L’enquête 2021 « Fractures françaises »[1] vient de paraitre[2]. Cette 9ème édition apparait comme un travail très sérieux.
Elle mesure en particulier des opinions sur le chômage, l’assistanat et le travail
Celles-ci ont évolué entre 2016 et 2021.
Chômage : 62% de Français pensent que « les chômeurs pourraient trouver du travail s’ils le voulaient vraiment » (+5 points)
Assistanat : 58% critiquent l’assistanat même si cette part de l’opinion a nettement baissé (–12 points). Parallèlement, 42% répondent qu’« il n’y a pas assez de solidarité envers les gens qui en ont besoin » (+12 points).
Travail : le souhait d’un « renforcement de la protection des salariés » est remonté à 47% (+4 points). Tandis que le souhait d’un « renforcement de la flexibilité du marché du travail » est redescendu à 43% (au lieu de 51% en 2016). Les opinions ont évolué…
Entre 2016 et 2021, les crises successives (gilets jaunes, retraite, sanitaire) semblent avoir eu une réelle influence sur l’opinion[3].
« LES CHÔMEURS POURRAIENT TROUVER DU TRAVAIL S’ILS LE VOULAIENT VRAIMENT. »
Le fait que 62% des français pense que les chômeurs ne cherchent pas vraiment de travail mérite réflexion.
Cette opinion s’est renforcée[4] progressivement en passant de 52% en 2014 à 62% en 2021.
Cette opinion n’est pas fondée sur aucun élément objectif, comme le savent les professionnels de l’emploi.
Le nombre d’emplois proposés, mesuré par Pole emploi et la Dares, comparés au nombre de chômeurs immédiatement disponibles, chiffrés par l’Insee ou Pôle emploi, prouve bien le déséquilibre entre le nombre des offres d’emploi et celui des demandes des chercheurs d’emploi.
Mais elle traduit un sentiment a priori majoritaire.
Il explique au final le souhait politique du gouvernement de diminuer l’indemnisation chômage et/ou de limiter l’accès à cette assurance.
LE CHÔMAGE NE SERAIT UN ENJEU QUE POUR 14% DES PERSONNES
Une question de cette enquête porte sur les enjeux qui préoccupent l’opinion[5].
Quatre enjeux arrivent en tête, ils portent :
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L’avenir du système social (santé, retraites…) pour 46%,
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Le niveau de la délinquance pour 42%,
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La protection de l’environnement pour 41%,
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Les difficultés en termes de pouvoir d’achat (salaires, impôts…) pour 40%.
Le taux de chômage est seulement cité par 14% des réponses[6].
Cette préoccupation arrive derrière le niveau de l’immigration pour 34%, la menace terroriste pour 27%, la montée des inégalités sociales pour 24% et l’avenir du système scolaire pour 17%.
Il est tombé de 23% en 2020 à 14% en 2021 !
La présence d’un chômage de masse en France, confirmé statistiquement, n’apparait donc pas comme une préoccupation majeure de l’opinion, du moins par rapport à l’ensemble des enjeux.
[1] L’enquête annuelle « Fractures françaises »
La 9e vague du sondage « Fractures françaises » pour Le Monde par Ipsos-Sopra Steria, en partenariat avec le Centre d’études de la vie politique française (Cevipof), la Fondation Jean-Jaurès et l’Institut Montaigne, a été réalisée auprès de 983 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
L’étude a été effectuée par Internet du 25 au 27 août, selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée, catégorie d’agglomération, région).
[2] « Fractures françaises » : un climat différent de la campagne de 2017 – Brice Teinturier (Directeur général délégué d’Ipsos France) – Le Monde 07/09/2021
[3] « Que s’est-il finalement passé entre 2016 et 2021 ? Une expérience accrue de la vulnérabilité, tout simplement. Cette période a été marquée, entre autres, par des affrontements violents au moment de la crise des « gilets jaunes » ou encore par l’irruption du coronavirus, porteur d’une menace de mort aussi bien réelle qu’économique. Le pays a ainsi encaissé des chocs majeurs. Face à cela, la demande principale est une demande de protection et les Français ont redécouvert l’utilité d’avoir des responsables politiques qui prennent des décisions en ce sens. » – Le Directeur général délégué d’Ipsos France.
[4] Êtes-vous d’accord ou pas d’accord avec chacune des affirmations suivantes… ? « Les chômeurs pourraient trouver du travail s’ils le voulaient vraiment. »
Résultats d’ensemble – Enquête 2021
Année | Accord avec l’affirmation |
2021 | 62% |
2020 | 60% |
2019 | 59% |
2018 | 58% |
2017 | 55% |
2016 | 57% |
2015 | 56% |
2014 | 52% |
2013 | 56% |
[5] Parmi les enjeux suivants, quels sont les trois qui vous préoccupent le plus à titre personnel ?
[6] Évolution des réponses citant le taux de chômage comme une préoccupation de 2019 à 2021.
2021 | 2020 | 2019 | |
Le taux de chômage | 14% | 23% | 19% |
Pas de commentaire sur “62% de Français pensent que « les chômeurs pourraient trouver du travail s’ils le voulaient vraiment ».”