LES ACTIFS AGRICOLES ONT UN PROFIL SPÉCIFIQUE.
D’abord une précision statistique, le nombre de travailleurs dans l’agriculture est estimé en « unité de travail annuel (UTA) », c’est la mesure utilisée en France en matière de statistique agricole[1] par le ministère. Cette unité équivaut au travail d’une personne travaillant à temps plein pendant une année dans une exploitation agricole.
Cet usage apparait comme le seul moyen de consolider des chiffres concernant les activités (en dehors de la totalisation des heures de travail) des exploitants, des salariés permanents et des saisonniers, dont la mesure du temps de travail est fort variable.
LES SALARIÉS NE REPRÉSENTENT QU’UN BON TIERS DES EFFECTIFS
Le nombre d’unités de travail annuel (UTA)[2] dans l’agriculture est de l’ordre de 700 000[3].
- 64% sont des non-salariés (Chefs d’exploitation, coexploitants, conjoints et autres actifs non-salariés),
- 36% sont des salariés, soit permanents (20%), soit occasionnels (16%) (saisonniers, occasionnels…).
Le nombre de personnes différentes ayant effectivement travaillé dans le secteur agricole est évidemment plus important : temps partiels, saisonniers, etc. il dépasse nettement le seuil du million.
Ces chiffres ne concernent pas le secteur connexe comprenant les prestataires en charge des matériels agricoles (vente et entretien), de la fourniture de semences, d’engrais, de produits de traitement, etc., de matériels de transformation, de transport de la production, etc. ni le secteur induit de l’industrie agroalimentaire.
LE NOMBRE DES EXPLOITATIONS A DIMINUÉ CES DERNIÈRES ANNÉES, LES EFFECTIFS AUSSI.
Le nombre des exploitations se situe autour de 428 500.
Mais, depuis 2000, le nombre d’exploitations, employant des salariés permanents, s’est stabilisé à près de 80 000 exploitations[4].
Entre 2000 et 2017, les emplois agricoles ont baissé de plus de 27% (-263 000 UTA). Les effectifs des actifs agricoles ont baissé de 21,5% de 2000 à 2010. Depuis lors, la baisse se poursuit, mais est plus lente[5]. Par exemple, entre 2016 et 2017 de -1,1%.
Autres regards :
Selon l’Insee, on dénombre de l’ordre de 300 000 salariés dans l’« agriculture, sylviculture et pêche », soit 1,5% de la population salariée[6].
La Mutualité sociale agricole (MSA)[7] a encore une autre approche, car elle accueille des cotisants de secteurs proches de l’agriculture dans son giron. En 2018, selon les derniers chiffres publiés, la MSA a comptabilisé 448 500 chefs d’exploitation. Ils étaient 513 600 dix ans plus tôt et 1,1 million en 1988.
MAIS LE SECTEUR AGRICOLE PROPOSE ACTUELLEMENT DE NOMBREUX POSTES À POURVOIR
La présidente de la FNSEA affirme que le secteur agricole proposerait actuellement près de 70 000 postes à pourvoir[8].
Il est vrai qu’il y a des embauches nombreuses pour certaines saisons, mais ce n’est pas un indicateur de l’évolution du volume des effectifs.
Par ailleurs, la taille des exploitations, des TPE, rend souvent les recrutements plus longs (pas de service RH !).
La question posée est celle de l’attractivité des métiers du secteur.
La baisse des effectifs dans la durée a conduit à une élévation de l’âge moyen des travailleurs par rapport à la moyenne. L’âge moyen des chefs d’exploitation est de 51 ans et celui des salariés de 41 ans (chiffres 2016). D’une part, peu de jeunes ont été recrutés et d’autre part, beaucoup n’ont pas repris l’exploitation familiale (de l’ordre du tiers).
Il existe une problématique d’orientation vers les formations du secteur agricole, hors zones rurales et, d’autre part, l’entrée dans ces métiers à l’issue des études agricoles ne va pas de soi.
La question posée est celle de l’attractivité du secteur vis-à-vis des jeunes, ou des moins jeunes, car, par ailleurs, les structures de formation agricoles existent et sont dynamiques.
Des freins à l’entrée dans les emplois agricoles portent sur la pénibilité, les horaires de travail, le niveau des rémunérations, l’isolement dans le travail, des territoires peu peuplés, etc. La réalité est en fait très variable selon les secteurs agricoles et les situations dans un contexte de mutation professionnelle particulièrement conséquent. Les échos médiatiques peuvent décourager.
Les institutions du secteur agricole développent donc des initiatives pour informer et séduire les jeunes. C’est en particulier le cas de l’Association Nationale pour l’Emploi et la Formation en Agriculture (ANEFA)[9], conventionnée avec Pôle emploi.
Lire : « Quels sont les effets des mutations agricoles sur les emplois ? » – http://bit.ly/2mbf4dB
[1] Une unité de travail annuel (UTA) est une unité de mesure utilisée en France en matière de statistique agricole pour mesurer la quantité de travail dans le secteur agricole. Cette unité équivaut au travail d’une personne travaillant à temps plein pendant une année dans une exploitation agricole.
[2] Source : Agreste – Bilan annuel de l’emploi agricole (BAEA)
[3] Effectifs dans l’agriculture en 2017 (AGRESTE)
Indicateur (en UTA) | 2017 | En % |
Chefs d’exploitation et coexploitants | 402 130 | 58% |
Conjoints et autres actifs non-salariés | 43 030 | 6% |
Salariés permanents | 138 590 | 20% |
Saisonniers, occasionnels, ETA, Cuma | 110 840 | 16% |
Total actifs agricoles | 694 590 | 100% |
[4] Nombre des exploitations employant des salariés permanents.
Exploitations agricoles | 2000 | 2010 | 2016 | 2017 |
Total | 663 807 | 489 977 | 436 288 | 428 530 |
Employant des salariés permanents | 79 455 | 76 004 | 79 896 | 79 100 |
En % | 12% | 16% | 18% | 18% |
[5] Évolution du total des actifs agricoles de 2000 à 2017.
En UTA | 2000 | 2010 | 2016 | 2017 |
Total actifs agricoles | 957 383 | 751 366 | 702 216 | 694 590 |
Évolution | -206 017 | -49 150 | -7 626 | |
En % | -21,5% | -6,5% | -1,1% |
[6] Insee 3ème trimestre 2019
[7] MSA : La population des chefs d’exploitation agricoles et des chefs d’entreprise agricoles en 2018 – Tableau de bord – https://statistiques.msa.fr/wp-content/uploads/2020/01/TB-CE-2018-a.pdf
[8] « Notre secteur recrute, nous proposons chaque année un million de contrats à durée déterminée, 32 000 contrats à durée déterminée, et nous formons 80 000 apprentis, mais nous avons toujours 70 000 postes non pourvus ». – Christiane Lambert
[9] Créée en 1992 par les partenaires sociaux de l’agriculture, l’Association Nationale pour l’Emploi et la Formation en Agriculture, a pour mission de mettre en œuvre les décisions de la Commission Paritaire Nationale pour l’Emploi (CPNE) en agriculture. Centrée principalement autour de la communication, l’ANEFA intervient pour promouvoir l’agriculture et ses métiers, favoriser le développement de l’emploi salarié, animer un réseau de proximité composé d’une cinquantaine de structures. L’ANEFA est une association paritaire, cogérée par des organisations professionnelles et des syndicats de salariés.
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