La question des rapports entre l’État et les partenaires sociaux est relancée, après le décret de réforme de l’indemnisation chômage et le projet de loi de réforme des retraites, décidés seuls par le gouvernement.
L’EPIDÉMIE DE COVID-19 IMPACTE LE MONDE DU TRAVAIL.
Des services essentiels doivent continuer à fonctionner : agroalimentaire, grande distribution, énergie, eau, déchets, transports-logistiques, etc.
Des mesures ont déjà été prises par l’État, toujours seul. Elles vont être complétées, suite à l’adoption de la loi d’urgence sanitaire du 20 mars, par de nouveaux décrets concernant le travail (congés payés, chômage partiel, etc.).
Ces annonces provoquent inquiétude, angoisse ou panique parmi les employeurs comme les salariés. Elles conduisent à l’arrêt de toutes les activités.
L’annonce de la fermeture des écoles (garde des enfants qui génère des absences), puis du confinement à domicile (« restez chez vous ») formulée sans réflexion ni nuance ni négociation préalable, conduit à une situation de désordre général dans les esprits et les réactions.
« De nombreux salariés ont demandé à ce que leurs employeurs prennent des mesures d’activité partielle, sans quoi ils exerceraient un droit de retrait » – Le président délégué du Medef, Patrick Martin[1].
LES ORGANISATIONS PATRONALES ET SYNDICALES DÉNONCENT LES « INJONCTIONS CONTRADICTOIRES » DU GOUVERNEMENT
Le patronat insiste sur le risque d’un arrêt général de l’économie, du fait de l’incapacité à protéger suffisamment les salaries. Les mesures de précaution, que doivent prendre les employeurs, s’avèrent difficiles, voire impossibles, faute de moyens (masques, gel hydroalcoolique…) dans la plupart des entreprises. Seule reste la réorganisation du travail : effectifs présents, horaires de travail, etc.
De grandes entreprises ont donc préféré fermer tout simplement (exemple de l’industrie automobile), comme des ETI, des PME et des TPE. Les effectifs en chômage partiel explosent.
Les organisations patronales et syndicales dénoncent les « injonctions contradictoires » du gouvernement[2], mêlant les appels au confinement et ceux à la poursuite de l’activité professionnelle !
Emmanuel Macron déclare
« Je l’ai dit ce matin aux branches (professionnelles), il faut prendre le temps d’organiser les choses et regarder ce qui est adaptable »[3].
Il renvoie à nouveau le débat au niveau des branches et des entreprises en oubliant les organisations nationales patronales et syndicales. Dans les circonstances présentes, marquées par l’urgence, il commet sans aucun doute une grave erreur.
LES PARTENAIRES SOCIAUX EN APPELLENT A UNE REPRISE DU DIALOGUE SOCIAL.
Les syndicats en appellent à « protéger les salariés pour assurer la continuité de l’activité » et appellent pour cela à la reprise d’un dialogue social. Les organisations patronales également même si c’est dans d’autres termes.
Or, la loi d’urgence COVIS-19 ne prévoit pas de passer par le dialogue social pour réorganiser le travail face à la crise sanitaire actuelle[4].
Les partenaires sociaux défendent l’importance de leurs rôles dans la période de crise sanitaire actuelle[5].
Les décisions prises illustrent bien la conduite, sans eux, du dossier COVID-19 menée par le gouvernement !
Le rapport de force entre le gouvernement et les partenaires sociaux se joue de manière urgente dans ces circonstances de crise.
Dans la plupart des cas, la négociation par branche et par entreprise demandera trop de temps pour faire face à l’urgence des événements sociaux et économiques…
[1] Le président de la République « n’a pas assez insisté sur la nécessaire continuité de l’activité économique » selon le Medef.
[2] Selon les termes de François Hommeril, président de la CFE-CGC.
[3] Le ministre de l’Economie demande « aux gens de rester chez eux et que l’activité économique se poursuive dans les conditions les plus normales possibles » (…) !
[4] Ce point a été mis en évidence par Laurent Berger (CFDT) et Yves Veyrier (FO).
[5] « Pour que les entreprises puissent s’adapter […] il faut d’abord réunir le comité social et économique (CSE) et réfléchir à une nouvelle organisation du travail qui protège les salariés » – Geoffroy Roux de Bézieux, MEDEF.
« Oui, le CSE doit être associé aux décisions de l’entreprise. Oui, le dialogue social doit jouer à plein. » – Laurent Berger, CFDT.
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