Le nombre des emplois dans la filière automobile française devrait diminuer assez rapidement entre 65 000 et 100 000 postes, par rapport au 400 000 postes actuels. Après le recours aux délocalisations de la production, les choix technologiques, abandon du diesel, puis obligation de la voiture électrique, conduisent à réduire ou fermer de nombreuses usines de constructeurs, équipementiers et sous-traitants. Les composants des nouveaux modèles proviennent principalement de l’étranger. C’est pourquoi la poursuite de la construction massive de voitures en France ne parait pas acquise.

Le plan « France 2030 » ne s’accompagnera pas de créations directes d’emplois. L’objectif n’est pas une industrie de main d’œuvre. L’industrie a changé et la robotisation se généralise avec les nouvelles technologies actuelles ou à venir. La robotisation conduit à la disparition d’emplois industriels. Une nouvelle usine type comprendra de l’ordre de 50 salariés. Les industries devraient se concentrer sur des emplois très qualifiés. La formation initiale et professionnelle est une condition nécessaire pour rendre possible le développement de nouvelles activités. Seule l’activité des prestataires offrirait pour sa part des emplois dans des métiers de service peu qualifiés : logistique, entretien, sécurité, etc.

Des métiers indispensables à la vie sociale rencontrent des difficultés de recrutement en raison de mauvaises conditions de travail et de rémunérations insuffisantes. Deux approches se croisent actuellement. D’une part, des métiers sont l’objet d’une dynamique de revalorisation suite à la période de confinement où ils ont été taxés de « métiers de seconde ligne ». De l’autre, des pénuries de recrutement sont actuellement constatées dans la plupart de ces métiers. La raison de cette convergence provient des conditions de travail trop souvent peu satisfaisantes et de rémunérations fréquemment insuffisantes propres à ces métiers.

La décision de fermer les établissements scolaires et les commerces « non essentiels » pour quatre semaines et la limitation des déplacements, dans toute la France, va alimenter la crise économique et sociale en dépit des dispositifs de soutien. L’impact négatif sur la croissance de la France a été clairement reconnu par le gouvernement. D’autant que cette situation de restriction d’activité risque de se prolonger, sa durée demeure tout à fait indéterminée. La sauvegarde des emplois existants est assurée, dans l’immédiat. Mais tous les acteurs et les observateurs craignent la multiplication des licenciements économiques et des défaillances d’entreprises lors de la fin des mesures de soutien aux entreprises en sortie de crise.

Suite aux travaux de la Convention citoyenne sur le Climat, le gouvernement vient de présenter son projet de loi « climat résilience ». Il vise à « adapter l’emploi a la transition écologique » via une gouvernance de la transition des emplois au niveau des CSE, des Crefop et des Opco). Par ailleurs, le Plan de relance ayant vocation à soutenir les emplois « verts », il devrait accompagner les salariés et les entreprises dans la transition écologique. La formation est aussi évoquée, comme une mesure d’accompagnement. En termes d’emplois, le bilan des destructions et des créations, induites par ce texte de loi, est impossible à établir.

Une entreprise devrait pouvoir éviter des licenciements pour motif économique lors d’un plan de restructuration (PSE ou autre), en orientant un groupe de salariés, dont les emplois sont menacés, vers une procédure de « transition collective », à partir de la fin d’année. Ce nouveau dispositif vise une reconversion professionnelle de salariés par une formation longue, d’un à deux ans, diplômante ou qualifiante. Le choix des formations selon les territoires suppose une bonne identification d’une demande durable sur certains métiers ! L’initiative revient aux seules entreprises, qui s’adresseront aux Transitions Pro, en charge des dossiers de « transitions collectives », financées sur une enveloppe exceptionnelle du FNE Formation.