France Travail vient de publier son enquête annuelle « Besoins en main-d’œuvre (BMO) » sur les intentions d’embauche en 2024[1].
BMO constitue un indicateur, important et de qualité, concernant le marché de l’emploi en examinant l’évolution des chiffres que l’enquête présente par rapport aux années précédentes.
L’enquête a identifié 2,78 millions intentions de recrutement pour 2024, dont 1,95 millions hors projets saisonniers.
BMO 2024 conclut que :
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Les intentions de recrutement des employeurs diminuent (-8,5%), par rapport à 2023[2], c’est-à-dire une baisse de -257 000 intentions. « Le volume de projets diminue quelle que soit la taille de l’établissement.[3]»
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Un recul important des intentions d’embauche en CDI de -16 points (38,2% des intentions de recrutement contre 54,3% en 2023). Il est même inférieur au 45,2% des intentions en 2019.
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La proportion d’entreprises ayant des projets d’embauches baisse de près de 3 points (28,2% en 2024 contre 31,0% en 2023).
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Les difficultés de recrutement attendues par les employeurs baissent de 3,6 points par rapport à 2023, mais restent fréquentes dans plus de la moitié des cas[4].
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Près de deux tiers des intentions d’embauche sont prévues dans les services aux particuliers (39% des intentions) et aux entreprises (24%)[5]. Industrie et Construction sont en recul.
La diminution des embauches en emploi stable envisagés[6] découle de la baisse de nouvelles activités. Les deux tiers des CDI prévus visent à remplacer des salariés partis définitivement.
Le surcroît d’activité ponctuel est le premier motif de recrutement en 2024.
PRENDRE LES CHIFFRES POUR CE QU’ILS SONT…
Au-delà de ces constats généraux, il est nécessaire de consulter les résultats de BMO en prenant du recul.
En effet, on peut lire des commentaires parfois inexacts sur les chiffres de BMO.
Les recrutements ne concernent pas toujours les mêmes types de contrat, du saisonnier au CDI.
Les flux de recrutement envisagés au moment de l’enquête ne correspondent pas forcément aux recrutements 6 ou 9 mois après.
L’importance du nombre de recrutements dans certains métiers ne correspond pas automatiquement à des difficultés d’embauche sur ces profils.
DES RECRUTEMENTS NOMBREUX DANS CERTAINS MÉTIERS
Les intentions d’embauche devraient rester nombreuses pour :
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Les métiers de l’hôtellerie restauration : serveurs de café, de restaurant (122 000 projets), aides de cuisine et employés polyvalents de la restauration (111 200 projets), cuisiniers (67 000 projets), employés de l’hôtellerie (56 300 projets) ;
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Les métiers agricoles : viticulteurs/ arboriculteurs salariés (98 400 projets), agriculteurs salariés (91 100 projets), jardiniers des espaces verts et naturels (36 700 projets). Il s’agit d’embauches saisonnières ;
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Les métiers de services aux entreprises : agents d’entretiens de locaux (84 200 projets) ;
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Les métiers d’accompagnement et de soins, avec les aides à domicile et auxiliaires de vie (67 600 projets),
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Les professionnels de l’animation socioculturelle (66 700 projets),
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Les personnels de ménage chez des particuliers (41 600 projets),
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Les aides-soignants (58 400 projets), les infirmiers et les sage-femmes (37 200).
ET CERTAINS MÉTIERS QUI RESTENT EN « TENSION »
L’enquête classe certains métiers comme étant en « tension », comme les :
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Pharmaciens ; médecins ; techniciens médicaux et préparateurs ;
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Aides à domicile ;
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Ouvriers qualifiés en conduite d’équipement d’usinage ;
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Ouvriers en chaudronnerie et tôlerie ; soudeurs ;
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Ouvriers en travaux de façade, d’étanchéité et d’isolation ; ouvriers qualifiés en menuiserie et en agencement du BTP ; couvreurs ; charpentiers métal et bois, plombiers chauffagistes ;
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Carrossiers automobiles ; ouvriers mécaniciens de véhicules ;
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Conducteurs de transport en commun sur route.
Les métiers liés au numérique ou de l’informatique ne figurent plus dans cette liste…
[1] Communiqué de presse de la Direction générale de France Travail Paris, le 24 avril 2024 – Enquête « Besoins en main-d’œuvre (BMO) » des entreprises : près de 2,8 millions d’intentions d’embauche en 2024.
L’enquête « Besoins en Main-d’œuvre (BMO) » est une enquête réalisée chaque année par France Travail avec le concours du Credoc portant sur près 2,4 millions d’établissements. Elle est utilisée comme outil d’aide à la décision par France Travail pour mieux connaître les intentions des établissements en matière de recrutements.
426 000 établissements ont répondu à l’édition 2024, dont 20 000 à une enquête complémentaire plus détaillée. Elle décrit les besoins des entreprises par métier détaillé, par secteur d’activité et à un niveau géographique fin, le bassin d’emploi.
[2] Les intentions de recrutement des employeurs diminuent reviennent cependant au niveau de 2019 avant la crise sanitaire.
[3] 7 projets sur 10 sont portés par des établissements de petite taille (moins de 50 salariés).
[4] Les difficultés anticipées de recrutement restent élevées pour certains métiers comme les carrossiers automobiles, les couvreurs ou les aides à domicile et auxiliaires de vie.
[5] Nombre de projets de recrutement en 2024 par secteurs regroupés
Services aux particuliers | 39,3% |
Services aux entreprises | 23,9% |
Commerce | 11,6% |
Industrie | 9,3% |
Agriculture | 8,1% |
Construction | 7,7% |
Source France Travail
[6] Même recul si l’on considère les intentions en emploi durable (CDI et CDD de six mois et plus) avec 61% en 2024 contre 72% en 2023.
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