La ministre du Travail vient d’annoncer que 9,6 millions de salariés du secteur privé étaient actuellement au chômage partiel ce lundi 20 avril. Ils gardent leur contrat de travail, mais le montant de leur salaire est versé par l’État à leurs employeurs qui les payent à hauteur de 70% de leur salaire brut.
Près d’un salarié du privé sur deux (environ 19,7 millions) se trouve dans cette situation ; il s’agit d’une situation jamais vue. Ce chiffre devrait encore croitre dans les jours qui viennent.
LES EFFECTIFS EN CHÔMAGE PARTIEL AUGMENTERONT MASSIVEMENT A PARTIR DU 1ER MAI.
Plus de deux millions de salariés du privé, actuellement en arrêt de travail, seront placés en chômage partiel à partir du 1er mai.
Cette mesure concerne des personnes en arrêt de travail pour garde d’enfants, car considérés comme des personnes vulnérables en raison de leur état de santé et des personnes cohabitant avec ces personnes vulnérables.
Cette mesure a été prise afin d’éviter une réduction de l’indemnisation des personnes concernées au terme du premier mois[1].
Cette mesure est portée par un amendement gouvernemental au PLFR2020 bis, encore en discussion au Sénat. Elle s’appliquera sous réserve d’adoption par le Parlement[2].
Par contre, « Les travailleurs indépendants, les fonctionnaires et les agents contractuels de droit public en arrêt de travail pour ces motifs pourront continuer à être indemnisés dans les mêmes conditions qu’aujourd’hui, et ce jusqu’à la fin de l’état d’urgence sanitaire. »
LES CONDITIONS DE REPRISE DES ACTIVITÉS A PARTIR DU 11 MAI RESTENT ENCORE FLOUES.
La ministre du Travail a appelé les chefs d’entreprises à reprendre leurs activités, dans la mesure du possible (dans le respect des conditions sanitaires).
Les conditions de reprises devraient être précisées en fonction des informations sur l’évolution de l’épidémie[3].
Le Premier ministre précisé, le 19 avril, les principes du plan de déconfinement : « respect des gestes barrières », « multiplication des tests rapides » et « isolement des porteurs du virus » et ses objectifs qui sont de « préserver la santé des Français » et d’« assurer la continuité de la vie de la nation » : produire pour nous nourrir, pour avoir accès à l’énergie, pour nous transporter, etc.
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Les commerces fermés pourront rouvrir en respectant des procédures : files d’attente, mise à disposition de gel hydroalcoolique, etc.
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Les cafés et les restaurants resteront en revanche fermés.
Pour les autres activités le Premier ministre a affirmé une position de principe.
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« Lorsque c’est possible, le maintien du télétravail » devra être la règle et quand ça n’est pas possible, l’organisation de l’entreprise devra respecter les gestes barrières ».
Le port du masque sera probablement rendu obligatoire dans les transports en commun et les lieux fréquentés.
LES FREINS A LA REPRISE DES ACTIVITÉS DES ENTREPRISES RESTERONT NOMBREUX EN MAI.
Le matériel de prévention (gel et masques) continue de manquer. Le ministre de la Santé a reconnu que dans le secteur de la santé, les stocks de matériels de protection sont toujours trop faibles[4]. Lorsque ce problème sera surmonté la priorité sera de donner des masques aux malades et aux personnes fragiles, mais « ça va prendre du temps ».
La reprise des crèches, écoles et collèges, susceptible de permettre le retour dans leur emploi des parents, s’annonce très progressive en mai[5].
La pénurie des tests, avec 25 000 réalisés par semaine, explique en grande partie la situation. L’objectif du gouvernement, qui reste à atteindre, est de 500 000 tests PCR par semaine à partir du 11 mai.
Ce chiffre faible, par rapport au nombre des travailleurs, explique l’absence de test généralisés. Le ministre de la Santé vient d’affirmer que seules les personnes symptomatiques et les personnes ayant été au contact de malades seront testées après le déconfinement.
A titre d’exemple, le test préalable à la reprise d’activité d’une entreprise de 37 salariés sur un site unique ne sera donc pas possible au mois de mai.
La démarche des ministres n’apparait pas comme un choix logique, mais comme la seule gestion de la pénurie avec des arguments pour le moins contestables.
LES FRÉMISSEMENTS CONSTATÉS N’ANNONCENT PAS ENCORE UNE REPRISE SIGNIFICATIVE.
Dès à présent, des activités ont repris sur des chantiers du BTP, en particulier en ce qui concerne des ouvrages de Travaux publics. Des industries ont rouvert des chaines de production, en particulier des activités de sous-traitance dont l’arrêt bloquait la production d’autres entreprises.
Mais il ne s’agit là que d’un frémissement qui n’annonce pas encore une reprise significative. Néanmoins cela prouve que le potentiel reste bien présent, et que des travailleurs qui veulent travailler sont au rendez-vous.
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Pour conclure, citons le Premier ministre :
« Cette crise sanitaire n’est pas terminée »[6] (…) « Cette crise sanitaire va entraîner une crise économique qui ne fait que commencer. Elle sera brutale.»
[1] « … sans cette mesure, le niveau d’indemnisation des salariés aurait diminué pour atteindre 66% du salaire après 30 jours d’arrêt pour les salariés justifiant d’une ancienneté inférieure à 5 ans, par exemple. »
[2] « Le dispositif d’activité partielle, qui permet déjà l’indemnisation de plus de 9 millions de salariés, avec un remboursement des entreprises en 7 à 10 jours, sera adapté dans les semaines à venir pour permettre cette prise en charge, dans les mêmes conditions que pour les entreprises qui subissent une baisse d’activité. »
[3] Édouard Philippe devrait présenter, prochainement, un plan pour l’après 11 mai.
[4] « Cette semaine, 5 millions de masques seront déstockés pour les ambulanciers, préparateurs en pharmacies, sage-femme, aides à domicile, et manipulateurs radio.» – le ministre de la Santé
[5] « Les écoles n’ouvriront pas partout le 11 mai et ne fonctionneront pas partout le 11 mai dans les conditions dans lesquelles elles fonctionnaient (…) avant les mesures de confinement » -Le Premier ministre.
[6] « Nous observons une lente décrue épidémique » – Le directeur général de la Santé.
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