
LE NOMBRE DES CONTRATS D’APPRENTISSAGE SIGNES EN 2021 RESTE A CONFIRMER ET A DÉTAILLER.
Un communiqué du ministère du Travail annonce des chiffres relatifs au nombre des entrées en apprentissage en 2020[1].
« Avec 495 000 contrats signés en entreprise en 2020 contre 353 000 en 2019, qui était déjà une très bonne année, l’apprentissage a connu une croissance de 40%, avec une progression homogène sur l’ensemble des territoires. »
Les chiffres sont présentés par le ministère dans un document d’infographie[2], sans donner tous les détails habituels. C’est un document de communication politique.
La raison en est que, depuis le 1er janvier 2020, la gestion des contrats d’apprentissage a été transférée aux opérateurs de compétences (Opco) et que la Dares ne parait pas encore avoir repris le contrôle de ces données (issues de remontées déclaratives des Opco).
Les chiffres de ce communiqué du ministère du Travail mériteront donc d’être confirmés et détaillés pour répondre aux questions sur 2020 telles que : Combien de contrats d’apprentis signés dans les fonctions publiques ? Combien de jeunes entrés dans les nouveaux CFA d’entreprises ? Combien d’apprentis de 25 à 29 ans ? Combien de CFA ont-vu leurs effectifs chuter ? Par la concurrence ? par le contexte de la crise (tourisme, etc.) ?
LA PROGRESSION DES 142 000 CONTRATS SIGNES AURAIT DEUX PARTS PRINCIPALES :
- D’une part, un important transfert d’environ 80 000 contrats de la professionnalisation vers l’apprentissage (+23%).
- De l’autre, une progression de l’ordre de 60 000 contrats (+17%) provenant de la prime, de l’élargissement des publics (25/29 ans) et de la multiplication des acteurs (CFA d’entreprise, etc.).
Chute des contrats pro.
D’après les chiffres de la Dares, le nombre des nouveaux contrats de professionnalisation jeunes devrait avoir baissé de l’ordre de 80 000 en 2020 (sur les 156 552 de 2019[3]).
Le communiqué du ministère du Travail précise d’ailleurs bien les choses :
« Bien que cette hausse traduise pour partie un rééquilibrage entre apprentissage et contrat de professionnalisation, on peut estimer qu’il y a eu création nette en 2020 de 60 000 places supplémentaires en alternance, sous la forme de contrats d’apprentissage. »
Le nombre des contrats de professionnalisation au profit de l’apprentissage avaient déjà baissé de 10% de 2018 à 2019 (-17 000 contrats).
Prime exceptionnelle, élargissement des publics et multiplication des acteurs.
1. L’une des causes de cette progression du nombre de contrats signés tient à l’introduction de la prime exceptionnelle pour l’embauche d’un apprenti[4]. Plus de 400 000 demandes de prime auraient été déposées par les entreprises, selon le ministère.
2. L’apprentissage est désormais ouvert aux jeunes de 25/29 ans.
3. Des entreprises ont créé des « CFA d’entreprises ». Ils recrutent directement en sus des CFA existants.
57,5% DES CONTRATS D’APPRENTISSAGE VISENT DÉSORMAIS DES DIPLÔMES POST BAC.
La progression du nombre des apprentis serait intervenue au niveau de l’enseignement supérieur.
Le fait marquant de 2020 est que seuls 42% des diplômes visés par les contrats d’apprentissage sont des CAP/BAP (26%) ou un Bac (16%)[5].
22% ciblent des diplômes à bac+2 (BTS/DUT) et près de 36% destinent à des diplômes à bac+3, +4 ou +5.
De nouvelles entreprises auraient recours à l’apprentissage, ce qui reste à confirmer.
LES ENTREPRISES DE MOINS DE 50 SALARIES CONSERVENT UN RÔLE MAJEUR DANS LA POLITIQUE DE L’APPRENTISSAGE
Les 2/3 de l’accueil des apprentis est réalisé par des entreprises de moins de 50 salariés, qui ne totalisent que 19% de l’emploi en France[6].
Les PME de 50 à 250 salariés accueillent 11% des apprentis (pour 28% des salariés). Les ETI de 250 à 999 salariés accueillent 8% des apprentis alors qu’elles emploient 25% des salariés ! Les grandes entreprises qui emploient 28% des salariés en France n’accueillent que 15% des apprentis.
[1] Ministère du Travail – Apprentissage : plus de 500 000 contrats signés en 2020, dont 495 000 dans le secteur privé. Un record historique. 05/02/21
[2] « Ces infographies expriment le nombre de contrats exécutés en 2020 dans le secteur privé. Elles se fondent sur des chiffres arrêtés au 31 décembre 2020, issus d’une remontée déclarative des Opérateurs de compétences (OPCO). » Données collectées au 29 janvier 2021 – https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/chiffres-apprentissage-2020.pdf
[3] Source Dares – PoEm –Toutes les données de suivi des politiques de l’emploi – 22/01/21 – https://poem.travail-emploi.gouv.fr/
[4] La prime de 5 000 euros pour l’embauche d’un apprenti mineur et de 8 000 euros pour l’embauche d’un apprenti majeur, est en vigueur jusqu’au 31 mars 2021.
[5] Répartition des contrats d’apprentissage par niveau de qualification, en 2020.
Nombre de contrats | Part des contrats | |
CAP/BEP | 120 307 | 26% |
Baccalauréat | 75 005 | 16% |
BAC +2 | 101 535 | 22% |
BAC +3 et +4 | 82 068 | 17,50% |
BAC +5 et plus | 84 145 | 18% |
Données traitées au 22 janvier 2021 sur une base de 465 053 contrats.
[6] Nombre d’apprentis par taille d’entreprise en 2020.
Nombre de salariés de l’entreprise | Nombre d’apprentis | En % | Part de l’emploi |
0-49 salariés | 322 820 | 66% | 19% |
50-249 salariés | 53 803 | 11% | 28% |
250-999 salariés | 39 130 | 8% | 25% |
1 000 salariés et plus | 73 368 | 15% | 28% |
Total | 489 121 | 100% | 100% |
Pas de commentaire sur “L’objectif des 500 000 contrats d’apprentissage signés a-t-il vraiment été atteint en 2020 ?”