10 000 EMPLOIS, MAINTENUS OU CRÉES.
Un point de situation vient d’être réalisé sur les annonces d’investissements étrangers en France réalisés à l’occasion de l’organisation d’une manifestation, le Sommet Choose France (« choisissez la France »), organisée par le gouvernement[1].
L’impact sur l’emploi devrait être de l’ordre de 10 000 postes, maintenus ou créés.
« Les 15 milliards d’euros d’investissements permettront de créer ou maintenir plus de 10 000 emplois » selon le Directeur Général de Business France[2].
Ce chiffrage de Business France, concernant l’emploi, semble plus réaliste que d’autres.
Le DG de Business France assure que, désormais, en France, « on ouvre plus d’usines qu’on en ferme » et on « embauche davantage d’emplois industriels qu’on en supprime ».
Cela constituerait un tournant, mais les chiffres sur l’emploi sont raisonnables.
Pour les industries et centres de recherche, les projets portent le plus souvent sur des agrandissements d’activités existantes, qui permettent de maintenir les emplois.
« Maintenir et consolider l’emploi déjà existant, c’est là où probablement la France a failli pendant tant de décennies en délocalisant ses industries », selon le directeur général de Business France.
Seulement un quart des projets portent sur la création de nouvelles usines ou de centres de recherche et développement.
Les annonces faites lors de la 7ème édition de Choose France portent sur 56 projets, totalisant un budget de plus de 15 milliards d’euros d’investissements.
La plupart des projets correspondent chacun à un petit nombre d’emploi, mais il existe quelques exceptions.
En 2023, 28 projets avaient été annoncés, pour un total de 13 milliards d’euro.
Selon le gouvernement, entre 2018 et 2023, 122 projets d’investissements ont été rendus publics lors des sessions de Choose France, totalisant 31 milliards d’euros au total.
Le bilan exact des projets d’investissements est difficile à établir, car la plupart des programmes s’étalent sur plusieurs années avec des abandons et des modifications[3].
DE LA PRUDENCE QUANT AUX ANNONCES
La communication de Business France apparait raisonnable (avec 10 000 emplois maintenus ou créés).
Par contre, la communication politique publique, menée par le gouvernement et des médias proches de celui-ci, à propos de Choose France, s’inscrit clairement dans l’exagération au niveau classement, etc.
Les comparaisons entre les investissements étrangers en France, en Allemagne ou en Grande-Bretagne dépendent des critères retenus par les cabinets chargés des études (nombre, budgets, sièges sociaux, emplois, etc.).
C’est cette année plus encore le cas qu’à l’accoutumé, en raison du contexte électoral européen dans le mois qui vient…
Par ailleurs, le contexte évolue. Pour 2023, selon le Baromètre EY, le nombre de projets d’investissement étrangers en France aurait reculé de 5%, par rapport à 2022. Et en Europe, en moyenne, de -4 % par rapport à 2022. Les créations d’emplois associées reculant de -7 %.
Les freins aux investissements proviendraient en France du droit du travail, du système fiscal des entreprises, de l’offre en compétences (selon les projets) et, comme partout en Europe, du coût élevé de l’énergie.
CES PROJETS CONCERNENT TOUT TYPE D’ACTIVITÉ : DE L’INDUSTRIE A LA BANQUE.
Ces projets annoncés « vont représenter une grande diversité de secteurs d’activités et une grande diversité de territoires bénéficiaires d’investissements[4] », selon Business France.
Les projets importants annoncés diffèrent par les montants, les emplois induits, … et surtout le calendrier de confirmation et le délai de réalisation.
Dans la logistique : Amazon (réseau logistique de distribution de colis).
Dans la tech : Amazon (centres de données, pour l’intelligence artificielle) ; Accenture (centres de recherche sur les robots conversationnels) ; IBM (informatique quantique) ; Microsoft (data centers en France) ; etc.
Dans les labos pharmaceutiques : AstraZeneca (décarbonation de lignes de production d’aérosols) ; l’américain Pfizer ; le britannique GSK ; le suisse Novartis ; etc.
Dans l’industrie : KL1 (raffinage de nickel) ; Lilium (assemblage d’un avion électrique) ; FertigHy (production d’engrais azotés sans utiliser de gaz naturel) ; Solvay (production de terres rares, des minerais indispensables à la fabrication des batteries électriques) ; etc.
Dans le secteur bancaire : l’américaine Morgan Stanley ; First Abu Dhabi Bank (Émirats arabes unis) ; Zenith Bank (Nigeria).
[1] Plusieurs centaines de chefs d’entreprises étrangères sont réunis au château de Versailles pour cette manifestation annuelle conçue pour attirer les investisseurs étrangers en France.
[2] Laurent Saint-Martin, Directeur Général de la structure publique, chargée de la promotion économique de la France. « C’est de l’emploi industriel qui se recrée en France »,
[3] Selon le cabinet d’audit EY, la France serait pour la cinquième année de suite pays le plus attractif d’Europe en matière d’investissements étrangers, devant le Royaume-Uni et l’Allemagne.
[4] « les trois-quarts de [ces] projets industriels vont concerner des villes de moins de 20 000 habitants ».
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