénuries de candidats correspondent davantage à une démarche politique qu’à une photo de la réalité.
Cette communication a pour but de promouvoir une image de la reprise économique, même si celle-ci est limitée par rapport à 2019.
Elle cherche à prouver la réussite du gouvernement dans le contexte de la période électorale de 2022.
Elle vise à mettre en cause des demandeurs d’emploi qui ne voudraient pas travailler et ainsi à justifier la mise en œuvre de la réforme de l’assurance chômage dont les effets ne seront pas mesurables avant les élections.
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Cette analyse ne gomme pas les efforts à mener, en particulier quant aux choix des formations à délivrer aux salariés et aux chercheurs d’emploi. Mais l’absence d’une vision claire sur les priorités de formation à mettre en œuvre, en fonction des besoins présents, manque tant au niveau de la formation initiale que de la formation professionnelle…
[1] Cette étude sur les offres d’emploi clôturées entre juin et septembre 2021 de Pôle emploi a été publiée le 10 février 2022.
[2] Pôle Emploi a calculé cette fourchette en extrapolant sur les offres d’emploi clôturées (pourvues ou abandonnées) au troisième trimestre 2021, dans un contexte où le marché de travail reprenait vie avec la levée de restrictions sanitaires en juin.
[3] Dans la moitié des cas le poste a été pourvu en moins de 45 jours ; dans les trois quarts des cas, en moins de trois mois (92 jours), c’est-à-dire plus rapidement qu’en 2018 (105 jours).
[4] Contre 4,9% en 2018.
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