Le constat initial est que l’on formait habituellement davantage les salariés en poste que des demandeurs d’emploi éloignés de l’emploi ou des jeunes à l’entrée en emploi.
L’idée était de prendre des mesures correctives et de pouvoir les financer. Cela a été la motivation du Plan d’investissement dans les compétences (PIC) devant être déployé entre 2018 et 2023.
Le ministère du Travail cherche à faire valoir aujourd’hui des résultats d’étapes, dans une perspective politique, à un an des échéances électorales.
UNE AUGMENTATION DU NOMBRE DES ENTRÉES EN FORMATION DES DEMANDEURS D’EMPLOI A ÉTÉ CONSTATÉ.
Le Plan d’investissement dans les compétences (PIC) a ajouté un financement aux financements classiques par les conseils régionaux de la formation visant[1] :
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D’une part, des jeunes sans diplôme ni qualification et,
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D’autre part, des chômeurs de longue durée.
Ainsi entre 2018 et 2020, 1,079 million de personnes supplémentaires, par rapport aux actions des Conseils régionaux, auraient ainsi été formées, grâce au PIC[2].
L’objectif initial du PIC était de financer, entre 2018 et 2022, le formation deux millions de personnes. Avec les entrées en formation de ces deux publics, sur 2021 et 2022, le ministère du Travail pense pouvoir atteindre son objectif.
Un budget du PIC de 7,2 milliards d’euros aurait déjà été engagé, entre 2018 et 2020, sur le budget initial de 15 milliards (qui a été revu depuis)[3].
Ce bilan d’étape ne précise pas la nature des formations suivies (niveau de qualification, durée des formations, etc.), ce qui rend l’appréciation des résultats annoncés peu significative.
CERTAINS ÉLÉMENTS DE BILAN DU PIC, A FIN 2020, ONT ÉTÉ ANNONCÉS.
La crise économique de 2020 a marqué les résultats à mi-parcours.
Le taux d’abandon est remonte à 9,3%, au premier trimestre 2020, après une baisse à 7,7%.
L’obtention de la certification visée à l’issue de leur formation serait tombé à 76% des stagiaires, après un passage à 82%.
Le taux d’accès des chômeurs en à la formation aurait progressé de 10% à environ 16% en 2020.
Le nombre de demandeurs d’emploi qui se forment est en croissance.
Le nombre des entrées en formation de demandeurs d’emploi a été de 924 000 en 2020, après 820 500 en 2019 (source Dares).
Le taux d’accès des jeunes à la formation professionnelle n’a pas évolué pour les 18/25 ans ; il aurait augmenté pour les jeunes de 26 à 29 ans en passant de 12% en 2017 à 17% en 2020.
Le taux d’accès à l’emploi six mois après la formation, après avoir progressé à 57,6% avant début 2020 (+1,5 point) a fortement diminué à nouveau à 50,8% (-7 points).
Le ministère est conscient que les effets de la crise économique mettront « quelques mois et quelques années à se résorber ».
LE BILAN EXACT DU PIC DEVRA ÊTRE CONFIRMÉ
Le bilan exact de cette action devra être confirmé à la fin du quinquennat, comme l’indique la ministre du Travail :
« Le PIC, ce ne sont pas des actions super rapides, il faut créer des parcours, aller chercher des publics éloignés. Dans un an, nous verrons les pleins effets de la transformation qualitative. »
Pour sa part, le comité scientifique indépendant chargé d’évaluer les résultats du PIC est réservé et il ne devrait pas rendre un diagnostic avant la fin 2021[4].
[1] Le ministère affirme que, depuis 2019, plus d’un million d’entrées en formation sont enregistrées chaque année, pour ces publics, dont environ 40% financées par le PIC. On serait passé par un flux moyen de 650 000 à un million, depuis 2019.
[2] « Par rapport à notre objectif global qui était de former deux millions de personnes supplémentaires sur l’ensemble du quinquennat -de 2018 à 2022-, on est à fin 2020 à un peu plus de la moitié de l’objectif. » – la Haut-commissaire aux Compétences.
[3] La dépense serait ainsi passée à 2 205 euros par personne.
[4] Sa vice-présidente estime qu’« il est très difficile de déterminer ce qui relève du PIC ou non » et « prématuré d’affirmer que le choc de transformation attendu est au rendez-vous ».
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