LA DÉMARCHE DE RECONNAISSANCE DES « TRAVAILLEURS DE LA DEUXIÈME LIGNE » A ÉTÉ ENGAGÉE[1].
Le Président de la République a introduit en mars dernier une distinction relative au travail des salariés comme des indépendants. Il a distingué :
- Une première ligne occupée par « les soignants »[2], qui ont bénéficié, pour une part d’entre eux, d’augmentation ou de primes ;
- Des « travailleurs de la deuxième ligne »[3] : c’est-à-dire de personnes continuant à exercer leur métier pendant le confinement : caissières et caissiers, livreurs, éboueurs, agents d’entretien, aides à domicile, agents de sécurité, etc. La liste des professions ou fonctions concernées reste floue[4],
- Les autres, en télétravail à leur domicile ou en chômage partiel, constituant la troisième ligne.
Cette distinction correspondait au confinement de mars à mai 2020, mais plus vraiment au reconfinement actuel, où le travail doit continuer.
Cette période de deux mois aurait mis en évidence « l’écart qui existe entre leur utilité à la cohésion sociale et la manière dont ils sont reconnus ». La reconnaissance de ces travailleurs de la deuxième ligne a été inscrite en juillet[5] à l’agenda du dialogue social entre le Gouvernement et les partenaires sociaux.
La ministre du Travail a ainsi affirmé que : « la reconnaissance des travailleurs de la deuxième ligne est un engagement du Président de la République que nous tiendrons. »
Cette démarche de « reconnaissance » intervient dans le contexte du refus d’augmentation des minimas sociaux de la part du gouvernement ! Elle apporte une réponse potentielle aux organisations syndicales qui l’accepteront.
Elle lance donc une mission ad hoc[6] qui devrait se dérouler sur plusieurs mois qui devrait : « faire des propositions pour déterminer les critères d’identification de ces travailleurs de la deuxième ligne et établir la liste des métiers et des branches qui pourront faire l’objet d’un travail de valorisation ».
Puis, elle travaillerait à l’analyse de la qualité de ces emplois.
Enfin, elle pourrait : « Proposer aux branches professionnelles concernées une méthodologie et un accompagnement pour actionner les différents leviers de reconnaissance identifiés ».
Les branches professionnelles devraient alors proposer des perspectives de carrières, de qualification, de rémunération ou d’accès à la formation, etc., ayant un effet concret, pour les salariés concernés.
Il appartiendrait alors aux branches professionnelles de proposer des perspectives, ayant un effet concret, pour les salariés concernés au niveau :
- Des carrières,
- Des qualifications,
- De rémunérations,
- De l’accès à la formation, etc.
Il va de soi qu’une part importante des métiers concernés sont exercés à temps partiel et que la nature des employeurs (particuliers, sous traitants, etc.) rend les réponses assez difficiles à concrétiser.
Les cinq organisations syndicales représentatives (CFE-CGC, CFDT, CFTC, CGT et FO) ont récemment demandé ensemble « le respect de l’autonomie de la négociation collective ». La procédure mise en place par le ministère apparait comme une réponse implicite à cette demande.
LES PERSPECTIVES DE CETTE RECONNAISSANCE SEMBLE ENCORE FLOUES.
La procédure mise en place par le ministère du Travail risque de ne pas pleinement les rassurer les organisations syndicales[7]. Elle démarre par l’identification des métiers concernés et une approche par branche professionnelle. Même si elle aboutit, quant à certains types de poste dans certaines branches, cela se produira à moyen terme.
La formation d’une part de ces salariés apparait comme la principale voie possible à concrétiser, pour permettre des reconversions, à condition que les emplois d’accueil existent !
[1] « La reconnaissance des travailleurs de la deuxième ligne est un engagement du Président de la République que nous tiendrons. » – La ministre du Travail.
[2] Le terme de « soignants » est tout à fait discutable compte tenu de la diversité des métiers concernés.
[3] Cette dénomination désigne des salariés, qui ont permis au pays de continuer à fonctionner, lors du premier confinement.
[4] La liste des métiers et fonctions concernés par la démarche reste tout à fait floue. Il y a naturellement débat sur ces métiers et la nature de la frontière qui les sépare des autres…
[5] Conférence du dialogue social du 17 juillet 2020, organisée à Matignon, entre l’État et les responsables des organisations patronales et syndicales.
[6] La Ministre du Travail a confié à deux personnalités qualifiées une mission d’appui aux partenaires sociaux.
L’ensemble des démarches fera l’objet « d’un suivi régulier dans le cadre du groupe de travail paritaire. Elles bénéficieront également de l’appui des services du Ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion pour mener à bien leur mission ».
[7] Des responsables syndicaux avaient regretté que les « travailleurs de deuxième ligne » aient été « oubliés » par le ministère. Cette mission vise à répondre à l’un des points à l’ordre du jour du dialogue social, au niveau national. Les organisations patronales sont réticentes vis-à-vis de la complexité du problème, en particulier, elles évoquent la responsabilité des entreprises et celles de leurs sous-traitants.
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