Escroqueries à l’assurance chômage, chômeurs indemnisés travaillant au noir, fausses déclarations, absence volontaire de recherche d’emploi, etc. ne doivent pas être confondus avec la désespérance profonde d’une part des demandeurs d’emploi.
Les discours sur la détermination des demandeurs d’emploi à retravailler sont malheureusement trop souvent caricaturaux et choquants.
LE CONTRÔLE DES CHÔMEURS[1] RECOUVRE DES SITUATIONS DE NATURE TRÈS DIFFÉRENTE.
D’une part, il existe de véritables escroqueries à l’assurance chômage basées sur de fausses déclarations URSSAF de personnes existantes ou même imaginaires censées avoir été employées par des entreprises existantes ou fictives. De nombreux cas ont été découverts a posteriori par Pôle Emploi. D’autres doivent probablement subsister.
D’autre part, si ajoutent, les demandeurs d’emploi indemnisés réalisant en fait des activités au noir payées en liquide ou des avantages en nature (par exemple la mise à disposition d’un logement). Les situations sont parfois floues.
Ensuite, il existe de fausses déclarations volontaires, ou involontaires, de personnes négligeant de déclarer une période d’emploi ou un emploi tandis qu’ils sont inscrits. Ces « oublis » conditionnent leur changement de catégorie et le montant de leurs indemnités chômage.
Enfin, des demandeurs d’emploi fléchissent dans leur recherche ou ne cherchent pas un emploi :
- par intérêt, car l’allocation chômage leur suffit pour subsister et évite certaines dépenses comme la garde des enfants, ou, le plus souvent,
- par désespérance suite à une recherche déjà longue. Le moral de ces derniers chômeurs les conduit à un état relevant de la dépression. Pôle emploi porte une part de la responsabilité de ces situations. Il faut reconnaître que l’abandon des rendez-vous mensuels fixés par Pôle emploi et la mise en place de solutions de 100% web, nuisent au maintien en recherche active d’une part des demandeurs d’emploi.
Les contrôleurs de Pôle Emploi pourront prononcer une radiation temporaire ou définitive des demandeurs d’emploi ne réalisant pas d’actions de recherche d’emploi[2]. Ces personnels ne recoivent pas de formation particulière, aux dires de Pôle Emploi, ils auront une lourde tâche. Il leur faudra distinguer les situations de malhonnêteté à combattre vigoureusement de celles de relâchement et de désespérance de chômeurs, en particulier de longue durée.
Pour ces derniers, ils devraient avoir vocation à déclencher un accompagnement renforcé vers l’emploi ou du moins le rétablissement d’un suivi régulier plutôt que des sanctions. Lutte contre la délinquance et appui à apporter aux chômeurs sont deux questions qui gagneraient à être bien séparées dans l’intérêt de tous.
LES NON-INSCRIPTIONS À POLE EMPLOI MÉRITENT ÉGALEMENT D’ÊTRE PRISES EN COMPTE.
De nombreux chômeurs sans droits ne se déclarent pas à Pôle Emploi.
Pour illustrer ce fait, citons le cas des 2/3 des bénéficiaires du RSA qui ne s’inscrivent pas dans le service public de l’emploi.
C’est également le cas des jeunes arrivant sur le marché du travail qui sont des primo demandeurs d’emploi, et ne bénéficient généralement d’aucun droit, ni d’aucune incitation à s’inscrire à Pôle Emploi pour chercher un poste. L’absence de communication de Pôle Emploi à l’égard des jeunes est un fait.
Parallèlement au contrôle, il semblerait logique que Pôle Emploi promeuve l’accès aux droits en son sein, par exemple auprès des jeunes comme des personnes plus âgées !
Enfin, il faut reconnaître que dans une situation de pénurie d’emplois, qui est un fait avéré, il ne semble pas illogique de trouver des personnes qui ne décrochent pas un emploi.
[1] Le contrôle des chômeurs par Pôle emploi doit être relancé fin septembre. 200 salariés de Pôle emploi (sur 53 000) seront alors affectés au contrôle de la recherche d’emploi. Leur objectif est de contrôler 180 000 chômeurs par an (sur 5 800 000 demandeurs d’emploi tenus à une recherche). Ces postes de contrôle sont pourvus en interne, sur la base du volontariat.
[2] En 2013, 13 400 radiations pour absence de recherche auraient été prononcées.
Pas de commentaire sur “Le contrôle des chômeurs concerne des problèmes totalement différents à ne pas confondre.”