UNE ANALYSE DE L’EXPÉRIMENTATION TERRITOIRES ZÉRO CHÔMEUR DE LONGUE DURÉE VIENT D’ÊTRE PUBLIÉE.
Un rapport final[1] présente les résultats de l’expérimentation territoires zéro chômeur de longue durée (ETCLD)[2]. Il a été réalisé par le Comité scientifique, institué par le ministère du Travail.
L’intention de cette expérimentation est bonne, sans aucun doute. Elle est appréciée par tous ceux qui sont convaincu qu’il est nécessaire de trouver des solutions nouvelles face au chômage.
En particulier la question débattue consiste à connaitre son cout global et de la comparer au cout d’autres dispositifs. Ce qui n’est pas évident.
DES ACCÈS A L’EMPLOI ONT ÉTÉ OBTENUS
Des accès à l’emploi ont été obtenus[3], mais l’application pose une série de questions[4], qui semblent devoir être éclaircies avant toute généralisation.
Le bilan de l’expérimentation à ce stade apparait mitigé.
Sans détailler ici le rapport, un extrait de sa synthèse résume une part des problèmes :
« Les objectifs fixés aux structures (donner du travail à toutes les personnes privées d’emploi, non concurrence, impératif de dégager des résultats financiers) peuvent apparaître en contradiction entre eux et induire des tensions fortes au sein des structures, ce qui a contraint certaines EBE à des ajustements. »
« Si certaines évolutions par rapport au modèle initial semblent les bienvenues (notamment en matière de professionnalisation des équipes encadrantes et de structuration de management), d’autres peuvent susciter des interrogations et appellent à une attention soutenue (malgré une politique d’embauche plus ciblée il subsiste quelques recrutements dont l’éloignement à l’emploi pose question ; le critère de non-concurrence des activités semble soumis à une interprétation variable). »
Deux impératifs s’affrontent,
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D’une part, coté la création d’emplois non concurrentiels pour des chômeurs de longue durée et,
-
D’autre part, le cout effectif de ce dispositif par rapport à d’autres. C’est ce qui amène le rapport à préciser que :
« Dans une logique d’efficience des dispositifs publics, cet effet positif sur l’emploi doit encore être comparé avec celui induit par d’autres dispositifs d’insertion professionnelle (contrats aidés, insertion par l’activité économique notamment). »
L’ÉVALUATION DE L’EXPÉRIMENTATION DOIT ÊTRE POURSUIVIE
Il apparait que l’évaluation de l’expérimentation doit être poursuivie sur un temps suffisamment long :
« Des travaux d’évaluation supplémentaires sur ce point pourraient être entrepris ultérieurement et les gardes fous à établir dans les territoires pourraient être renforcés.[5] »
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Pour en savoir plus : il faut consulter les rapport du comité scientifique et le rapport quantitatif de l’expérimentation.
Rapport du comité scientifique (PDF, 2.9 Mo)
Rapport de l’étude quantitative (PDF, 1.22 Mo)
[1] Expérimentation Territoires zéro chômeur de longue durée – Rapport du comité scientifique – 9 avril 2021 – Rapport du comité scientifique (PDF, 2.9 Mo) / Rapport de l’étude quantitative (PDF, 1.22 Mo)
[2] MODÈLE ÉCONOMIQUE DE L’EXPÉRIMENTATION
L’expérimentation ETCLD repose sur trois hypothèses complémentaires :
1)« Personne n’est inemployable » : les personnes durablement privées d’emploi ont des savoir-faire et des compétences potentiellement mobilisables dans tout un ensemble d’activités.
2)« Ce n’est pas le travail qui manque » : si un pays comme la France se caractérise par un niveau important de chômage, y compris de longue durée, il s’avère dans le même temps que de nombreux besoins de la société ne sont pas couverts.
3)« Ce n’est pas l’argent qui manque » : la collectivité consacre de nombreuses dépenses au traitement du chômage de longue durée, elle pâtit également d’un manque à gagner (impôts et cotisations sociales) et doit supporter des coûts induits (en lien avec les conséquences sociales du chômage).
[3] « Les structures créées par l’expérimentation zéro chômeur de longue durée ont contribué à améliorer la trajectoire en emploi, et plus largement le bien être, des bénéficiaires de l’expérimentation (santé, insertion sociale, confiance en soi, etc.). Ces derniers sont ainsi plus souvent en emploi et surtout en emploi durable que s’ils n’avaient pas bénéficié de ce dispositif. » – Rapport.
[4] « Si l’insertion institutionnelle au niveau local joue un rôle primordial pour le développement et la bonne insertion dans le maillage économique local, les dernières évolutions soulignent la nature parfois fluctuante de cette implication institutionnelle. » – Rapport.
[5] « Au final, si l’évaluation menée a permis de faire apparaître des résultats tangibles, celle-ci n’a pu aborder tous les aspects couverts par cette expérimentation complexe : en particulier, les enjeux en termes d’aménagement du territoire et d’impact sur le tissu économique local restent des questions d’évaluation à instruire pour la suite. Cela pourrait justifier un élargissement du champ d’action de l’évaluation au-delà de l’axe central conféré jusqu’à présent sur le retour à l’emploi. » Conclusions du Rapport.
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