Le ministère du Travail communique quelques chiffres sur le bilan, à trois mois, de son application « moncompteformation » : www.moncompteformation.gouv.fr
PLUS DE CINQ MILLIONS DE VISITEURS UNIQUES ONT ÉTÉ ENREGISTRES SUR LE SITE.
Ce qui correspond à près de 20% des salariés. La campagne massive de communication initiale sur la nouvelle application du ministère a été une réussite.
Le ministère estime la motivation des visiteurs : « Les gens ont voulu d’abord savoir combien ils avaient en euros sur le CPF », car certains craignaient de constater une diminution de leurs droits liée au changement de comptage, de nombre de jours à un montant en euros depuis 2019. Ce qui aurait motivé la consultation.
Le prochain versement sur le CPF, de 500 euros par an ou de 800 euros pour les salariés non qualifiés, doit intervenir en avril 2020, pour l’emploi occupé en 2019. Ce versement donnera sans doute lieu à de nouvelles consultations du site par les salariés.
L’APPLICATION A ÉTÉ TÉLÉCHARGÉE PAR PRES D’UN MILLION DE PERSONNES.
L’application a été téléchargée 967 000 fois (environ 20% suite à une visite).
136 000 DOSSIERS DE DEMANDE DE FORMATION ONT ÉTÉ ACCEPTES.
La Caisse des dépôts et consignations (CDC), qui va payer la part CPF aux organismes de formation, serait déjà engagé à hauteur de 160 millions d’euros.
Le prix montant moyen des formations serait de l’ordre de 1 680 euros, dont :
- 1 190 euros, pris en charge par le CPF (71%) et
- 490 euros, restant en moyenne à charge de la personne à former (29%).
D’ailleurs, les formations, citées comme les plus nombreuses, concernent : le permis de conduire (14 000), le bilan de compétences (9 000), la création et reprise d’entreprise (5 000), les tests en anglais TOEIC (5 000) ou en informatique TOSA (4 000).
Compte tenu de leur prix, ces formations concernées ne seront donc, généralement, ni qualifiantes ni diplômante. Les 100 000 autres formations retenues ne sont pas détaillées…
Le nombre des formations effectivement engagées et finalisées, par rapport à celles accordées sera très important à examiner dans quelques mois.
Tableau de bilan du CPF, en trois mois de l’application moncompteformation, en millions de salariés.
En millions |
Part en % |
|
Population potentielle |
25 |
|
Visite unique |
5 |
20% |
Installation de l’application |
0,967 |
19% |
Formations acceptées |
0,136 |
14% |
0,54% des salariés ont pu accéder à une formation grâce au CPF en trois mois.
L’objectif du dispositif était de permettre à chaque actif de s’inscrire à une formation sans recours à un intermédiaire, mais le coût des formations va renvoyer, dans la pratique, beaucoup de candidats à la formation à la quête des abondements.
LA MONTÉE EN CHARGE PRÉVUE DU DISPOSITIF VA SE POURSUIVRE.
La « soutenabilité » de la montée en charge du CPF interroge.
La capacité budgétaire de la CDC de soutenir le rythme des dépenses liées aux demandes acceptées de CPF fait actuellement l’objet d’une mission d’inspection IGAS/IGF.
En mars 2020, l’application devrait être accessible aux indépendants.
En avril, Pôle emploi devrait pouvoir commencer à abonder le compte des chômeurs.
Ces abondements ne seront pas attribués automatiquement. Les critères précis de leur délivrance n’ont pas encore été donnés par Pôle emploi.
La question est de savoir si les abondements seront distribués selon :
- L’objet des formations (jugées utiles professionnellement par rapport au marché du travail),
- L’âge des personnes (ouverture aux plus de 50 ans),
- Le niveau de qualification (tout pour les infra-bac et presque rien pour les cadres par exemple), etc.
En juin, les entreprises, les branches professionnelles et les conseils régionaux pourraient compléter le financement de formation jugées pertinentes par chaque cofinanceur, selon des critères fort divers.
LA COMPOSITION DES PUBLICS DÉCROCHANT DES FORMATIONS RESTE ENCORE IMPRÉCISE.
Le ministère du Travail a donné de rares chiffres sur le profil des utilisateurs de l’application qui seraient « à 56% par des gens de diplôme inférieur ou égal au Bac et à 67% des ouvriers et employés ».
Il faudrait disposer de ces chiffres pour toutes les catégories socio-professionnelles et à tous les niveaux (visites uniques, installation de l’application et formations validées) pour pouvoir émettre un avis quelconque sur l’application.
L’affirmation du ministère selon laquelle cela constitue une « démocratisation de l’accès à la formation » apparait pour le moins hâtive et répond juste aux exigences de la communication politique.
Les réserves sur l’accès des personnes sujettes à l’illettrisme numérique à cette application demeurent.
***
Des interrogations demeurent sur la pertinence des formations choisies, par rapport aux besoins du marché du travail (hors CEP), sur la capacité de financement du CPF par la CDC et sur les critères d’attribution des abondements par Pôle emploi, les entreprises, les branches professionnelles et les Régions.
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