Pôle emploi affiche une augmentation de +33% du nombre des formations de demandeurs d’emploi, engagées au second trimestre 2019, par rapport au premier semestre 2018[1]. Leur nombre avait diminué de -1,5% entre le 2e trimestre 2017 et le 2e trimestre 2018
Sur le second trimestre 2019, le fichier de Pôle emploi[2] dénombre 192 800 entrées en formation des demandeurs d’emploi.
On totalise 791 000 formations entre juin 2018 et juin 2019 (+17% sur un an). Mais le total pour la même période était de 863 000 il y a deux ans !
L’AUGMENTATION DU NOMBRE DE FORMATIONS EST TOUTE RELATIVE.
L’évolution quantitative est toute relative puisque après avoir atteint un sommet en 2016, avec le plan « 500 000 formations supplémentaires », les financements ont diminué à partir de 2017 jusqu’à la mi-2018. La mise en marche du Plan d’investissement dans les compétences (PIC) permet, en fait, de revenir au rythme antérieur après une longue période de creux[3].
Il faudra attendre quelques mois avant de connaitre le résultat annuel 2019 des entrées en formation, car le rythme de celles-ci varie selon les mois et les crédits…
Derrière le nombre des entrées en formation, se dissimule un paysage complexe, car plusieurs critères existent : l’objectif des formations (préqualification, certification, etc.), les types de formation, leurs champs de métier, leurs durées, leurs liens avec des emplois en cours de recrutement, etc.
CERTAINES CATÉGORIES DE CHÔMEURS SONT DAVANTAGE CONCERNÉES PAR L’ACCÈS À LA FORMATION
La part de formation des demandeurs d’emploi concernés varie en fonction de l’âge : moins de 26 ans : 21% (-3 points sur un an), de 26 à 49 ans : 63% et 50 ans et plus seulement 16%.
55% des bénéficiaires de formations sont des demandeurs d’emploi de faibles qualifications.
45% des bénéficiaires sont des femmes, ce qui correspond à peu près à la répartition entre femme et hommes au chômage.
Les demandeurs d’emploi de longue durée bénéficient de 18% des formations (-2 points sur un an).
IL COEXISTE DIFFÉRENTS TYPES DE FORMATION [4].
Seuls 13% des formations visent à « acquérir des compétences nécessaires pour occuper un emploi correspondant à une offre déposée par une entreprise à Pôle emploi »[5]. Il s’agit pour 8% des AFPR (Action de Formation Préalable au Recrutement) et pour 3% des POE individuelle (Préparation Opérationnelle à l’Emploi Individuelle). Elles ont une durée maximale de 400 heures.
Les AFC (Action de Formation Conventionnée), à hauteur de 13%, visent des formations conventionnées par Pôle emploi vise « à développer les compétences des demandeurs d’emploi inscrits, en particulier ceux de faible niveau de qualification et/ou en reconversion, pour répondre aux besoins de recrutement des entreprises ». Mais sans offre d’emploi précise en regard.
Les AIF (Aide Individuelle à la Formation) (38%) sont des formations professionnelles « nécessaires au retour à l’emploi ou à la création d’entreprises lorsque les autres dispositifs ne peuvent être mobilisés », attribuées et financées par Pôle emploi.
Les autres formations sont principalement des formations financées par les Conseils régionaux (29%) et la Préparation Opérationnelle à l’Emploi Collective[6] (5%), financé par les Opérateurs de Compétences (OPCO).
SUR UN AN, LE NOMBRE DES FORMATIONS FINANCÉES PAR POLE EMPLOI A PROGRESSÉ[7].
Cette progression de 62 A 67% porte sur les aides individuelles à la formation (AIF) (+ 9 points) tandis que les actions de formation collective (AFC) restent stables. Les préparations opérationnelles à l’emploi collectives (POEC) et individuelles (POEI) diminuent respectivement de 1 point et 3 points.
LES FORMATIONS SUIVIES PAR DES DEMANDEURS D’EMPLOI ONT DES OBJECTIFS BIEN DIFFÉRENTS[8].
Seuls 29% des formations visent une certification, c’est-à-dire qu’il s’agit de formations sanctionnées par les passages d’une certification (diplôme, titre, certificat de qualification professionnelle). On constate un recul puisqu’elles constituaient encore 36% des formations en 2016…
Autour de ces formations, on compte des formations de professionnalisation (16%), qui ne donnent lieu à aucun diplôme, et de pré qualification, qui préparent à l’entrée en formation qualifiante (4%).
On compte aussi des formations de perfectionnement et d’élargissement des compétences (13%)[9].
LES CHAMPS DE FORMATIONS SONT DIVERS
Au 2e trimestre 2019, dix champs de formation regroupent plus de 65% des entrées en formation[10].
Le « développement personnel et professionnel » (préparation à un concours, remise à niveau, etc.) arrive en tête avec 15% des formations.
D’autres formations concernent des métiers : le transport (13%), la manutention (9%), l’hôtellerie-restauration (5%), le secrétariat assistanat (5%), la défense-prévention-sécurité (4%) et le commerce (4%).
Les connaissances fonctionnelles sont également visées : langues (6%), droit (4%), et direction entreprise (3%).
LA DURÉE MOYENNE DES FORMATIONS VARIE SELON LES TYPES, LES OBJECTIFS ET LES SUJETS.
La durée moyenne des formations a diminué de 4,5% sur un an pour s’établir à près de 300 heures[11].
- Une formation en droit est de l’ordre de la semaine, tandis qu’une formation dans le commerce est d’environ 3 mois.
- Les formations de certifications sont de 3 à 4 mois (413 heures au second semestre), tandis que les formations à la création d’entreprises sont de l’ordre de deux semaines (61 heures).
- Les formations financées par le Conseil régional sont plus longues (517 heures) que celles prises en charge par Pôle emploi (moins de 300 heures).
LE PAYSAGE DES FORMATIONS, SUIVIES PAR DES DEMANDEURS D’EMPLOI, INCITE À FORMULER PLUSIEURS CRITIQUES.
1. Les formations aux métiers du numérique semblent absentes, ou du moins elles n’apparaissent pas clairement, dans une période où ces métiers semblent pourtant prioritaires.
2. La baisse de la durée moyenne des formations relativise leur augmentation en nombre.
3. La mobilisation de la formation pour des postes à pourvoir apparait très faible (13%) dans un contexte où existent des pénuries ciblées de personnels.
4. La part des formations diplômantes ou certifiantes apparait bien faible (29%) et en recul.
5. Les chômeurs de 50 ans et plus bénéficient peu de formations (16%). Ce qui renvoie à la problématique du chômage des seniors.
[1] Les entrées en formation des demandeurs d’emploi au 2e trimestre 2019 – 12/12/19 – Pole emploi – https://statistiques.pole-emploi.org/formation/formpub/200349
[2] Le fichier des entrées en formation de Pôle emploi est constitué à partir des deux types d’informations suivantes disponibles dans le système d’information opérationnel de Pôle emploi : les Attestations d’Entrée en Stage (AES) correspondant à une entrée dans un nouveau plan de formation et les transferts de demandeurs d’emploi en catégorie D d’inscription pour motif de formation sans AES.
[3] « Le nombre d’entrées en formation avait fortement augmenté en 2016, avec la mise en œuvre du plan « 500 000 formations supplémentaires ». Il a ensuite diminué en 2017 (-29% entre le deuxième trimestre 2016 et le deuxième trimestre 2017), cette diminution se poursuivant jusqu’à là mi 2018 (-2% entre le deuxième trimestre 2017 et le deuxième trimestre 2018). A partir du troisième trimestre 2018, le nombre d’entrées en formation repart à la hausse (+ 17% par rapport au troisième trimestre 2017), cette augmentation se confirmant en 2019 avec la mise en place du Plan d’investissement dans les compétences : les entrées en formation de demandeurs d’emploi augmentent de 9% en glissement annuel au premier trimestre 2019, et de 33% au deuxième. »
[4] Tableau des types de formation de formation des demandeurs d’emploi au second semestre 2019.
Type de formation | 2019 |
AFC | 13% |
AIF | 38% |
POEI | 3% |
AFPR | 8% |
POEC | 5% |
Conseil Régional | 29% |
Autres formations (Agefiph, etc.) | 4% |
[5] Le projet d’embauche de l’employeur détermine l’aide mobilisable : CDI ou contrat d’au moins 12 mois pour la POEI, contrat de 6 à 12 mois pour l’AFPR.
[6] La POE collective concerne les programmes conduisant à la découverte des métiers d’un secteur, ou d’acquérir les compétences requises pour occuper des emplois correspondant à des besoins identifiés par un accord de branche. Au contraire de la POE individuelle, la POE collective n’est pas soumise à l’obligation d’un dépôt d’offre d’emploi préalable à la mise en oeuvre de la formation.
[7] « 67% des entrées en formation au 2e trimestre 2019 ont été financées, totalement ou partiellement, par Pôle emploi. Cette part est en hausse par rapport à 2018 où elle était de 62% mais demeure inférieure à la part associée au 2e trimestre de 2016. »
[8] Tableau des objectifs de formation de formation des demandeurs d’emploi au second semestre 2019.
Objectif de formation | 2019 |
Certification | 29% |
Professionnalisation | 16% |
Pré-qualification | 4% |
Adaptation au poste de travail (AFPR, POEI) | 11% |
Remise à niveau, savoirs de base, initiation | 8% |
Mobilisation, aide au projet professionnel | 4% |
Perfectionnement, élargissement des compétences | 13% |
Formation à la création d’entreprise | 5% |
Autres | 10% |
[9] Ces formations s’adressent à un public de personnes déjà opérationnelles dans leur activité professionnelle occupée ou recherchée, mais qui désirent approfondir leurs compétences ou acquérir des compétences supplémentaires.
[10] Champ des formations des demandeurs d’emploi au second trimestre 2019.
Champ des formations | 2019 |
Développement personnel et professionnel | 15% |
Transport | 13% |
Manutention | 9% |
Langues | 6% |
Hôtellerie restauration | 5% |
Secrétariat assistanat | 5% |
Droit | 4% |
Défense prévention sécurité | 4% |
Commerce | 4% |
Direction entreprise | 3% |
[11] « En un an, la durée moyenne des formations suivies par les demandeurs d’emploi diminue, passant de 313 heures à 299 heures. Cette baisse est en lien avec celle des formations financées par le conseil régional (-37 heures). »
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