L’importance respective des effectifs salariés par catégorie (employés, ouvriers, techniciens, personnels d’encadrement ou cadres[1]), dans la population active, évolue globalement. Résumer les choses apparait difficile tant est grande la diversité des situations. Mais il est judicieux de s’interroger sur d’éventuelles tendances en particulier pour orienter la formation initiale et professionnelle
LA POLARISATION DE L’EMPLOI EST-ELLE EFFECTIVE ?La « polarisation de l’emploi » désigne un phénomène de déclin historique de la part des emplois intermédiaires au profit à la fois des emplois plus qualifiés et des moins qualifiés[2], se traduisant par une opposition entre deux groupes (qui pourraient être antagoniste sur le plan social ?). Cette constat provient d’études américaines. Il a été repris par des institutions internationales, comme l’OCDE[3], tout particulièrement pour la France. Ce sujet fait néanmoins débat[4], car : « La concentration de l’emploi aux deux extrémités des qualifications est un phénomène difficile à mesurer. »[5] LE DÉVELOPPEMENT DES PROFESSIONS QUALIFIÉES EST BIEN RÉELLE ET LES EFFECTIFS DANS LES MÉTIERS INTERMÉDIAIRES ONT EU TENDANCE A DIMINUER.France Stratégie, à partir des analyses statistiques existantes (Dares et Insee), dresse un constat plus nuancé des évolutions en France, actant :
MAIS AUCUNE HAUSSE DU NOMBRE D’EMPLOIS PEU QUALIFIES N’EST OBSERVÉE.En France, France Stratégie[8] ne note aucune hausse de la part des emplois moins qualifiés[9], contrairement à ce qu’on observe, semble-t-il, aux États-Unis[10]. « La polarisation du marché du travail en France est marquée par un déplacement de l’emploi vers les qualifications les plus élevées, qui s’accompagne d’une érosion, accentuée par la crise de 2008, des métiers situés au milieu de la distribution des qualifications.[11] » Les effectifs cadres ont ainsi progressivement augmenté pour approcher les 20% de la population salariée. La croissance du nombre des jeunes, diplômés à bac+5 et au-delà, pèse évidemment lourd dans cette évolution. Par exemple, le nombre de diplômés de grandes écoles d’ingénieur, de marketing ou de commerce a augmenté régulièrement, et, au total, est conséquent. S’y ajoute l’explosion des effectifs universitaires titulaires d’un, ou plusieurs, master, sans compter des formations de haut niveau d’autres secteurs (santé, etc.). Il est difficile de dire si cette politique de formation est la principale cause de la croissance des effectifs cadres ou si c’est la hausse des qualifications demandées qui prime dans le contexte d’une réorganisation plus globale des postes et qualifications. TOUTES CES ÉVOLUTIONS RESTENT RELATIVES.France Stratégie constate que ces évolutions sont très relatives, car la nature et les qualifications évoluent très vite. « Les qualifications se recomposent en permanence en fonction des profils recrutés, du progrès technologique, de la localisation des activités, de la fragmentation du travail qui impactent les conditions d’emploi et de travail. Et ces recompositions touchent aujourd’hui toutes les qualifications. » Bref, il serait bien hasardeux de vouloir généraliser les conclusions des études internationales. Néanmoins, l’appréciation de ces évolutions sur le marché du travail sont importantes, car elles sont l’un des éléments dans la conduite des politiques publiques de formations initiales et professionnelles.
[1] Les typologies sont multiples. [2] « On entend par polarisation de l’emploi le déclin historique de la part des emplois situés au milieu de la distribution des qualifications (typiquement les employés et les ouvriers qualifiés) au profit à la fois des plus qualifiés (cadres et professions intermédiaires) et des moins qualifiés (ouvriers et employés peu qualifiés). » France Stratégie. [3] « À en croire les comparaisons internationales, la France serait un des pays d’Europe où la polarisation de l’emploi est la plus marquée. » [4] « Les causes du phénomène font débat : élévation du niveau de diplôme qui favoriserait les plus qualifiés, automatisation, externalisation, délocalisation et flexibilité qui lamineraient les ouvriers et employés qualifiés, augmentation de l’activité des femmes et des immigrés qui grossirait les rangs des services aux personnes… » [5] La comparaison internationale apparait difficile. « D’abord parce qu’il faut retenir un critère pour évaluer le niveau de qualification des individus, qui peut être approché par le diplôme, le salaire ou l’appartenance à une catégorie socioprofessionnelle, avec chaque fois des écueils ou des nomenclatures discordantes. Ensuite parce que les résultats varient selon le champ d’observation retenu – salariés du public, du privé, non-salariés – et la période d’observation. On considère ici que la polarisation ne peut se mesurer qu’en identifiant sur longue durée la modification de l’emploi par catégorie socioprofessionnelle. » (…) « Champ des actifs retenu, disponibilité des données sur longue période, classifications professionnelles non concordantes « couvrant parfois des divergences culturelles sur ce qu’est un métier qualifié ou non », toutes ces variables influent sur les conclusions. » [6] Le « progrès technique et l’élévation du niveau de diplôme des actifs auraient favorisé les plus qualifiés. » [7] « Les ouvriers et les employés qualifiés auraient quant à eux souffert tout autant de l’automatisation, de l’externalisation-délocalisation des productions que de la perte de pouvoir de négociation des travailleurs et de la flexibilité croissante de l’emploi. » [8] Polarisation du marché du travail : Y a-t-il davantage d’emplois peu qualifiés ? Note d’analyse 98 – France Stratégie – Lundi 14 décembre 2020 – https://www.strategie.gouv.fr/publications/polarisation-marche-travail-y-t-davantage-demplois-qualifies [9] « Or, que l’on aborde la question par la catégorie socioprofessionnelle, par le salaire individuel ou par le niveau de salaire moyen dans les métiers, on en arrive toujours au même résultat : s’il y a bien une érosion des qualifications médianes au profit des professions de cadres, on ne décèle en France aucune hausse de la part des emplois moins qualifiés. » [10] « Les métiers les moins rémunérés dans les services aux personnes (assistantes maternelles, aides à domicile) ou aux particuliers (coiffeurs, employés de l’hôtellerie-restauration, caissiers) n’ont progressé sensiblement que dans les années 1990. » [11] « En ce sens, les évolutions constatées ces dernières années de recul des employés du commerce et des employés de services aux particuliers pourraient augurer une baisse de leur part dans l’emploi, d’autant que la crise sanitaire et économique actuelle affecte tout particulièrement ces professions. » |
PAS DE POLARISATION DE L’EMPLOI
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Au final, un ralentissement de la mobilité professionnelle en CDI apparait sur l’année écoulée.
D’une part, le nombre d’embauches en contrat à durée indéterminée (CDI) recule nettement sur un an de −5,5 % (1 048 400 CDI).
D’autre part, parallèlement, le nombre de fins de CDI reculent sur un an de −6,1 % (1 042 800), en lien notamment avec une diminution du nombre de démissions et de départs en retraite.
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