Des ministres exagèrent la proportion des offres d’emploi qui ne sont pas pourvues, et en font un argument politique pour une réduction de l’indemnisation chômage.
Certes, ces offres existent, mais elles demeurent peu nombreuses selon l’opérateur France travail.
France Travail a mené une enquête « Offres pourvues et abandons de recrutement 2023 » pour évaluer déterminer le devenir des offres déposées[1].
Près de trois millions d’offres d’un mois ou plus ont ainsi été pourvues sur 3,5 millions offres collectées.
En 2023, près de 83% des offres d’emploi de plus d’un mois ont été pourvues, presque comme en 2022 (-0,5%).
« Dans la moitié des cas, ces recrutements se sont réalisés en moins de 47 jours, délai médian identique à celui de 2022. » – France travail
3,7% des offres ont été annulées à la suite de la disparition du besoin ou pour restriction budgétaire.
La part des abandons de recrutement, faute de candidats, est de 6,9% en 2023 (6,2% en 2022).
Cela représente 245 000 abandons, mais seules 161 000 offres concerneraient des offres d’emploi durables (CDI ou contrats de plus de 6 mois).
Cette estimation confirme la présence d’offres non pourvues, mais les offres d’emploi durable ne constituent que 4,5% de l’ensemble.
LA DIMINUTION DE L’ASSURANCE CHÔMAGE POUR CRÉER DES EMPLOIS NE CONVAINC PAS
Le président du Medef a eu l’occasion de dire que la réduction du chômage suite à une diminution de l’indemnisation chômage serait marginale et que l’important était la croissance pour créer davantage d’emplois.
Le Vice-président délégué de l’Association Nationale des DRH a confirmé que :
Il y a bien sûr des personnes qui profitent du système, mais elles sont ultra minoritaires et ces situations, aussi réelles que rares, ne peuvent fonder une politique »[2].
De plus, il a précisé :
« Peut-être faut-il légiférer sur ce sujet, mais dans le cadre d’un plan plus ambitieux autour de la formation, des transitions professionnelles et des anticipations de compétences. »
LA RESPONSABILITÉ DE CERTAINES ENTREPRISES
Par ailleurs, France travail s’interroge sur la part de responsabilité des entreprises dans le fait que certaines offres ne soient pas pourvues.
« Les entreprises ont encore trop souvent une connaissance insuffisante des solutions de recrutement qui sont à leur disposition, alors même qu’elles sont de nature à répondre efficacement à leurs besoins ».
France Travail souhaite renforcer son rôle auprès des employeurs :
« France Travail avec ses partenaires ira à la rencontre des entreprises partout sur le territoire avec une attention particulière pour les PME et les TPE, afin de mieux faire connaître l’offre de services de France Travail, révéler le potentiel de recrutement et promouvoir des profils de candidats.[3] »
Selon l’opérateur, un quart des entreprises font appel à France Travail, toutes tailles d’entreprises confondues.
Ces entreprises qui font appel à France Travail seraient satisfaites des services proposés par leurs conseillers France Travail.
« En 2023, plus de 86% des entreprises se déclarent satisfaites des services de France Travail, en hausse de 3,5 points par rapport à 2022[4].
C’est pourquoi France Travail avec ses partenaires va à la rencontre des entreprises partout sur le territoire avec une attention particulière pour les PME et les TPE, afin de mieux faire connaître l’offre de services de France Travail, révéler le potentiel de recrutement et promouvoir des profils de candidats. »
L’opérateur compte renforcer ses actions auprès des entreprises pour :
« anticiper leurs difficultés de recrutement et faire en sorte de mettre un candidat en face de chaque offre grâce aux dispositifs qui ont fait leur preuve (MRS, Immersions, formations préalables à l’embauche…) …[5]
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