L’EFFACEMENT DE L’INDUSTRIE MÉRITE D’ÊTRE ANALYSÉ POUR TENTER DE TROUVER DES PISTES DE SOLUTIONS.
La Fabrique de l’Industrie (UIMM et autres partenaires) vient de publier une note portant sur : « L’étonnante disparité des territoires industriels »[1].
« Cette note examine les ressorts de la performance de nos territoires, en particulier des plus industriels d’entre eux. Elle montre qu’il n’y a pas de fatalité sectorielle et que les conditions locales ont une influence prépondérante sur l’évolution de l’emploi. »
Les territoires créent et détruisent des emplois industriels et les autres types d’emploi de manière contrastée.
Entre 2009 et 2015, parmi les 304 zones d’emploi de la France métropolitaine, on peut distinguer pour la période : 125 qui ont connu une variation positive de l’emploi salarié total, et 179 qui ont enregistré un repli, dépassant les 10 % pour une quinzaine d’entre eux.
- La croissance de l’emploi est la plus forte se situe majoritairement sur quatre territoires : les façades atlantique et méditerranéenne, la région Auvergne Rhône Alpes et le cœur du Bassin parisien.
- Les baisses de l’emploi les plus significatives sont concentrées dans le nord et l’est ainsi que sur un axe allant du nord-est au sud-ouest.
- D’autres zones d’emploi sont en repli : Normandie, Bretagne et extrême-est méditerranéen.
L’EMPLOI INDUSTRIEL A CONNU UN REPLI SUR 80 % DES ZONES D’EMPLOI DEPUIS LA FIN DE LA CRISE DE 2009.
« Seule une cinquantaine de zones, principalement localisées dans l’ouest et le sud, ont vu le volume de leur emploi industriel progresser. A contrario, le quart nord-est du pays enregistre les plus fortes réductions d’emplois industriels. »
« Depuis la fin des années 1990, l’écart se creuse entre les territoires dynamiques qui créent des emplois, et ceux en difficulté qui en perdent. »
La baisse de l’activité industrielle a été liée, dans la durée :
- D’une part, à des délocalisations d’activité de production, justifiées ou non, vers des pays à bas coût de production, et les relocalisations restent marginales,
- D’autre part, à une externalisation de nombreux services auprès de sous-traitants tertiaires, proposant des « services aux entreprises ». Cette externalisation d’activités administrative, comptable, etc. de l’industrie vers le tertiaire s’est produite ; entrainant un transfert des effectifs. Il s’est produit un recentrage sur le cœur de métier.
Après avoir atteint un palier stable, la diminution des effectifs dans l’industrie a repris actuellement et les prévisions pour 2020 ne sont pas optimistes.
Or, l’activité industrielle a un effet d’entraînement sur l’ensemble des emplois dans les autres secteurs du territoire. Chaque baisse de l’emploi industriel a des conséquences plus générales sur l’emploi dans son territoire.
L’ANALYSE DES PERSPECTIVES INDUSTRIELLES SONT À SUIVRE PAR BASSIN D’EMPLOI
Si l’industrie française a globalement perdu des emplois au cours de la dernière décennie, certains territoires ont connu un développement industriel florissant.
La note cite à ce propos les sites de Cholet, Figeac, Issoire, Longwy, Lunéville, Houdan, Saint-Nazaire ou Vitré, qui illustrent le fait que des territoires de taille ou de population moyennes peuvent afficher une bonne santé dans les secteurs industriels.
Ces évolutions viennent s’ajouter à celles constatées sur les précédentes décennies.
CETTE DISPARITÉ GÉOGRAPHIQUE DANS L’ÉVOLUTION DE L’EMPLOI APPARAIT COMME UNE DONNÉE MAJEURE.
Cette note, sans entrer trop avant dans son détail, conclut que les évolutions n’obéissent pas à un schéma unique :
- Les tendances macroéconomiques nationales dominent[2],
- La spécialisation locale n’est pas déterminante[3],
- La taille des bassins d’emploi non plus,
- Mais l’environnement local du cadre des activités compte beaucoup[4] :
« Ces dernières sont de natures très diverses, depuis le prix du foncier et la disponibilité de la main d’œuvre, en passant par le climat et la géographie, jusqu’aux infrastructures de transport, l’accès à la recherche et à l’enseignement, la qualité de la gouvernance et des relations clients-fournisseurs, etc. »
Il ne semble pas possible de définir un modèle (ou même plusieurs).
Il appartient d’examiner chaque site[5] pour identifier les « bonnes recettes« .
C’est l’objet de la politique des « territoires d’industrie »[6] qui vise à aider à recruter, innover, attirer et simplifier, afin de favoriser le développement de leur tissu industriel. Cette initiative doit faire ses preuves…
[1] Par Philippe Frocrain, Nadine Levratto et Denis Carré – Le 04/11/2019 – https://bit.ly/2NPNgeo
[2] « Il apparaît que l’évolution de l’emploi industriel dans les territoires est d’abord déterminée par les conditions macroéconomiques : la composante nationale explique en moyenne 52 % de sa variation locale. »
[3] « La spécialisation sectorielle, quant à elle, n’en explique en moyenne que 10 % et ne domine dans aucune zone d’emploi. »
[4] « Autrement dit, une croissance plus forte de l’emploi industriel dans un territoire n’est jamais le reflet d’une plus forte concentration des secteurs les plus dynamiques ; tout comme des destructions d’emplois importantes au niveau local ne découlent pas nécessairement d’une forte présence des secteurs identifiés comme étant en déclin sur le plan national. »
[5] « Pour mieux comprendre comment encourager les entreprises les plus dynamiques et transformer leurs succès individuels en performance collective, il apparaît donc opportun de multiplier les études de cas qualitatives, ce que feront La Fabrique de l’industrie et l’observatoire des Territoires d’industrie. »
[6] En novembre 2018, le dispositif des 144 « territoires d’industrie » été promu par le gouvernement, avec un financement de l’État et la recherche de participation de collectivités locales.
L’Observatoire des Territoires d’Industrie associe : la Banque des Territoires et l’Institut pour la Recherche de la Caisse des Dépôts, le Commissariat général à l’égalité des territoires, Mines ParisTech, La Fabrique de l’industrie, l’Association des Communautés de France, Régions de France, des chercheurs des universités de Poitiers et de Paris Nanterre, pour étudier la mise en place de ces Territoires d’industrie, confronter les expériences et documenter des pratiques et initiatives intéressantes.
Voir : https://www.la-fabrique.fr/fr/projet/observatoire-des-territoires-dindustrie/
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