Pour suivre les perspectives de l’emploi en France, l’observation de l’économie, dans ses grandes lignes, est indispensable. Elle permet de pouvoir apprécier la politique de l’État et, en particulier, la politique de l’emploi, dans un contexte de très grave détérioration de la situation.
Le gouvernement a décidé un train de mesures pour prévenir le rythme de contamination au Covid19 (confinement, interdiction ou réduction d’activités, etc.).
LE GOUVERNEMENT A MIS EN ŒUVRE DES MESURES DE SOUTIEN AUX ENTREPRISES POUR ÉVITER LES LICENCIEMENTS ET/OU LES FAILLITES EN 2020.
Pour amortir leurs effets économiques, le gouvernement a mis en œuvre diverses mesures de soutien aux entreprises pour éviter les licenciements et/ou les faillites.
Ainsi, pour faire face à l’épidémie, en 2020, l’État a engagé 44,1 milliards de dépenses supplémentaires, dont 41,8 milliards de dépenses d’urgence[1].
Ces dépenses d’urgence ont été faites pour soutenir les entreprises. Elles se décomposent en quatre postes :
- Chômage partiel (pour la seule part État): 17,8 milliards d’euros,
- Fonds de solidarité[2]: 11,8 milliards,
- Exonérations de cotisations sociales : 3,9 milliards,
- Participations financières de l’Etat (Air France, EDF, SNCF…): 8,3 milliards.
La réduction des activités (et du nombre des emplois) est à l’origine d’une forte baisse des recettes fiscales (impôts et taxes). Par rapport aux prévisions de la loi de finance initiale votée fin 2019 les pertes fiscales s’élèvent à 37,1 milliards d’euros.
Tout compris le déficit de l’État en 2020 est de 92% supérieur à celui de 2019[3]. Il atteint le montant record de 178,2 milliards d’euros. La situation économique pour 2021 s’annonce telle qu’un niveau de déficit du même ordre pourrait être atteint à nouveau.
LE DÉFICIT DE L’ÉTAT NE COMPREND NI CELUI DES COLLECTIVITÉS LOCALES NI CELUI DES RÉGIMES SOCIAUX.
C’est-à-dire les autres composantes du déficit public.
L’important déficit de l’Unedic en 2020 vient s’ajouter au tableau, à hauteur de 55 milliards à fin novembre 2020.
La croissance du déficit provient de la hausse du nombre des chômeurs indemnisés, de la prise en charge du tiers du cout du chômage partiel et de la baisse de ses recettes (cotisations patronales et CSG).
LES PRÊTS GARANTIS PAR L’ÉTAT ONT ÉTÉ NOMBREUX ET ATTEIGNENT 130 MILLIARDS D’EUROS.
Les Prêts Garantis par l’État (PGE) ne constitue pas une dépense, du moins dans l’immédiat.
Environ de 638 000 PGE ont été accordés, en 2020, par les banques, pour un montant d’environ 130 milliards d’euros, pour des entreprises qui ont dû fermer pendant les confinements. Les remboursements pourraient être reporté d’un an, si accord des banques, pour les secteurs les plus touchés.
Par exemple, un prêt accordé à une entreprise en mai 2020 (pendant le premier confinement) devait être remboursé en mai 2021 et son remboursement pourrait être reporté à mai 2022.
Les remboursements des PGE aux entreprises auraient alors lieu en 2022 et 2023. La proportion de défaillance d’entreprise est évidemment difficile à prévoir. Des prévisions annoncent 7% de défaillances probables. La charge pour l’État devrait dépasser les 10 milliards d’euros.
LES MESURES DE SOUTIEN SE POURSUIVENT EN 2021 POUR UNE DURÉE INDÉTERMINÉE
Pour l’avenir, le ministre de l’Économie a déclaré avoir les moyens de maintenir 3 mois[4] les dispositifs exceptionnels actuels de soutien aux entreprises, avec leurs variantes en cours de formalisation (par exemple pour faire face à la fermeture des stations de ski). La réserve pour ces soutiens est estimée à 30 milliards par le ministre de l’Économie.
Ensuite, une loi de finances rectificative pourrait être nécessaire pour maintenir les mesures, sachant que l’état d’urgence sanitaire vient d’être prolongé au 1er juin 2021.
Par ailleurs, le Plan de relance pourrait être revu. Le montant de 40 milliards engagés en 2021, sur les 100 annoncés, fait l’objet de nombreuses critiques pour son insuffisance. Mais la question urgente est celle du rythme de sa mise en œuvre concrète et effective sur les différents dossiers.
[1] Les comptes de l’État ont été présentés par les ministres devant les députés de la commission des finances de l’Assemblée nationale le 20 janvier 2020.
[2] Pour percevoir les aides du Fonds de solidarité, l’entreprise doit avoir fait l’objet d’une interdiction d’accueil du public ou avoir subi une perte de chiffre d’affaire. Le fonds est accessible aux sociétés et associations, travailleurs indépendants, micro-entrepreneurs, professions libérales, agriculteurs membres d’un GAEC et artistes-auteurs.
[3] Le déficit de l’État a presque doublé, à 178,2 milliards d’euros, contre 92,7 milliards en 2019 et 93,1 milliards initialement prévus.
[4] « Nous avons les crédits pour tenir trois à six mois (…). Cette “réserve de précaution” est nécessaire, alors que l’évolution de la situation épidémique reste incertaine. »
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