Les déclarations de politiques, de responsables des organisation patronales ou de journalistes sur la situation de l’emploi portent parfois à des confusions, voulues ou non.
Il importe de bien distinguer les « emplois vacants » des « emplois non pourvus ».
A un instant donné, on comptabilise les emplois qui donnent lieu à un recrutement, c’est à dire les emplois vacants.
Les offres d’emploi ont une vie propre.
Elles évoluent dans le temps au niveau des profils recherchés et des conditions de l’emploi proposée. Cette évolution peut avoir pour motif des difficultés de recrutement (manque de candidats). Celle-ci se traduisent généralement par un allongement de la durée de recrutement.
Par rapport à l’ensemble de ces offres, un très faible nombre ne sont pas pourvues.
L’IMPORTANCE DU NOMBRE DES EMPLOIS VACANTS TRADUIT LA MOBILITÉ SUR LE MARCHE DU TRAVAIL
Par exemple, au second trimestre 2022, 362 800 emplois étaient vacants, dans les entreprises de plus de 10 salariés[1].
Le taux d’emplois vacants, c’est-à-dire donnant lieu à un recrutement, s’élève à 2,47% des postes.
Ce nombre demeure stable par rapport au trimestre précédent.
Un seuil semble avoir été atteint, après une progression.
Ce chiffre indique une mobilité plus importante au sein du marché du travail, mais ne peut pas être rapproché du taux d’emploi non pourvus, qui est une autre question.
Ils se répartissent entre le tertiaire marchand (58%), le tertiaire non marchand (19%), l’industrie (17%) et la construction (7%).
Le nombre des emplois, de cette catégorie, a progressé de +0,6% par rapport au trimestre précédent, pour atteindre près de 14,7 millions.
Entre 2019 et 2022, le nombre de ces emplois aura augmenté de +3,8%[2].
LES OFFRES D’EMPLOI NON POURVUES DEMEURENT PEU NOMBREUSES.
Pôle emploi a indiqué qu’en 2021 seuls 6% des recrutements ont été abandonnés, faute de candidats adéquats[3].
Des difficultés de recrutement sur certaines fonctions et secteurs professionnels sont ressenties par des employeurs de manière croissante.
Elles existent à une période donnée, mais ne débouchent pas massivement sur des échecs de recrutement.
86% des offres ont été pourvues. Sur les 14% d’offres restantes, on compte que :
-
6% des offres ont été abandonnées, faute de candidats adéquats dans le délai correspondant au recrutement[4],
-
3% ont été annulées[5] pour une raison ou une autre,
-
5% restent en cours de recrutement[6].
Les abandons de recrutement « restent à un niveau extrêmement modeste comparé au niveau des embauches [7]», selon le Directeur des études de la performance à Pôle emploi.
En 2021 en France, les abandons de recrutement faute de candidat se chiffre entre 255 000 et 390 000 emplois, soit de 185 000 à 273 000 en équivalent temps plein (EQTP).
Ces chiffres sont à comparer aux 9 millions de recrutements, sur des durées supérieures à un mois réalisé en 2021.
Les problèmes de recrutement qui existent ont des origines diverses :
-
Manque de qualification ou de formations spécifiques pour le poste,
-
Manque d’expérience,
-
Manque de motivation des candidats par rapport aux conditions de travail peu attractives du poste proposé (salaire et horaires),
-
Nombre des départs nécessitant des recherches permanentes,
-
Problème de mobilité ou de logement vers des postes à contrat court,
-
Etc.
DÉFINITION DES EMPLOIS VACANTS
Les emplois dits « vacants », ou « postes à pourvoir », sont des postes libres, pour lesquels des démarches actives sont entreprises pour trouver le candidat convenable.
Il s’agit de postes nouvellement créés ou inoccupés, ou bien encore occupés et sur le point de se libérer,
Les contrats proposés peuvent être des CDI, des CDD ou des emplois saisonniers, même de courte durée.
[1] Dares – Les emplois vacants au 2e trimestre 2022 – 16 septembre 2022
La Dares publie des données trimestrielles par secteurs d’activité : le taux d’emplois vacants ; le nombre d’emplois occupés ; le nombre d’emplois vacants.
Les données couvrent les établissements des entreprises de 10 salariés ou plus du champ privé, situés en France métropolitaine et dans les départements-régions d’Outremer (Drom) hors Mayotte. Sont exclus du champ l’agriculture, l’intérim, les particuliers employeurs et les emplois publics.
[2] Evolution de cet effectif salarié entre T2 2019 et T2 2022.
Secteurs d’activité | T2 2019 | T2 2022 | Evolution | En % |
Industrie | 2 727 809 | 2 700 602 | -27 207 | -1,0% |
Construction | 947 993 | 1 014 022 | 66 029 | +7,0% |
Tertiaire marchand | 8 527 242 | 8 912 340 | 385 098 | +4,5% |
Tertiaire non marchand | 1 947 668 | 2 064 646 | 116 978 | +6,0% |
Ensemble des secteurs | 14 150 713 | 14 691 611 | 540 898 | +3,8% |
[3] Le Monde- Les offres d’emploi non pourvues restent, selon une étude, un phénomène « marginal » – Par Aline Leclerc – 11 février 2022
« Ces abandons restent à un niveau extrêmement modeste comparé au niveau des embauches. Leur impact est marginal sur l’économie ».
« Une étude publiée jeudi 10 février par Pôle emploi permet de redonner à la discussion une base chiffrée et de battre en brèche les raccourcis trop rapides : la part des offres non pourvues faute de candidats reste « limitée », leur nombre n’a augmenté que très légèrement depuis la dernière enquête similaire en 2018, et les raisons pour lesquelles elles n’ont pas été pourvues sont complexes. »
[4] 4,9% en 2018.
[5] L’entreprise n’a pas obtenu un marché espéré ou elle connaît des difficultés financières, elle renonce à recruter.
[6] Par exemple, l’entreprise a embauché mais il y a eu rupture de la période d’essai.
[7] « En aucun cas une difficulté ne préjuge de l’issue du recrutement. L’embauche finit par se faire et dans les bons délais mais pas dans les conditions imaginées au départ ». – Le directeur des études de la performance à Pôle emploi.
Dans la moitié des cas le poste a été pourvu en moins de 45 jours; dans les trois quarts des cas, en moins de trois mois (92 jours), plus rapidement qu’en 2018 (105 jours).
Pas de commentaire sur “PEU D’OFFRES D’EMPLOIS NON POURVUES”