DES RÉGIONS PRENNENT LE RISQUE DE GÉRER LE PLAN GOUVERNEMENTAL DE FORMATION DE 500 000 CHÔMEURS SUPPLÉMENTAIRES
Des conseils régionaux ont commencé à signer des conventions avec l’Etat en vue d’assurer la coordination[1] de la mise en œuvre territoriale du « Plan 500 000 formations supplémentaires pour les personnes en recherche d’emploi »[2].
La première convention régionale a été signée en Alsace Champagne-Ardenne Lorraine le 18 mars, la seconde en région Centre – Val de Loire le 21 mars. Les conventions régionales signées définissent les modalités et les objectifs du déploiement du plan « 500 000 formations supplémentaires ». Les conseils régionaux concernés s’engagent à maintenir leur effort antérieur en faveur de la formation des personnes en recherche d’emploi, au niveau de ce qui a été accompli en 2015.
Les régions n’engagent aucun moyen supplémentaire, le financement devrait venir d’une part d’une « enveloppe financière exceptionnelle » de l’État à hauteur de 1 milliard d’euros et, d’autre part, du Fonds Paritaire de Sécurisation des Parcours Professionnels (FPSPP), géré par les partenaires sociaux (150 millions d’euros).
Cette prise de responsabilité s’inscrit bien dans les compétences des régions en matière de formation professionnelle[3].
Les régions signataires d’une convention régionale seront directement impliquées dans le succès[4] ou l’échec de ce plan du gouvernement.
Dans les régions qui ne seront pas volontaires pour signer une convention régionale, le financement de « l’effort supplémentaire » sera confié par l’État directement à Pôle emploi.
LE PLAN 500 000 A DÉJÀ BIEN ÉVOLUÉ DEPUIS SON ANNONCE
L’objectif du plan est toujours de doubler le nombre de formations à destination des personnes en recherche d’emploi pour le porter à un million. Mais, il a été revu sur plusieurs points.
Le nombre de formations pour les personnes en recherche d’emploi sans qualification et/ou de longue durée a été réduit à 300 000, au lieu des 500 000 initialement annoncé.
Le nombre de formations n’est plus égal au nombre de bénéficiaires, puisqu’il est envisagé de favoriser l’accès à « d’autres formations pour compléter un parcours de qualification ». Un même demandeur d‘emploi pourra ainsi bénéficier de formations successives dans le cadre d’un parcours.
Le plan prévoir désormais une offre de formation et d’accompagnement beaucoup plus ouverte que lors de son annonce.
Il évoque des formations qualifiantes et certifiantes, mais aussi des formations d’adaptation au poste de travail, au socle de connaissances et de compétences, à l’accompagnement à la validation des acquis de l’expérience, à l’accompagnement à la création d’entreprises.
Le plan doit « répondre aux besoins en compétences des entreprises et des branches professionnelles, territoire par territoire » en s’appuyant sur « l’analyse croisée des besoins en compétences exprimés nationalement et territorialement ». Ce travail « fera l’objet d’approfondissements et d’ajustements tout au long de son déploiement ».
D’ici fin décembre 2016, le délai pour arriver à des conclusions et à de nouvelles formations apparaît bien court aux professionnels.
CE PLAN CONSTITUE UNE RÉPONSE CONJONCTURELLE À UN PROBLÈME STRUCTUREL.
Le gouvernement diagnostique que « L’accès à la formation des personnes en recherche d’emploi reste structurellement insuffisant, alors qu’ils sont précisément ceux qui en ont le plus besoin ». Il apporte une réponse conjoncturelle, avec une enveloppe financière exceptionnelle, sans résoudre le problème structurel du financement de la formation des demandeurs d’emploi.
[1] Il s’agit de mobiliser « tous les organismes de formation, le conseil en évolution professionnelle, les OPCA, les employeurs et les acteurs économiques, ainsi que les personnes en recherche d’emploi ».
[2] Le « Plan 500 000 formations supplémentaires » se fixe trois objectifs :
- « Porter en 2016 le nombre d’actions de formation au bénéfice des personnes en recherche d’emploi à hauteur de 1 million, ce qui représente un doublement par rapport à 2015 ;
- Réaliser 300 000 de ces formations prioritairement pour les demandeurs d’emploi peu ou pas qualifiés et de longue durée, qui sont les plus durement frappés par le chômage ;
- Préparer l’avenir par le développement de formations aux nouveaux métiers, liés à la transition énergétique ou à la transformation numérique par exemple ».
[3] La loi du 5 mars 2014 a « mis en place une gouvernance rénovée au niveau national (CNEFOP) et régional (CREFOP) permettant aux acteurs d’agir ensemble et de penser conjointement l’emploi, la formation et l’orientation professionnelle ».
[4] L’objectif fixé à ce plan a été précisé assez précisément par le gouvernement : « Le succès de ce plan reposera sur la capacité de l’ensemble des acteurs impliqués à relever 4 défis :
- Relever le taux d’accès à la formation des personnes en recherche d’emploi, en doublant le nombre d’actions de formation, pour le porter à 1 million.
- Soutenir prioritairement l’accès à la formation des personnes en recherche d’emploi peu ou pas qualifiés et de longue durée.
- Saisir cette opportunité pour transformer et renouveler l’offre de formation afin de l’adapter aux métiers de demain, liés au numérique ou encore à la transition écologique.
- Développer la lisibilité de l’offre de formation et porter une exigence de qualité renforcée dans les formations dispensées. »
Un commentaire to “Des régions prennent le risque de gérer le plan gouvernemental de formation de 500 000 chômeurs supplémentaires”
6 avril 2016
StellaC’est bien beau les formations mais si il n’y a pas d’emplois a la sortie cela ne servira a rien.
Concernant la région Alsace c’est une catastrophe en matière d’offres de formations de qualité et ça ne va pas en s’améliorant, a coup sur cette argent servira a tout autre chose.