Il faudra sans doute attendre 2023 pour retrouver le taux de chômage à son niveau de 2019. Le soutien aux entreprises va disparaitre. La fragilité de certaines entreprises à la sortie de la crise se confirme. Elle présente des risques sociaux. Le plan de relance de l’union européenne porte sur 5 ans. Le plan de relance français annoncé sur 2020-2022 pourrait ne pas mobiliser les 100 milliards d’euros annoncé. L’économie devrait effectivement repartir rapidement, mais à partir d’un niveau relativement bas. Enfin, des changements structurels sont à prévoir touchant durablement : le tourisme, l’hôtellerie, les matériels de transport, etc.

La traditionnelle enquête annuelle de Pôle emploi sur les Besoins en Main-d’œuvre (BMO) des entreprises (réalisée fin 2020) laissait apparaitre des intentions d’embauche en très légère hausse de +1,1% en 2021, par rapport à 2019. Ceci représente 2,7 millions intentions d’embauche en 2021, soit +30 000 par rapport à 2019. La proportion des intentions varie peu entre 2019 et 2020 par secteur. Elle évolue davantage par métiers, mais les mouvements restent limités. Le retour à un flux d’embauches du même ordre que celui de 2019 ne suffit pas à rattraper les emplois détruits en 2020.

Une structuration du dialogue social entre des plateformes numériques et les représentants des chauffeurs et des livreurs vient d’être mise en chantier, par le ministère du Travail. La position du ministère en faveur de plateformes numériques ayant recours à des indépendants est très contestable. Il conduit à un projet de représentation des travailleurs indépendants (s’inspirant de celui des salariés) est envisagé au terme d’un dispositif très complexe qui reste à préciser. La création d’un nouvel établissement public : l’Autorité des relations sociales les plateformes d’emploi (ARPE) est prévue pour mener ce projet.

Les activités du secteur du spectacle ont chuté de près de 30% en 2020, en raison des mesures de limitation d’une part des activités. Cette situation de crise perdure au premier semestre 2021. Un dispositif exceptionnel d’assurance chômage a été institué avec une prolongation des droits de ces travailleurs jusqu’au 31 aout 2021. A partir du 1er septembre 2021, les règles d’indemnisation chômage des intermittents du spectacle reste à préciser.

La crise économique et sociale dans le secteur aérien conduit à la suppression de milliers d’emplois chez les principaux acteurs : Air France, Airbus et Aéroport de Paris (ADP), mais aussi leurs nombreux sous-traitants et prestataires. Les réductions d’effectifs ont commencé en 2020. Elles devraient se poursuivre en 2021 et 2022, d’après les annonces actuelles. Des plans de départs volontaires (dont rupture conventionnelle collective) et des départs en retraite sont mis en avant ainsi que des licenciements économiques. La formule de l’activité partielle de longue durée (APLD) a également été mobilisée. La suite dépend du calendrier de la reprise des vols et du changement probable des habitudes et pratiques.

En Ile-de-France, les investissements étrangers réalisés en 2020 sont en progression et devraient contribuer à créer plus de 10 000 emplois. Les deux tiers des emplois se concentrent sur trois secteurs : les services aux entreprises, les centres de décision et la recherche & développement. En termes d’emploi, les résultats 2020 montrent une stabilité à Paris, une augmentation dans les territoires de la petite couronne et une forte hausse dans les départements de la grande couronne. La part des créations d’activité a diminué, tandis que les extensions ont progressé. Les pays investisseurs restent les pays européens voisins et les Etats-Unis.

Les conditions d’une explosion du chômage des seniors semblent réunies. Dans le contexte de réduction d’activité de nombre d’entreprises, les plans de restructurations et les plans de départs volontaires (RCC) se multiplient. Ces politiques de RH visent les salariés de plus de 50 ou 55 ans, car représentant une masse salariale en moyenne assez supérieure. Le taux d’emploi des salariés senior pourrait diminuer en 2021, après avoir connu une progression régulière ces dernières années. Le ministère du Travail n’a pas jugé opportun de mettre en place un « plan senior » pour la fin du quinquennat.

Les structures de l’insertion par l’activité économique (IAE) et les entreprises adaptées (EA), emploient et accompagnent des femmes et des hommes parmi les plus éloignés de l’emploi : chômeurs de longue durée, personnes au RSA, jeunes de moins de 26 ans en grande difficulté, travailleurs handicapés, etc. La ministre chargée de l’insertion vient d’annoncer la sélection de 3 528 projets, dans les IAE et EA. Ces projets ont pour objectif, sur les deux années à venir, la création de 40 000 emplois nouveaux. Les activités visées concernent : le recyclage, la propreté, l’alimentaire, le numérique, l’industrie, la mobilité, la construction, la logistique, etc.

Une procédure de reconnaissance des « métiers émergents ou en particulière évolution » a été mise en place. France compétences a lancé des appels à contributions en direction de l’ensemble des acteurs des compétences. Les contributions pour 2020 et 2021 ont permis d’établir une liste de 43 métiers. La plupart des métiers retenus sont l’objet d’une évolution significative de leurs activités professionnelles et des compétences associées, plutôt que des métiers émergents. Ils bénéficient d’une procédure simplifiée d’enregistrement au RNCP.

Le gouvernement a mis en œuvre des mesures de soutien aux entreprises pour éviter les licenciements et/ou les faillites en 2020. En 2020, l’Etat a engagé 41,8 milliards pour les dépenses d’urgence (chômage partiel, Fonds de solidarité, exonérations de cotisations et participations). L’important déficit de l’Unédic en 2020 vient s’ajouter à ce tableau, à hauteur de plus de 55 milliards. Les mesures de soutien aux entreprises se poursuivent pour une durée indéterminée en 2021. Le budget existant ne couvre que le premier trimestre !